Questions orales à six ministres au Conseil de la Nation : Des acquis et des objectifs

Photos : Louiza M.
Photos : Louiza M.

- Énergie : Près de 30 % des zones d’ombre raccordées au réseau d’électricité
- Exploitation des forêts : Nécessité d’ouvrir l’investissement
- Prise en charge des malades affectés par la Covid-19 : Poursuite de la stratégie établie au début de la pandémie
- Prise en charge des enfants privés de famille : Un cadre de concertation intersectoriel en préparation
- Algérie Poste  : 4.022 milliards de DA retirés de janvier à novembre
- Enseignement supérieur  : La nouvelle loi d’orientation en cours d’enrichissement

---------------------------------

Le Conseil de la nation a abrité, jeudi dernier, une séance plénière consacrée aux questions orales, onze au total, adressée à six ministres, sous l’égide de Hamid Bouzekri, vice-président de la Chambre haute du Parlement. Energie, Agriculture, Santé, Poste et Télécommunication, Enseignement supérieur et Solidarité ont constitué l’essentiel des préoccupations des sénateurs qui, chiffres  et détails à l’appui, se sont attelés à mettre en exergue les réalisations et acquis phares de cette année 2020 marquée par le contexte difficile de la crise de la Covid-19, non sans expliciter les projets inscrits à court et à moyen termes, en application du Plan d’action du gouvernement.

Énergie
Près de 30 % des zones d’ombre raccordées au réseau d’électricité

Près de 30% des 15.000 zones d’ombre recensées, totalisant une population de 8,5 millions d’habitants, ont été raccordées au réseau électrique, a affirmé le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar. Dans une déclaration à la presse, il a aussi écarté toute possibilité d'augmentation des prix de l’électricité ou du gaz naturel aux citoyens à consommation modeste, notamment ceux résidant dans des immeubles, qu’il décrit comme étant la majorité de la clientèle de Sonelgaz. En revanche, «une réflexion est en cours au plus haut niveau de l’Etat sur une possibilité de révision à la hausse des prix pour les tranches importantes de consommation», précisant à ce propos que des seuils au-delà du raisonnable ont été constatés. En décodé, si augmentation il y a, elle ne concernera que des grandes entreprises et établissements, ceux notamment alimentés par la haute tension. Une telle option, si elle venait à être officiellement validée, aurait un impact positif sur plusieurs volets, plaidera le ministre. «D’une part, la réalisation des projets d’investissement du groupe Sonelgaz sera financièrement mieux soutenue, d’autre part, les citoyens seront incités à rationaliser leur mode de consommation d’électricité et de gaz». M. Attar soulignera l’impératif de s’orienter graduellement vers la transition énergétique dans les dix prochaines années et d’épargner du gaz naturel aux générations futures. En sus des investissements projetés, Sonelgaz se charge également de l’entretien de ses réseaux et équipements, et plusieurs projets sont en cours de réalisation. Ces projets en question ont fait l’objet d’une levée du gel qui était en vigueur depuis 2016, l’exécution des travaux ayant repris il y a un an, précisera M. Attar dans sa réponse à un sénateur de Mostaganem, ajoutant que Sonelgaz s’attelle constamment à améliorer sa prestation de service. A une question portant sur les coupures d’électricité, il dira que la plupart n’impliquent pas Sonelgaz. A Mostaganem qui a bénéficié, d’un réseau de haute tension de plus de 2,500 km, il a été procédé, cette année, à l’entretien de 5 km des réseaux et au changement de 13 postes de transformation. Dans cette même wilaya où le taux de raccordement à l’électricité a atteint 97%, tandis que celui du gaz est de 58 %, 13 sur les 38 demandes de raccordement de surface agricole ont été satisfaites cette année. Plus de la moitié des 266 zones d’ombre recensées à Mostaganem ont été également raccordées au courant électrique. A propos du recrutement dans le secteur énergétique, le ministre expliquera qu’il «ne répond pas à des quotas ni au rendement des gisements mais plutôt aux besoins des projets en cours de réalisation. Les offres du secteur public énergétique concernent les régions accueillant le plus grand nombre de projets, selon leurs besoins».
Karim Aoudia

