
Des objectifs élevés, une participation réduite à son plus bas niveau de représentativité, le «sommet du Caire pour la paix», tenu dans la capitale égyptienne, sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, brille par l’absence des poids lourds dans le dossier du Proche-Orient. L’objectif prioritaire recherché par cette réunion est d’empêcher une escalade de la guerre contre Ghaza et sa transformation en conflit régional.
Et pour réaliser cet objectif, l’Égypte veut obtenir le soutien d’un maximum de pays, pour appeler à la conclusion d’une trêve entre Israéliens et Palestiniens. Peine perdue. Car, au moment de la tenue de cette rencontre, le premier passage d’un convoi humanitaire vers l’enclave palestinienne s’effectuait sous une pluie de missiles sur les quartiers de Ghaza. Un déphasage, voire un désaveu de la part de l’entité sioniste qui amène certains observateurs à qualifier ce rendez-vous de coup d’épée dans l’eau. En effet, voulant faire redonner à la diplomatie son rôle axial pour la résolution de cette crise, les organisateurs ainsi que les participants n’ont fait que creuser l’écart, rendu béant après l’opération «Déluge d’Al-Aqsa» du 7 octobre, qui a mis à nu toute la stratégie militaire et diplomatique israélienne, d’une part, et a montré au monde entier l’alignement des occidentaux et de l’administration Joe Biden sans réserves sur les thèses sionistes, d’autre part. Alors, un sommet, pour quoi faire ? La messe a été pourtant dite dès le début de l’agression sioniste, avec l’apport inconditionnel et sans limite des États-Unis et l’envoi de son armada navale en Méditerranée orientale et en mer Rouge, pour assurer son rôle de gendarme du monde et de protecteur de l’état sioniste. Un permis de tuer approuvé par les alliés qui se sont dits prêts, sans exception, à faire partie de cette exhibition de force. En face, rien, si ce n’est le grondement de la rue arabe. Au volet diplomatique, chacun fait cavalier seul et veut se prémunir des «éclaboussures» de cette guerre, comme la menace de déportation des ghazaouis vers la Jordanie ou le Sinaï, brandie par l’entité sioniste. Autre preuve que Washington décide de tout, la question de l’acheminent des aides humanitaires. Juge et partie dans ce dossier, la Maison- Blanche détermine le jour et l’heure de l’ouverture du passage de Rafah, ainsi que le nombre de camions qui doivent y pénétrer, en désignant même les destinataires de la cargaison. Vingt camions ont franchi la frontière, au lendemain de la libération de deux ressortissantes américaines, détenues par le Hamas après le début de l’opération «Déluge d’Al-Aqsa». Alors que toutes les organisations humanitaires et les hôpitaux de Ghaza appellent à une ouverture permanente du passage avec l’Égypte et à un afflux continu des aides pour parer à la catastrophe humanitaire. Face à cet appel, le sommet du Caire est désarmé. Rien ne se fait sans la bénédiction de l’oncle Sam. En vrai, maître du monde, les États-Unis profitent de cette situation, pour ancrer définitivement sa suprématie dans cette région et ailleurs. Alors pourquoi ce sommet ? la question peut être posée des centaines, voire des milliers de fois, la réponse sera toujours la même : inutile de la rappeler. L’Algérie, consciente que le syndrome de la «réunionite» a atteint son paroxysme, a préféré s’en prémunir, en s’abstenant d’y prendre part.
Les interventions des participants ont maladroitement ou sciemment placé la victime et le bourreau sur un pied d’égalité. Quant au rêve de deux États vivant côte à côte, ce n’est, ni plus ni moins, que la préface d’un cauchemar qui dure depuis 1948. La duperie fait encore bon effet… sur une «oumma» toujours amorphe.
M. T.