Relations algero-turques, coopération bilatérale : la grandeur des chiffres

HISTOIRE ET CULTURE EN PARTAGE
Terreau  de relations pérennes  et solides

La visite du Président turc Recep Tayyip Erdoğan en Algérie, est l'occasion pour les deux pays d'évoquer les dossiers de la coopération économique et les questions géopolitiques, notamment la situation en Palestine.
L’Algérie partage une histoire politique et culturelle avec la Turquie. La Turquie a besoin d’un partenaire fiable et stable en Afrique du Nord, et l’Algérie apparaît, indéniablement, comme une puissance attractive compte tenu des efforts d'Alger et d'Ankara pour contrer l’influence des puissances étrangères dans le Sahel.
Les deux pays ont adopté des positions similaires sur plusieurs dossiers, notamment la question palestinienne, et la situation en Libye.
La Turquie s’est efforcée d’accroître la coopération multiforme et l’engagement envers les pays arabes dans un environnement stable et sûr.
L’Algérie est une puissance régionale importante, souligne le Pr Yahia Zoubir, un statut qu’elle partage avec la Turquie, qui occupe, elle aussi une position géopolitique importante en Méditerranée.
L'Algérie a également été un acteur à part entière dans la lutte contre le terrorisme dans la région, en servant de médiateur entre parties belligérantes au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, et promouvoir la paix et la stabilité dans la région.
Dans l’ensemble, souligne Pr Yahia Zoubir professeur de relations internationales «l’intérêt porté à la région du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) et au Maghreb en particulier, est motivé par des impératifs géoéconomiques» et, poursuit-il «Ankara a étendu son influence dans la région à travers l'établissement et le renforcement de relations géostratégiques et géoéconomiques».
Le mouvement de la Turquie vers la région arabe aurait été induit par «l'ostracisation d'Ankara par l'Union européenne (UE), en particulier par la France».
Pour les pays arabes cela offre l’opportunité de diversifier les relations et de réduire la dépendance à l’égard des États-Unis et de l’UE. Pour le Pr Yahia Zoubir «l’évolution des relations algéro-turques s’est donc inscrite dans ce contexte». Le chercheur estime que les relations entre la Turquie et l’Algérie étaient compliquées par le rapprochement de la Turquie avec Israël.
Erdoğan avait dénoncé le coût en vies humaines des bombardements israéliens de la bande de Ghaza, qualifiant Israël d'Etat terroriste. Alger et Ankara partagent des principes similaires dans leur politique étrangère, à savoir la souveraineté, le respect de l'intégrité territoriale des autres États, la non-ingérence dans les affaires intérieures et l'indépendance politique.
Tahar Kaidi

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RÉNOVATION DU PATRIMOINE HISTORIQUE
Un apport précieux

Si les relations algéro-turques sont au beau fixe, il convient d’en attribuer le mérite, sans tomber dans l’excès, à l’existence d’un patrimoine culturel partagé créant un fort sentiment de proximité, des influences mutuelles et une empathie réciproque. Sans même aller jusqu’à Istanbul, ce pays fait rêver. L’engouement de beaucoup de nos compatriotes pour les feuilletons turcs ne donne jamais l’impression de s’essouffler. Bien au contraire. Outre une coopération économique très puissante, les relations culturelles sont appréhendées par les deux Etats dans une optique de renforcement, de diversification et d’apports dont les résultats sont parfaitement identifiables sur le terrain des réalisations.
S’il faut consentir à donner des exemples, citons l’Agence turque de coopération et de développement, TIKA qui a effectué plusieurs travaux de rénovation de lieux historiques tels que la mosquée Ketchaoua. Cette Agence a eu recours à l’expertise des historiens et des chercheurs et le travail a respecté le plan ottoman originel. Ilber Ortayli, éminent historien turc, s’est dit «extrêmement satisfait de la restauration». «C’est une contribution importante pour l'Algérie, pour notre histoire», a-t-il indiqué, exprimant son souhait de voir le palais Hassan Pacha qui se trouve à côté de la mosquée, pris en charge de la même manière.
La restauration concerne également le palais du Dey et la mosquée du Pacha d’Oran, ainsi que la restauration de la Casbah de Bejaia. Cet intérêt pour le secteur de la culture se voit matérialisé prochainement par l'ouverture d'une école turque par la Fondation Maarif et d'un Centre culturel avec des annexes dans plusieurs wilayas. Rappelons que l’Institut «Yunus Emre» a été créé à Ankara en 2009, du nom du poète Yunus Emre (mort en 1321). Il convient de signaler que le Président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé, lors d’une visite officielle du président Recep Tayyip Erdogan à Alger en janvier 2020, que les deux pays ont convenu d’ouvrir un centre culturel turc dans notre pays et un centre culturel algérien en Turquie.
M. B.

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Tosyali Algérie
Fleuron de l’investissement en Algérie

Le groupe Tosyali Algérie est considéré comme le plus grand investisseur extérieur en Algérie, le premier exportateur hors hydrocarbures et l’un des plus importants investissements turcs à travers le monde.