////////////////////////////

Exploitation des forêts
Nécessité d’ouvrir l’investissement

Conservation et aménagement des forêts, optimisation des mécanismes d’exploitation des surfaces agricoles et relance des projets d’investissement, autant de thèmes soumis au ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Abdelhamid Hamdane a d’abord informé qu’un projet de loi sur les forêts définissant les modalités de leur exploitation sur la base d’un cahier des charges sera bientôt soumis au gouvernement. Enchaînant sur l’impératif d’élever le domaine des forêts au rang d’espace économiquement utile, il a appelé à l’ouverture de l’investissement pour créer de la richesse et de l’emploi, rappelant la grande importance qu’accorde son département au secteur des forêts, plus particulièrement celles classées «sites protégées», à l’exemple des forêts de M’Sila et d’Oran que le ministère œuvre à conserver à travers le lancement de différents projets.
Il relève également que les travaux d’aménagement de la forêt de Canastel à Oran confiés à une entreprise locale sont à l’arrêt du fait «des contestations et des plaintes de la société civile». Les services des forêts de la wilaya d’Oran, ont publié, dit-il, des avis d’investissement pour quatre forêts de loisirs et qui, au vu de leur issue infructueuse, seront publiés encore une fois.
M. Hamdane rappellera par ailleurs les dégâts provoqués par une dizaine d’incendies de forêt déclarés simultanément dans une dizaine de wilayas. 2.400 hectares ont été ravagés par les flammes, de 60 à 70% de cette superficie dans la seule wilaya de Tipasa. Il assure aussi avoir débloqué avant le 15 de ce mois les indemnisations au profit des victimes, conformément aux instructions du Premier ministre. «Cette opération est toujours en cours».

50 % du foncier agricole n’est pas exploité

A l’échelle nationale, la moitié du foncier agricole n’est pas exploitée a relevé le ministre dont le département veille à la récupération pour la réalisation de projets d’investissements prometteurs. A Adrar 102.000 ha de superficie agricole ont été récupérés et redistribués au bénéfice de 170 investisseurs. Il expliquera à un sénateur, qui l’a interrogé sur l’investissement dans cette même wilaya, que 107 dossiers ont été déjà traités par son département depuis l’année dernière avant d’être transmis aux services de la wilaya et lever les réserves le cas échéant.
La régularisation de la situation de 75 projets d’investissement à Adrar fera l’objet d’une commission technique diligentée par le ministère pour assainir définitivement cette situation.
«L’étude des dossiers d'exploitation du foncier agricole de l'Etat réservé à l'investissement et leur validation se font au niveau de la commission de wilaya, à l'exception des dossiers dont la superficie dépasse les 100 ha qui sont transférés au ministère pour un avis technique», a-t-il précisé, rappelant avoir instruit le wali d’Adrar «pour l'application de la loi afin de récupérer le foncier agricole non exploité qui servira à l'investissement».
Pour les régions du Sud, il sera procédé à la création d’une agence qui se chargera du traitement de tous les projets d’investissement sous forme de guichet unique.
K. A.

////////////////////////////

Prise en charge des malades affectés par la Covid-19
Poursuite de la stratégie établie au début de la pandémie

«Il est pratiquement impossible d’accueillir un grand nombre de malades atteints par la Covid-19 dans un seul établissement, faute de moyens matériels et humains», a indiqué le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid. Une telle démarche est «complètement raisonnable», a-t-il soutenu, mettant l’accent sur la poursuite de la stratégie de traitement médical des patients contaminés telle qu’elle a été établie par le ministère depuis le début de l’épidémie. Il ne sera donc pas question de création ou d’affectation d’un quelconque établissement donné pour soigner ces malades car en la matière la stratégie mise en place «tend à protéger les malades non infectés et ceux souffrant d’immunodépression tels que les cancéreux et les insuffisants rénaux». Afin d’éviter la contamination dans les établissements hospitaliers accueillant les malades, le secteur de la santé s’est engagé à suivre le protocole relatif à leur accueil avec l’affectation d’espaces de sélection loin des urgences. Plus de 18.000 lits et 1.400 lits en soins intensifs ont été aménagés dans plusieurs services dédiés au traitement de la Covid-19 à l’échelle nationale, souligne le Pr Benbouzid. Il mettra l’accent sur la mobilisation du personnel médical qui veille en permanence sur les malades lequel personnel enregistre quelque 141 décès et plus de 10.800 contaminations et auquel il a rendu un vibrant hommage, ainsi qu’à l’ensemble des travailleurs du secteur et tous ceux qui «ont démontré un haut sens de responsabilité, de courage et de dévouement face à cette pandémie». C’est en reconnaissance des efforts et sacrifices consentis dans ce combat que «le Président de la République a décidé d'accorder aux employés du secteur de la santé une prime mensuelle exceptionnelle en contrepartie du risque quotidien auquel ils sont exposés dans l'exercice de leurs fonctions. Abderrahmane Benbouzid a par ailleurs informé de la dotation prochaine de la localité de Boudouaou d’un hôpital spécialisé dans les maladies mentales d'une capacité de 120 lits dont les travaux sont achevés.
Le projet de construction d’un deuxième hôpital spécialisé dans la prise en charge de la mère et de l'enfant d'une capacité de 80 lits à Boumerdès sera engagé sous peu, a-t-il indiqué. Un autre projet d’hôpital de 240 lits à Boumerdès a été lancé dont les travaux sont avancés à 25%. Le projet d’hôpital de 60 lits à Khemis El Khechna est toujours soumis à des procédures de gel de 2015, cela s'inscrit dans le cadre de la politique de l'Etat pour rationaliser les dépenses publiques».
K. Aoudia

////////////////////////////

Prise en charge des enfants privés de famille
Un cadre de concertation intersectoriel en préparation

