Commentaire : Des succès et des échecs à méditer

Le rideau est presque tombé sur des élections législatives anticipées qui ont suscité beaucoup d’intérêt et de passions. Ceux qui se sont rendus aux urnes ont manifesté le fort sentiment d’avoir exprimé leur voix dans le cadre d’un suffrage régulier. Pour le Président de la République «ces élections sont un deuxième jalon dans le processus de changement et d’édification d’une Algérie démocratique plus proche du citoyen qu’avant.» Mohamed Charfi, président de l’ANIE, a quant à lui mis l’accent sur la dynamique enclenchée le 22 février 2019, confortée par un nouvel acquis institutionnel. Les résultats (provisoires jusqu'à la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel) ont fait ressortir une nouvelle donne. Les contours de l'Assemblée, dans sa 9e législature, commencent à se profiler avec l'absence d'une majorité absolue. Cela étant, l’éventualité, parfaitement envisageable, d’alliances parlementaires pour obtenir la majorité au sein de l’hémicycle du boulevard Zighoud-Youcef, n’a rien d’insurmontable dès lors que se pose la question de la formation d’un nouveau gouvernement. La victoire est revenue au parti du FLN qui conserve son leadership à l’APN en décrochant 105 sièges. Il n’en détient pas pour autant la majorité parlementaire.
On peut expliquer ce succès par le maintien d'une base électorale classique structurée et une fidélité ancrée chez les militants qui votent et qui portent à bout de bras leur parti, quelles que soient les circonstances.
Les «indépendants ont effectué une véritable percée en s'érigeant en deuxième force politique. Un fait inédit qui n’étonne pas vraiment si l’on daigne réfléchir correctement. L’émergence du pôle des indépendants est une des conséquences du déclin des partis, d’une manière générale. Ce déclin n’est pas propre à l’Algérie. Partout, à travers le monde, le mode opératoire des partis politiques s’érode pour cause de défiance des électeurs.»
Le Front El Moustakbel enregistre une nette progression et son président, Abdelaziz Belaid, ne cache pas sa satisfaction. Ombre au tableau, les femmes ne représentent que 8,35 % de la composante de l’APN ,ce qui s’apparente à une regrettable régression. Dans ce cas de figure, la parité hommes-femmes ne s’est pas réalisée. Le Mouvement de la société de la paix qui ne cesse de crier haro sur le baudet, a finalement tiré son épingle du jeu en préservant sa troisième place. Il a même doublé le nombre de ses sièges. Le net recul des partis islamiques aura été un des faits les plus marquants. Le naufrage d’Abdallah Djaballah, président du Front de la justice et du développement est parfaitement éloquent. Vivant sur le souvenir d’un charisme aujourd’hui improductif, refusant de renouveler son personnel, multipliant la création de partis à sa dévotion, ressassant un discours bâti autour de deux «ténors» à l’Assemblée, Djaballah risque de vivre une véritable traversée du désert. Et il n’est pas le seul à subir ce sort dans cette mouvance politico-religieuse.
Une remarque s’impose. Les partis qui se contentent de l’aura de leurs chefs, de la faconde et du talent oratoire de leurs «guides», qui s’obstinent dans un passéisme de mauvais aloi, ne résistent pas à l’épreuve du terrain, se voient laminer purement et simplement.
Le Rassemblement national démocratique a subi, nous semble-t-il, un échec électoral. Ce parti a toutes les raisons de se remettre en cause en perdant la moitié de ses sièges.
Jil Djadid a été un des grands perdants de ce scrutin. Avec des candidats jeunes et diplômés lancés dans le bain par Sofiane Djilali, un politicien chevronné, sa déroute surprend.
M. Bouraib

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