Avec une production de 4 millions de tonnes par an de différents produits, ronds à béton, tubes spirales et fil à machine et bientôt les aciers plats pour un volume de 2 millions de tonnes annuellement, le méga-complexe de sidérurgie qui s'étend sur 4 millions de mètres carrés, a fait de l’extension des investissements une politique de stratégie économique en Algérie. En effet, l’on apprend d’une récente déclaration au journal El Moudjahid de Alp Topcuoglu, membre du conseil d'administration de Tosyali Algérie, que le groupe envisage de réaliser 11 nouvelles usines de production dans le nouveau méga-complexe, dont l’inauguration se fera progressivement à compter de mai prochain. Ainsi, les gigantesques installations du complexe, qui emploient actuellement 5.000 travailleurs, devraient accueillir 1.000 autres supplémentaires l’année prochaine. L’usine d’acier plat faisant partie de ce complexe, dont la mise en service est prévue en juin 2024, devrait apporter 2 milliards de dollars de recettes d’exportation durant les deux premières années. La particularité de ce projet d’acier plat réside dans le fait qu’il est destiné aux nouvelles industries de transformation. Il cite l’exemple des sociétés de montage automobile et électroménager qui vont passer du montage à l’assemblage avec une production ici en Algérie de cette matière première. Idem pour la tuberie et la charpenterie pour l’industrie navale, qui pourront se faire ici avec la disponibilité de cette matière première.
«La fabrication de l’acier plat en Algérie qui, soulignons-le, est importé, va permettre aux industriels algériens, qui activent dans les PME et PMI, d’être compétitifs à partir du moment où tous les frais et contraintes liés au process d’importation seront supprimés. Cela s’inscrit en droite ligne avec les objectifs tracés par le Président de la République pour atteindre 5 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures». Par ailleurs, le groupe a signé, en avril dernier, un protocole de partenariat pour le montage d’une joint-venture avec l'Entreprise nationale de fer et de l'acier (Feraal), pour le lancement d'une unité de production de concentré de minerai de fer a Bechar. Tosyali Algérie verra dans un avenir proche ses besoins en fer augmenter à 8 millions de tonnes, notamment avec le lancement de sa nouvelle usine de production d’acier plat. Selon le responsable, l'Algérie, de par sa position géographique, peut occuper une place de choix parmi les fournisseurs de minerai de fer.
Pour étayer ses propos, il s’appuie sur l’expérience de la société qu’il représente dans la mise en œuvre de la vision nationale pour le développement du secteur, «l'expertise acquise par Tosyali Algérie va jouer un rôle de premier plan, à travers notamment le traitement du fer de Gara Djebilet et grâce à ces relais et sa présence sur le marché extérieur, notre société saura trouver des marchés acquéreurs».
«L'entrée de l'Algérie dans la compétition des exportations est une excellente projection, aussi bien dans le bassin méditerranéen, en Afrique et en Asie, au sein des marchés arabes et vers d’autres destinations, des marchés bien connus par Tosyali Algérie étant des pays clients. Le pays offre des avantages comparatifs incontestables : sa situation financière confortable, la disponibilité de l'énergie et son coût concurrentiel, de par la main d'œuvre disponible, l'évolution des formations dans le domaine et d'autres nouvelles mutations économiques qui vont permettre à l'économie nationale de faire valoir ses atouts sur de nouveaux marchés.
Amel S.

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Partenariat énergétique
Évolution qualitative

Les relations algéro-turques ont connu ces dernières années une évolution qualitative, notamment grâce à la forte volonté des dirigeants des deux pays de renforcer et d’élargir la coopération bilatérale dans divers domaines : la métallurgie, la sidérurgie, le textiles, le bâtiment et les travaux publics.
En sus de ces secteurs importants, le partenariat s'étend désormais à de nouveaux secteurs à l'instar des énergies renouvelables, des mines, de l'agriculture saharienne et de l'industrie pharmaceutique.
Ce partenariat énergétique va ainsi être renforcé, sachant que les deux pays avaient déjà renouvelé en 2020 le contrat permettant à l’Algérie d’approvisionner la Turquie en GNL jusqu’à 2024. Ce qui fait de l’Algérie le premier fournisseur de gaz naturel liquéfié de la Turquie et le 4e fournisseur de gaz de pétrole liquéfié pour la carburation.
Il importe de souligner que les sociétés turques activant déjà en Algérie, à l’image de TPAO, ont pu réaliser plusieurs projets d’exploration et de production, comme le projet de GNL de Skikda.
Tosyali Holding a investi près de 1,7 milliard de dollars dans la construction d’une usine de production d’acier à Oran.
Après le textile, l’agroalimentaire et la sidérurgie ,«la Turquie et l’Algérie veulent créer une société commune pour explorer le pétrole et le gaz naturel et mener des activités conjointes en Algérie et dans les pays de la région», rapportait l’agence officielle turque. L’amélioration du climat d’affaires de plus en plus attractif en Algérie, boosté par la nouvelle loi sur l’investissement qui accorde des facilités multiples aux investisseurs nationaux et étrangers, a fait que plusieurs entreprises turques ont exprimé leur intérêt de s’installer en Algérie.
A l’instar de l’Algérie, la préoccupation majeure des pays producteurs est de sécuriser leur réseau d’exportation, tandis que les acheteurs cherchent à éviter une trop grande dépendance vis-à-vis d’un fournisseur, producteur ou transitaire, qui se trouverait en situation de monopole. Certes la Turquie n’est pas un pays producteur d’hydrocarbures, ou si peu, mais cela n’en revêt pas moins une grande importance en tant que pays de transit et consommateur. Adil Messaoudi

