
Les zones franches peuvent constituer des atouts pour l’économie algérienne et de véritables plateformes de production de biens et services
L’option pour la création de zones franches industrielles orientées vers l’exportation est une décision qui cadre avec les objectifs de l’État en matière de promotion des investissements dans les biens et services, et des exportations hors hydrocarbures.
Il s’agit d’offrir des alternatives économiques à l’heure de la diversification et de l’affranchissement de la rente pétrolière. Une politique orientée sur la création d’activités de production sur la base de mesures et avantages qui seront accordés aux opérateurs au niveau de ces zones, notamment l’exonération des investissements d’impôts et taxes, et de toutes opérations d’imputation à caractère fiscal, parafiscal ou douanier en sus de la possibilité de bénéficier de prêts bancaires avec intérêts réduits. L’avant-projet de loi relatif aux zones franches, présenté le 22 décembre 2021, en Conseil des ministres par le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, M. Kamel Rezig vise à attirer les investisseurs «en leur offrant une série d’incitations, sous formes d’infrastructures, d’impôts, de facilitations et de simplification des procédures afin de contribuer au développement de l’économie nationale». Aussi, ces zones ont pour finalité de stimuler la création de start-up et le développement d’investissements étrangers directs avec l’exportation comme principale vocation. Une démarche qui sera accompagnée, au plan institutionnel «par la mise en place d’un système juridique stable pour une durée d’une dizaine d’années à même d’assurer une lisibilité aux investisseurs et une sécurité des investissements, sur proposition du président de la République.
Un aspect essentiel pour rassurer les opérateurs et attirer davantage d’IDE. Les zones franches peuvent constituer «des atouts pour l’économie algérienne et de véritables plateformes de production de biens et services». Toutefois, la réussite de cette démarche «reste tributaire de la maîtrise de cette politique» et d’une «gestion aux critères d’efficacité économique», ont indiqué le Dr Mohammed Lazreg (université de Sidi Bel Abbès) et le Dr Djamel Torqui Godih (Université de Mostaganem). Dans leur analyse, ils soulignent que «les avantages directs de ces zones sont liés à l’investissement lui-même et se résument en la création d’industries qui viendront renforcer le tissu industriel, la création d’emplois, la distribution des revenus, les rentrées en devises issues des exportations». Les avantages indirects résident, notamment précisent-ils, dans la création d’une demande d’infrastructure et services en direction de la région ou de la localité où est située la zone franche.
L’utilisation de richesse et produits nationaux par les entreprises de la zone franche et la création de demande envers les entreprises locales (hors zone franche) en matière de sous-traitance et d’intrants. Cela peut donner lieu à une offre d’emplois de la part de ces entreprises, l’enclenchement d’une dynamique de développement régional ou local, la formation sur le tas des travailleurs et par conséquent, l’acquisition de connaissance de gestions, techniques, financières et commerciales, la transmission de technologies et expériences de gestion vers les entreprises locales exerçant en dehors de la zone, l’introduction et l’intégration du pays aux réseaux du commerce international». Le Dr Mohammed Lazreg et le Dr Djamel Torqui Godih insistent sur le fait que, la création de telles zones doit obéïr à «des leviers fondamentaux. Il s'agit notamment d'une stratégie économique cohérente pour simplifier l’environnement de l’entreprise et améliorer le climat des affaires, la réduction du champ de l’informel, un environnement institutionnel et économique adéquat, des réformes économiques efficientes, l’adaptation du système bancaire aux règles de marché, un développement harmonieux des rapports entre le système de formation et la sphère économique, une mise à niveau des entreprises, des banques et des institutions, des infrastructures modernes, la lutte contre la corruption etc.». Des aspects que l’Etat a pris en charge dans le cadre des réformes structurelles engagées à tous les niveaux de la sphère économique nationale pour amorcer une véritable transition vers un modèle de croissance affranchi des hydrocarbures.
D. Akila