
Tant attendu, le long métrage Héliopolis, signé Djaâfar Gacem et le scénariste Salah Chihani, a été projeté en avant-première à la salle Ibn Zaydoune de l’Office national Riad El-Fath (OREF), en présence du réalisateur et du staff technique et artistique de l’œuvre.
Il s’agit du premier long métrage du réalisateur Djaâfar Gacem, plus connu pour ses sitcoms et feuilleton télévisés comme Nass Mlah City, Djemai Family, Achour El-Acher et Maw’ed maâ el-qadar. Dédiée à la presse nationale, cette avant-première a été organisée par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), à la salle Ibn Zaydoune de l’OREF. Héliopolis est un long métrage dramatique dont les faits sont tirés de faits réels de l’histoire de l’Algérie dans les années quarante. Il a été produit par le CADC, avec le soutien du ministère de la Culture et des Arts.
Ce film historique traite de deux visions divergentes véhiculées par les Zénati, Mokdad, incarné par Aziz Boukrouni, et son fils Mahfoud, interprété par Mahdi Ramdani, un jeune bachelier, fils d’un propriétaire terrien dans la bourgade d’Héliopolis à Guelma (est d’Algérie). Mokdad est propriétaire terrien, fils de caïd, qui est attaché aux idées de Ferhat Abbas, idées assimilationnistes de l’époque. Ferhat Abbas demandait l’égalité entre Algériens et Français. Comme les juifs avec le décret Crémieux (en 1870, ce décret a attribué d’office la nationalité française à plus de 35.000 juifs vivant en Algérie), il réclamait des droits aux Algériens musulmans qui combattaient pour la France (durant la Seconde Guerre mondiale). Alors que Mahfoud, un bachelier, est contre les opinions de son père. Il lui disait que la France ne donnera jamais aux Algériens leurs droits, ni assimilation ni rien du tout.
Mahfoud épouse les idées de Messali Hadj qui revendiquait l’indépendance de l’Algérie. De ce conflit père et fils, apparaît la guerre menée par les puissants colons, dans les milieux ruraux de Guelma, contre les musulmans qu’ils baptisaient «indigènes». Donc, c’est le grand conflit entre l’Algérie et la France qui est divulgué. L’histoire du film commence en 1940. Au fil de l’histoire, sont expliquées les raisons ayant conduit aux manifestations du 8 mai 1945 et aux tragiques événements de Guelma, Sétif et Kherrata. Le réalisateur s’est donc concentré sur Guelma. À l’époque, le sous-préfet André Achiary était un partisan de la tuerie à grande échelle contre les musulmans. Il avait armé une milice et donné raison aux colons pour se défendre (la milice armée par Achiary a commis des centaines de meurtres et d’exécutions sommaires dans la région de Guelma durant tout le mois de mai 1945. Achiary a été décoré de la Légion d’honneur en 1946). Le long métrage Héliopolis, tirant son nom de l’ancienne ville de Guelma, dont l’histoire fictive prend pour toile de fond un évènement important, mais souvent tu de l’histoire algéro-française à travers le quotidien d’une famille algérienne durant les quelques jours qui précédèrent les manifestations populaires du 8 mai 1945, date de proclamation de la fin de la Seconde Guerre mondiale, réclamant l’indépendance de l’Algérie. Le réalisateur rappelle toute la violence et les exactions commises par l’occupant ; en évoquant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans au cours des évènements du 08 mai 1945. Un débat a eu lieu à l’issue de cette projection, en présence du réalisateur et du staff technique et artistique. Selon le réalisateur, le film «est prêt depuis fin février dernier», mais sa projection avait été reportée à plusieurs reprises par la partie en charge de sa production, le Centre algérien de développement du cinéma (CADC), relevant du ministère de la Culture et des Arts. Répondant à sur son choix porté sur Héliopolis, Gacem a expliqué qu’à Héliopolis, il y a eu l’incinération de musulmans algériens. Des milliers de morts ont été brûlés dans des fours à chaux (en 1945, les milices coloniales ont transformé un four du colon Marcel Lavie en four crématoire pour y brûler les cadavres d’Algériens au milieu de branches d’oliviers). Le scénario a été écrit par Djaâfar Gacem, avec la collaboration de Salah Chihani d’Annaba et son épouse Kahina Ould Saïd. «Nous avons pris quatre ans pour l’écriture et la réécriture, au point d’avoir vingt versions du scénario. En lisant les livres, j’ai découvert beaucoup de choses sur l’histoire de l’Algérie», a-t-il ajouté. Pour la distribution des rôles, il a indiqué « nous avons fait appel à des comédiens algériens et français, pour donner de la crédibilité au film». «Je souhaite que ce film soit projeté dans le maximum de villes et de villages», a espéré Gacem.
Il a indiqué qu’une tournée est envisagée, «pour faire profiter les villageois enclavés». À l’affiche de ce premier long métrage de Djaâfar Gacem, des acteurs algériens, tels Aziz Boukrouni (Mokdad), Mehdi Ramdani (Mahfoud), Souhila Maâlem (Nedjma) et Fodhil Assoul (Si Sadek), le jeune Wanis Hadj Mohammed (Hamouda) en plus d’acteurs français qui n’ont pas eu la chance d’assister à cette avant-première en raison de la pandémie de la Covid-19. Il y a lieu de rappeler que le film Héliopolis a été retenu pour représenter l'Algérie à l'Oscar du meilleur long métrage international (film non-anglophone), qu’organise l'Acadamy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS).
Sihem Oubraham