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Secteur de la santé
Un soin particulier

L’Algérie affiche sa volonté de renforcer la coopération bilatérale dans le secteur de la santé avec la Turquie, un pays disposant d’un système de santé parmi les plus performants au monde. Après l’accord paraphé, le mois dernier, pour la réalisation d’un grand hôpital en coopération avec le Qatar et l’Allemagne, l’Algérie envisage de s’associer avec la Turquie pour édifier une autre structure de santé de premier plan. Cette option a été en effet évoquée lors d’une récente rencontre entre le ministre algérien de la Santé, Abdelhak Saïhi, et l’ambassadeur turc, Mujahid Kucuk Yilmaz. «Le ministre de la Santé a proposé un projet d’investissement dans le domaine de la santé à travers la construction d’un hôpital turc en Algérie, en sus de la réalisation de plusieurs autres hôpitaux, estimant que cette étape contribuera à réduire les transferts de patients à l’étranger.
­­L’ambassadeur a exprimé, en réponse à cette proposition, la volonté de son pays d’intensifier la coopération bilatérale, mettant en avant l’intérêt porté à l’investissement en Algérie par les entreprises privées turques activant dans le secteur de la santé. M Saïhi, a affirmé que «l’accord de jumelage entre l’Hôpital des grands brûlés de Zeralda et son homologue turc à Istanbul, qui sera signé dans les prochains jours, dans le cadre de la mise en œuvre des instructions du président de la République,
M. Abdelmadjid Tebboune, permettra de donner une impulsion forte aux relations de partenariat entre les deux pays dans le secteur de la santé».
Les responsables de ce secteur des deux pays ne cessent d’exprimer leur volonté d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant à travers le co-développement et la co-production de médicaments, notamment innovants, avec la perspective d’exporter.
Les relations entre l’Algérie et la Turquie connaissent ces dernières années un extraordinaire regain d’intérêt, digne des liens historiques qui lient les deux grands pays.
L’excellence de ces relations se renforce d’années en années par l’intensification et la diversification de la coopération dans plusieurs secteurs d’activités.
Belkacem Adrar

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COOPÉRATION BILATÉRALE 
LA  GRANDEUR DES  CHIFFRES

Les relations économiques entre l’Algérie et la Turquie sont en évolution constante et marquent réellement des relations privilégiées dans plusieurs secteurs d’activités, que les deux chefs d’État Abdelmadjid Tebboune et Recep Tayyip Erdogan, par leur volonté commune, ne cessent de renforcer. Des relations marquées aussi par l’histoire commune des deux peuples. De ce fait, la visite officielle du président turc en Algérie réaffirme une volonté conjointe de soutenir la grande dynamique des relations sur les plans politique et économique. Ces relations privilégiées ont été évoquées dernièrement par l’ambassadrice turque à Alger, Mahinur Ozdemir Goktas, affirmant : «Nous sommes le pays étranger ayant le plus grand nombre d’entreprises présentes en Algérie. Le montant de nos investissements en Algérie dépasse les 5 milliards de dollars et la capacité d’emploi dépasse les 30.000 employés. Le volume des échanges commerciaux a connu, lui aussi, une hausse sensible, passant de 3,3 milliards de dollars à 5 milliards de dollars actuellement, avec l'espoir d'atteindre 10 milliards de dollars dans un avenir proche».
L’investissement des opérateurs économiques turcs a connu un élan impulsif, allant de 900 sociétés diverses en 2020 à 1.560 sociétés en 2023 et ce, par la signature de plusieurs accords «importants et stratégiques» afin de renforcer davantage le partenariat, dans tous les domaines, dans le cadre des relations conjointes et de coopération entre l’Algérie et la Turquie.
Les secteurs stratégiques auxquels l’Algérie accorde un intérêt particulier, comme le BTPH, l’industrie, l’énergie et l’agriculture, l’enseignement ; la culture, l’investissement et le commerce sont investis par des partenaires turcs pour une vision a court et long termes et plusieurs conventions ont été signées entre les deux pays.
Par ailleurs, les relations d'amitié profondes et historiques entre les deux pays se sont illustrées dans le domaine humanitaire, l'Algérie ayant été l'un des premiers pays à venir en aide au peuple turc suite au séisme qui l’a frappé en février dernier.
Il va sans dire que la visite du président Turc renforcera davantage la coopération bilatérale surtout dans les domaines économiques et politiques entre les deux pays frères.
Mustapha Laouer

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