
Au 20h, France Télévisions évoque avec les gros titres, l’affaire d’un fonctionnaire franco-algérien de Bercy, accusé d’avoir recueilli et livré à Alger des informations sur des «opposants» vivant en France. Dans son reportage, la chaîne de télévision présente les photographies de Mohamed Larbi Zitout et d’Amir Boukhors, condamnés par la justice algérienne pour terrorisme à 20 ans de prison ferme, comme les «opposants» pour lesquels l’Algérie aurait mis en place tout un nid d’espions afin de récolter des informations. Mais de quelles informations s’agit-il ? À en croire les révélations des médias français, le fonctionnaire du ministère de l’Économie a eu accès aux fichiers de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), par l’entremise d’une assistante sociale avec qui il avait noué «une relation intime». Via l’Ofii, la taupe franco-algérienne a pu connaître le montant de l’allocation d’exilé versée à Boukhors ou encore l’adresse et le numéro de téléphone de Zitout, peut-être même le montant des impôts de Chawki Benzehra. On voit bien donc que dans cette affaire d’espionnage entre la France et l’Algérie, les enquêteurs n’ont trouvé ni armes ni gadgets. Pas même une action palpitante à la James Bonde. Juste un trafic d’informations administratives par ailleurs accessibles au grand public. Encore faut-il que ces informations soient vérifiées. À première vue, tout semble être monté de toute pièce, car aucun service de renseignement de par le monde n’actionnerait un de ses agents pour des informations aussi basiques. En fait, le timing pour l’éclatement de cette affaire, cousue de toute pièce, a été bien étudié puisqu’il coïncide avec la mise en accusation le même jour, à Alger, de Boualem Sansal, pour «intelligence» avec une partie étrangère et divulgation «des informations et des renseignements sensibles». Il y a aussi le fait que la France veut brouiller les esprits et faire oublier le scandale de sa tentative de déstabilisation de l’Algérie. En effet, il y a quelques semaines, l’Algérie avait dévoilé les tentatives des services de renseignement français (DGSE) d’enrôler d’anciens terroristes en Algérie à des fins de déstabilisation, à l’exemple du dénommé Aissaoui Mohamed Amine, 35 ans, qui s’est confié à la chaîne de télévision AL24. Après ce grave incident, l’ambassadeur de la République française en Algérie, Stéphane Romatet, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, afin de «lui signifier la ferme réprobation des plus hautes autorités algériennes face aux nombreuses provocations et actes hostiles français en direction de l’Algérie». L’Algérie avait alors averti qu’elle ne restera pas passive face à ces attaques incessantes visant sa souveraineté. Résolue à préserver sa dignité, l’Algérie a fait savoir qu’elle prendra toutes les mesures qui s’imposent, pour faire face à ces tentatives d’ingérence. Mise à nue, la France ne vient-elle pas, à travers «l’affaire Bercy», de s’inventer une affaire d’espionnage et de retourner l’accusation contre l’Algérie ? Une nouvelle barbouzerie de bas étage pour déstabiliser le pays.
H. Y.