
L'Algérie possède un patrimoine culturel, architectural et historique riche et varié à travers tout son territoire, et La Casbah d'Alger en fait partie : un lieu unique et prestigieux, un lieu de mémoire et d'histoire. C'est l'un des plus beaux sites de la Méditerranée, surplombant les îlots, la plus ancienne ville d'Alger ymbolise à elle seule l'histoire de la capitale algérienne. Elle comporte des vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans, ainsi qu'une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté.
Ainsi, et dans le cadre de la célébration de la Journée nationale de La Casbah, qui coïncide avec le 23 février de chaque année, une visite guidée a été organisée par l'association Tourat Jazairna (patrimoine de notre Algérie), au profit d'un groupe de journalistes issus de différents médias (presse et audiovisuel).
Grâce à notre guide expérimenté Karim Zoumi, qui occupe aussi le poste d'interprète au Bastion 23, nous avons pu découvrir l'histoire et les secrets de la mythique Casbah d'Alger, lieu de vie labyrinthique et chaleureux, mais néanmoins toujours menacé par les injures du temps.
La forteresse d'Alger, située à 118 mètres au-dessus du niveau de la mer, est une citadelle chargée d'histoire. Elle est classée patrimoine mondial par l'Unesco depuis 1992.
Nous avons bien sillonné les ruelles de ce musée à ciel ouvert malgré la situation sanitaire du Covid-19. Lors de cette tournée, nombre de sites de la citadelle, également appelée Dar essoltane (palais du sultan), dont la réception est prévue l'été prochain, à l'instar de la mosquée du Dey, la cité des Janissaires, les Bains des Janissaires, Dar El Baroud (Poudrière), a indiqué Karim, notre guide touristique, qui s’en donnait à cœur joie pour nous expliquer l'histoire de chaque endroit.
Il a évoqué «le génie de l'architecture ottomane» à travers les systèmes d'aération, d'irrigation et de distribution de l'eau, les forteresses dotées de canons et les jardins de détente, outre les matériaux de construction antisismiques utilisés à l'époque.
Il a cité les différentes haltes historiques qu'a connues la citadelle, telles que le coup de l'éventail survenu au Palais du Dey, présentant à l'occasion une fiche technique sur les différentes parties de ce palais renfermant le diwan (salles de réunion), Beït El Mel (la Trésorerie), le harem... et autres. Karim, notre guide, a déploré les opérations de «démolition et de saccage» menées par le colonisateur français dans la citadelle et La Casbah en général, notamment durant les premières années de l'occupation et sa quête permanente d'effacer le legs ottoman par le pillage des trésors et pièces d'art enfouis dans la citadelle.
Bâtie en 1516 par les frères Barberousse, la citadelle de La Casbah abritait une caserne de janissaires, munie de deux canons, avant de devenir, à partir de 1816, le siège du Dey Ali Khoja puis du Dey Hussein qui l'a transformée, à son tour, en centre de gouvernance politique, économique et financier de toute l'Algérie. C'est aussi un lieu où les femmes se rassemblaient le soir sur les terrasses pour réciter la «bouqala» (poésies populaires) et où des batailles ont été livrées et gagnées... Mais aujourd'hui, malgré les programmes de restauration et de réhabilitation, elle n'a pas encore regagné l'image méritée. Le cœur palpitant de la capitale doit panser ses plaies et retrouver sa grandeur.
L'incivisme a transformé sa ville en un immense «ghetto» et ses habitants souffrent encore en silence.
La question de la réhabilitation et la préservation de ce site historique continue de se poser avec acuité. Bien que l'Etat se taille la part du lion dans cette démarche, c'est aussi l'implication de tous : citoyens, mouvements associatifs, chercheurs, communes, investisseurs... c'est un gisement touristique qu'il faut exploiter pour l'économie nationale pour pallier celui des hydrocarbures.
A titre d'exemple : redynamiser les activités culturelles et économiques telles que la réouverture des petits cafés et restaurants traditionnels car le visiteur algérien ou étranger peut être émerveillé par ce patrimoine culinaire riche.
L'encouragement du retour des petits métiers, poumon économique et fierté de cette cité qui sont vraiment menacés de disparition, tels l'artisanat, les petits ateliers de bijouterie, de dinanderie, de menuiserie ou ceux dédiés au tissage de la soie qui rythmaient le quotidien de ces «z'nikates» (ruelles).
Kafia Ait Allouache