Son objectif est de récupérer les avoirs détournés : Un front africain en gestation

Ph. : B. B.
Ph. : B. B.
  • L’idée a été évoquée lors de la célébration de la journée africaine contre la corruption sous le thème «Récupération des avoirs détournés»

Grandiose et très solennelle commémoration par l’Algérie, qui a célébré, hier, la Journée africaine de lutte contre la corruption, un événement de dimension continentale, organisé sous le haut patronage du président de la République, par la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC), au Centre international des conférences, CIC d’Alger.

Une centaine de participants issus de 28 pays africains ont pris part à cet événement rehaussé par la présence d’officiels de haut rang, respectivement des membres du gouvernement, le conseiller du président de la République, le représentant du Premier ministre, ainsi que des responsables de différents organismes institutionnels.
Les représentants de l’Association des autorités africaines de lutte contre la corruption (Aacca) et son directeur exécutif Khaled Abderrahmane ont également pris part à cet évènement, placé sous le thème «La récupération des avoirs en Afrique : Cadres juridiques et bonnes pratiques pour la réalisation du développement durable». Dans son allocution prononcée à l’ouverture des travaux, la présidente de la Haute autorité (Hatplc), Mme Salima Mesrati, a indiqué d’entrée que «le choix et l’organisation par l’Algérie de cette rencontre africaine confirment, une fois de plus, son engagement constant à combattre la corruption et à ancrer la redevabilité, la transparence, l’intégrité et la bonne gouvernance».
Ces principes, assure-t-elle, «sont promus et érigés en priorités par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, depuis son élection, font de la récupération des avoirs un devoir souverain et une revendication nationale non négociable». «Les deniers publics appartiennent au peuple, et toute tentative de détournement ou de blanchiment constitue un double crime contre l’État et la société», a soutenu Mme Mesrati, rappelant que, pour la consécration de cet objectif, «l’Algérie victorieuse fondée sur le droit et la justice a renforcé le cadre juridique national par une révision complète des législations pertinentes, le renforcement des mécanismes de contrôle et de prévention et la création d’institutions constitutionnelles indépendantes comme la haute Autorité qu'elle préside».
Saluant le «rôle central» du ministère de la Justice dans l’activation des mécanismes juridiques et judiciaires visant à traquer et à récupérer les fonds et biens issus de la corruption, Mme Mesrati a mis en relief l’implication dudit département ministériel dans les initiatives internationales majeures.
Elle a cité, à ce titre, une coopération étroite avec l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et une participation active à l’Initiative STAR (Stolen Asset Recovery Initiative), lancée par l’ONU et la Banque mondiale, pour renforcer les capacités des États en matière de recouvrement des avoirs détournés. La présidente la Haute autorité Haptlc considère par ailleurs que «la question de la récupération des avoirs en Afrique constitue l’un des défis majeurs aux efforts de développement et de promotion de la bonne gouvernance sur le continent». Toutefois et malgré l’ampleur des fonds détournés et blanchis à l’étranger du fait de la corruption et de la mauvaise gestion des finances publiques, leur récupération, déplore-t-elle, «se heurte à des obstacles juridiques, politiques et administratifs complexes, tant au niveau des États africains eux-mêmes que dans la coopération avec les pays étrangers abritant ces avoirs». Une telle situation exige des États africains, «une approche globale et intégrée, fondée sur le renforcement de la transparence, le développement de la coopération internationale et la construction d’institutions nationales capables de tracer, de suivre et de récupérer ces avoirs au service des peuples africains et de leur droit au développement et à la justice sociale», a plaidé Mme Mesrati.

K. A.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Avoirs détournés : 
53 demandes de restitution adressées à 11 pays

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaâ, a indiqué, hier, que l’Algérie a adressé près de 335 demandes de coopération judiciaire internationale à 32 pays, afin de tracer, geler et saisir les avoirs criminels. Dans son allocution, lors de la cérémonie de célébration de la Journée africaine de lutte contre la corruption, il a précisé que «la récupération des avoirs issus des crimes de corruption constitue un des aspects essentiels de la lutte contre ce fléau».
Précisant que ces 335 ont reçu «des réponses variables» de la part des pays concernés, il a indiqué en outre que 53 demandes de restitution d’avoir détournées ont été adressées à 11 pays, dont un africain.
Ces démarches sont suivies par la commission nationale des experts chargée de la récupération des fonds détournés et transférés à l’étranger, en coordination avec les autorités judiciaires, a-t-il assuré. Afin d’accélérer le processus, l’Algérie, indique le ministre, «a rejoint plusieurs réseaux internationaux, dont l’initiative STAR, le GFAR, le GLOBE Network, ainsi que le réseau régional ARIN-MENA».
Ces adhésions ont permis «un nouvel élan aux efforts de restitution», a-t-il soutenu, relevant que plusieurs biens et sommes ont déjà été récupérés. Lotfi Boudjemaâ a toutefois souligné les obstacles rencontrés, liés à la diversité des systèmes judiciaires étrangers et à la complexité des procédures, appelant à un renforcement de la coopération internationale, pour éradiquer la corruption et ses impacts économiques.

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Prévention et lutte contre la corruption : 
La Hatplc signe des conventions avec le CSJ et la CTRF

En marge de la célébration de la Journée africaine de lutte contre la corruption, la haute autorité Hatplc a signé deux conventions de coopération, la première avec le Conseil supérieur de la Jeunesse (CSJ) et la seconde avec la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF).
Ces deux conventions visent à renforcer la coopération dans l'identification des activités et des mesures liées à la prévention et à la lutte contre la corruption, qui devraient être entreprises, et à renforcer la coopération dans la mise en œuvre de programmes de formation sur les thèmes de la gouvernance, de la transparence et de la détection et du signalement de la corruption.

K. A.

Multimedia