M. ZekiGüvercin, président du Forum international turc de l’investissement et de l’éducation (ITEF) : «convergence sur la question Palestinienne»

Entretien réalisé par : Karim Aoudia

El Moudjahid : Quelle lecture faites-vous de la visite qu’effectue le Président de la Turquie en Algérie, ainsi que l’évolution sans précédent des relations bilatérales entre les deux pays, y compris dans le domaine économique ?
M. Zekigüvercin : La visite qu’effectue le Président turc, Recep Tayyip Erdogan, en Algérie est d’une importance stratégique sur plusieurs aspects. Elle s’inscrit dans la fréquence des visites présidentielles entre les deux pays, dont la dernière en date a été celle du Président Abdelmadjid Tebboune en juillet dernier, soit moins d’une année. Entre-temps, le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, s’est également rendu en Turquie, en septembre dernier, ce qui certifie toute l’importance que les deux pays accordent à leurs relations bilatérales. À Alger, M. Erdogan co-présidera, avec son homologue M. Tebboune, la deuxième réunion du Haut conseil de coopération algéro-turc, avec la participation de nombreux ministres de la Turquie, plus principalement ceux à la tête des secteurs dédiés à l’économie, à l’énergie et aux affaires socio-culturelles.
L’événement intervient à moment où les relations commerciales enregistrent un sursaut très distingué, en dépassant, cette année, la barre de 6 milliards de dollars, alors qu’en 2022, elles étaient d’un montant de 5,3 milliards de dollars, ce qui montre une très forte évolution sur un an. À ce rythme, l’objectif d’atteindre les 10 milliards de dollars d’échange est bien évidemment à portée de main, notamment avec l’ouverture de nouveaux créneaux de l’économie, pour mieux développer cette relation déjà très distinguée entre les deux pays. Dans cette optique, le volet lié à l’investissement requiert toute l’importance. La Turquie est en effet le premier investisseur en Algérie, avec 6 milliards de dollars. Les deux parties sont tout à fait conscientes que cette somme d’investissement pourrait très bien se développer, à la faveur de l’intégration de nouveaux secteurs dans cette dynamique.

Voulez-vous être plus précis, au sujet de ces secteurs en question ?
Il s’agit essentiellement du secteur de la Santé, de celui de l’Environnement, ainsi que du secteur de la Culture, vu que la dimension de la diplomatie culturelle est en train de prendre un nouvel élan, notamment suite aux décisions ayant sanctionné la première réunion du Haut conseil de coopération bilatérale. Il faut noter par ailleurs que pour la première fois dans la région, la Turquie entreprend, à travers l’Agence gouvernementale de l’éducation, la réalisation du projet d’une école en Algérie, ainsi qu’un centre culturel turc, lequel sera d’un impact certain en termes de développement des relations en matière de diplomatie commerciale bilatérale. Il faut relever aussi, à ce propos, que l’Algérie est un pays très important pour la diplomatie commerciale turque, dans le sens où c’est la porte d’entrée de l’Afrique. L’Algérie va en effet permettre à la Turquie d’accéder aux marchés de l’Afrique subsaharienne avec lesquels l’Algérie entretient plusieurs liens commerciaux et historiques et auxquels s’ajoutent le développement des moyens de transport avec les voies logistiques et les couloirs énergétiques qui sont en train de se mettre en place en vue de permettre à l’État algérien de mieux coopérer sur le continent africain dans son ensemble.

Autre point qui confirme cette évolution des relations bilatérales au plan économique et commercial ?
Oui, bien sûr. L’ouverture d’une banque turque en Algérie sera un grand acquis qui viendra certainement renforcer les relations économiques et commerciales entre les deux pays. L’Algérie est, en effet, le premier pays africain où la Turquie va ouvrir une banque d’État, ce qui servira énormément les entreprises truques qui investissent en Algérie, mais aussi les milieux d’affaires algériens, et ce au grand bénéfice du partenariat commun.
À noter en outre que les diasporas, algérienne en Turquie et turque en Algérie, seront certainement présentes, lors de l’entretien entre les deux États, vu qu’elles sont au centre des relations entre les deux pays. Ce sont en effet près de 1.500 entreprises turques qui activent dans divers secteurs en Algérie et qui ont créé quelque 30.000 postes d’emploi direct. Cette dynamique peut être aussi enclenchée en Turquie, où il y a une forte communauté algérienne présente dans le milieu d’affaires, ainsi que dans les milieux culturels et éducatifs

La visite d’Erdogan intervient au moment où le monde entier est témoin des massacres collectifs dont sont victimes les Palestiniens de Ghaza de la part de l’entité sioniste. Votre avis, à ce propos ?
L’Algérie est, en effet, le premier pays que le Président Erdogan visite après l’agression israélienne sur la bande de Ghaza. L’Algérie et la Turquie ont une très grande similitude de vues sur la crise en Palestine.
C’est donc une opportunité pour les deux chef d’État de décider d’un certain nombre de mesures communes concernant la cause palestinienne, et ce pour la première fois après le Sommet arabe qui s’est tenu à Riyad en Arabie saoudite. Ceci d’autant plus que le Président Erdogan avait déjà annoncé qu’il souhaitait que l’entité sioniste soit poursuivie pour crimes contre l’humanité auprès des instances internationales. Il est donc attendu de voir les deux Présidents enclencher un certain nombre de mesures et d’actions sur le plan international, en réaction à l’agression israélienne sur la Palestine.
K. A.

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