Sidi Bel-Abbès : la population du quartier El-Graba se soulève

L’appel a été entendu par notamment les habitants du vieux quartier populaire «El graba», à forte concentration musulmane et foyer de résistance, pour manifester cet attachement au front de libération nationale et soutenir une révolution menée avec foi et bravoure. Des centaines de citoyens ont envahi les rues et ruelles de ce site évocateur de traditions algériennes et scander des slogans à la forte résonance : «Tahia El Djazair… Allah yarham Chouhada…».

Le mouvement de foule ne pouvait que surprendre les forces de l’occupation qui devaient se déployer et encercler tout le quartier. Des arrestations et des interpellations ont eu lieu, mais sans pour autant atténuer cette ardeur et cette fougue d’une population soumise pendant un siècle à la répression et à l’injustice et déterminée surtout à arracher son indépendance. De grands moyens ont été mobilisés par les forces de l’occupation dans la perspective d’étouffer ces voix et ces cris de détresse d’une population «indigène» épuisée par le diktat d’un ordre colonial où l’exclusion et l’injustice s’érigeaient en mode fonctionnement.

C’était sans compter toutefois sur la détermination de ces habitants vivant la diversité et la pluralité mais unis et solidaire dans leur quotidien. De l’Est, du centre, du sud, de Tizi ouzou et des agglomérations des régions limitrophes, des familles se sont installées pour s’adonner à des activités artisanales ou commerciales de fortune et subvenir difficilement à leurs besoins. Des martyrs d’ailleurs, à l’instar des frères Amarouche de la Kabylie, tombés au champs d’honneur pour que cette Algérie sorte vainqueur de ce combat. Des moments vécus certainement dans la douleur, mais dans la fierté et la foi devant la justesse et la noblesse de la cause.

Quelques survivants se souviennent encore de cette journée hivernale pour insister sur la volonté de ce peuple et son désir ardent d’arracher sa liberté. Ils précisent aussi qu’un dispositif sécuritaire fut mis en place interdisant les rencontres ou les spectacles offerts par les guwels à la place Tahtaha en signe de représailles et de prudence. Au moins deux semaines étaient maintenues de telles dispositions pour gâcher quelque part les fêtes de Noel pour les colons et les mercenaires de la légion. Le quartier El graba, aujourd’hui place Emir- abdelkader, a été au rendez-vous pour afficher son rejet au colonialisme.

A. B.

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