Evolution et perspective du septième art : Cinéma algérien, regards croisés et complémentaires

Ph. : A. Asselah
Ph. : A. Asselah

Trois jeunes chercheurs en cinéma des universités d'Oran et de Paris ont animé, lundi dernier au palais de la Culture Moufdi-Zakaria, une rencontre-débat sur l'évolution et les perspectives du septième art en Algérie.

Organisée par le ministère de la Culture et des Arts et en présence d'une dizaine de cinéastes, producteurs et chercheurs, la rencontre a mis en relief des questions essentielles, relatives au cinéma, à l'exemple du patrimoine filmique, sa récupération et restauration, les horizons du cinéma, la production, la promotion, la problématique des salles obscures fermées et les objectifs des festivals. Réalisateur et chercheur, diplômé d'un Master 2 d'études cinématographiques en France, Nabil Djedouani, s'est spécialisé dans la recherche et la restauration d'archives face au constat de la difficulté à le trouver. Lors d'une intervention intitulée «des images pour demain, la préservation du patrimoine cinématographique algérien : un état des lieux», il a, de prime abord, évoqué l'importance de l'image dans l'éducation et l'histoire. L'audiovisuel et le cinéma sont un moyen très riche pour enseigner l'histoire avec la possibilité d'exploiter les archives pour produire des films documentaires. Il y a tout un travail à faire, la télévision algérienne a fourni beaucoup d'efforts dont la création d'une chaîne dédiée à la mémoire, mais il reste du chemin à faire», note-t-il. Revenant sur les efforts faits durant une quinzaine d'années pour la récupération du patrimoine cinématographique algérien qui est dispatché de part le monde, notamment en France et en Italie, Nabil Djedouani revient sur le sujet tout en soulignant la nécessité de promouvoir ce patrimoine. «Depuis 2003, il y a eu de nombreuses initiatives de récupération de films négatifs. Il y a eu un partenariat avec l'ex-Yougoslavie où plus de 80 km de films ont été récupérés en Serbie, notamment ceux réalisés par Stevan Labudovic où il a immortalisé des images tournées au maquis. On a aussi les traces de beaucoup de fictions tournés au lendemain de l'indépendance, qui ont été développées et gardées en Italie. Des cinéastes, comme Tahar Hanachi, ont réalisé des films indépendants depuis 1952, il faut songer à une stratégie pour valoriser ce riche patrimoine de 70 ans, et le réinjecter dans le présent à travers tous les outils du numérique», souligne-t-il.

Illustration des mutations de la société algérienne

Manel Zeggar, chercheure spécialiste du cinéma algérien à Inalco-Paris, a présenté une intervention intitulée «Objectif utopique dans le cinéma algérien au XXIe siècle». Des thématiques comme le financement, la production et la promotion du septième art algérien ont été présentées par la conférencière tout en mettant en exergue le contenu des films. «La guerre de Libération nationale a été un évènement important pour le cinéma algérien. Vient après le cinéma réaliste et social des années 1970 dans lequel on aperçoit l'illustration des mutations de la société algérienne par les réalisateurs et scénaristes de l'époque», note-t-elle. De son côté, Zine Abdelhak, docteur en philosophie des arts à l'université Oran 2 et auteur d'une thèse sur les festivals de cinéma en Algérie, a eu pour sujet de son intervention le Festival international d'Alger dédié au film engagé, d'Oran du film arabe, d'Annaba du film méditerranéen, de Tizi Ouzou du film amazigh et de Saida du cinéma de la femme ce sont les plus illustres, selon le conférencier, et ce, dans l'organisation de plusieurs manifestations aux quatre coins du pays. En sus de servir de respiratoire aux amateurs du grand écran et la contribution à la diffusion de la culture cinématographique, il déplore l'irrégularité de la tenue des festivals et l'absence de support juridique définissant l'activité des festivals.

Kader Bentounès

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