Redouane Bouhidel, enseignant en sciences politiques : Les élections, une monographie de la société

Le nombre de femmes dans la nouvelle composante de l’Assemblée populaire nationale a nettement régressé, passant, selon les résultats préliminaires annoncés par l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), de 118, lors des élections législatives de 2017, à 34, soit 8,3% du nombre total de députés, soit 407.
Contacté, le Dr Redouane Bouhidel, enseignant à la faculté des sciences politiques et des relations internationales d’Alger, estime que les résultats étaient prévisibles par rapport au mode de scrutin adopté par l’Algérie, pour la première fois, à l’occasion de ses élections législatives.
Il soutient que le nouveau système électoral n’a pas encouragé la société algérienne à élire des femmes au niveau de l’Assemblée. «Les élections législatives ont montré la réalité et la vision de la société algérienne vis-à-vis de la femme et sa représentativité au sein du Parlement», regrette-t-il, ajoutant que le recul enregistré par rapport au nombre de femmes est dû à l’adoption de la liste ouverte proportionnelle.
Il dira que même si la nouvelle loi électorale impose la parité hommes-femmes dans les listes électorales, le mode de scrutin de liste ouverte donne toute la latitude aux électeurs d’élire le candidat choisi.
«La nouvelle loi électorale exige une parité entre les deux sexes dans les listes électorales et non pas dans les résultats. Ce qui explique le taux obtenu en matière de représentativité de femmes à la nouvelle Assemblée populaire nationale, contrairement à l’ancienne loi électorale qui obligeait les partis politiques à consacrer 30% de leurs listes électorales aux femmes élues», explique le politologue qui considère que la mentalité de la société a posé un problème dans l’application de la parité contenue dans le nouveau mode de scrutin.
Et d’expliquer : «La société algérienne n’est pas suffisamment préparée pour voter en faveur des femmes, notamment dans certaines régions. D’où la nécessité d’un travail de terrain pour changer les mentalités afin de permettre une meilleure représentativité des femmes aux assemblées élues dans le futur.»
Kamélia Hadjib

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