L’Algérie dispose d’un réseau institutionnel de 53 établissements répartis à travers une quarantaine de wilayas dédié à la prise en charge des enfants privés de familles a précisé la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouter Krikou. Plus de 1.000 enfants nécessitant une assistance sont accueillis au sein de ces établissements. Une concertation intersectorielle est en cours pour définir les formules les mieux adaptées et trouver les voies à même d’assurer un placement de ces enfants en milieu familial, en matière de prise en charge, l’objectif final est de baliser le terrain vers une insertion socioprofessionnelle pour les concernés. Mme Krikou expliquera que le cadre de concertation auquel œuvre son département vise à exploiter «les canaux socio-juridiques garantissant l’intérêt suprême de l’enfant». S'agissant des enfants placés en Kafala, la ministre dira que leur nombre a dépassé les 500 au cours de cette année, précisant que les documents requis pour le dossier de Kafala sont stipulés par la loi et concernent en majorité l'état civil et la situation socio-économique et psychologique des familles d'accueil. Plus de 6.000 demandes formulées par des familles désirant prendre en charge un enfant ou plus ont été enregistrées par les Directions de l’action sociale et de solidarité (DASS), a-t-elle également relevé. K. A.

////////////////////////////

Algérie Poste
4.022 milliards de DA retirés de janvier à novembre

Un montant de 4.022 milliards de DA a été retiré des bureaux de poste et des guichets automatiques de janvier au 30 novembre dernier a révélé le ministre de la Poste et des Télécommunications, Brahim Boumzar, précisant que 763 milliards de DA avaient été retirés des GAB. Il citera par la même la batterie de mesures décidées par son département pour faire face au manque de liquidité dans les bureaux de poste, ayant coïncidé avec la crise sanitaire.
Il rappellera l'installation d'une cellule d'écoute et de suivi chargée de suivre quotidiennement la situation des liquidités pour en assurer la disponibilité et la promotion du e-paiement mettant l’accent sur les résultats encourageants enregistrés à travers les opérations opérées en ligne via la carte Eddahabia. Idem pour les terminaux de paiement électronique (TPE), où l’on enregistre huit fois le nombre d’opérations relevées à la même période en 2019. Un nouveau service de paiement par code à réponse rapide, dit Code QR, a été lancé via Barid Pay, permettant aux clients d’Algérie Poste d'effectuer, avec célérité, des paiements sur smartphone.
Une autre mesure consiste en la suspension temporaire des opérations de retrait d’argent par des personnes morales titulaires de comptes CCP et qui ont été orientées notamment vers les banques afin d’accorder la priorité aux opérations de retrait des salaires, pensions et retraites.
Dans la même optique, il a été procédé à la mise en place d’un système de plafonnement provisoire des retraits dans les bureaux poste pour satisfaire un plus grand nombre de citoyens. A cela s'ajoutent les bureaux de poste mobiles mis au service des institutions et des administrations et plus particulièrement au profit du personnel de la santé engagé dans la bataille contre le coronavirus. S’agissant de la couverture de téléphonie mobile sur certaines routes des wilayas de Djelfa et Ouargla, le ministre a fait état de l'entrée en service de quatre sites de Mobilis et de l'annulation de l'installation de quatre autres du même opérateur ; son département prépare également le lancement de l'itinérance nationale (roaming) permettant d'utiliser les réseaux de différents opérateurs mobiles.
K. A.

////////////////////////////

Enseignement supérieur
La nouvelle loi d’orientation en cours d’enrichissement

La nouvelle loi d’orientation de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique est en phase d’enrichissement par les établissements universitaires qui examinent ce projet sous ses différents aspects, y compris tous les scénarios des études des doctorat a indiqué le ministre Abdelbaki Benziane .
Il expliquera que le recours à un concours comme condition pour la formation en cycle de doctorat est dû «à la multitude de candidats titulaires de master et désireux d’accéder à ce cycle de formation , le nombre de postes ouverts annuellement dans les établissements supérieurs éligibles à l’organisation de cette formation étant limité».
Les anciennes procédures en vertu desquelles les titulaires d’un master pouvaient accéder au doctorat sur la base d’un visa accordé par le comité scientifique ont été modifiées dans le cadre d’une nouvelle stratégie à moyen terme.
«Le nombre de doctorants au titre de l’année universitaire 2019-2020 était estimé à près de 131.000 candidats pour les épreuves écrites du concours de doctorat, postulant pour 6300 postes de formation ouverts durant la même année», soutient-il.
Ce nombre pourrait doubler dans la mesure où chaque candidat peut participer à trois concours au moins dans différents établissements universitaires, ce qui portera le nombre de participants à près de 400.000.
M. Benziane mettra en relief le caractère prioritaire de la formation doctorale et son rendement pour le secteur, citant en ce sens la batterie de mesures décidées en ce sens , entre autres , la création d’une commission nationale de réhabilitation des cursus de formation doctorale et une autre chargée de l’examen des offres proposées par les établissements de l’Enseignement supérieur, avec la détermination des postes de formation ouverts pour chaque offre, en tenant compte des capacités scientifiques et humaines disponibles au niveau de chaque établissement.
Un comité de formation doctorale a également été créé au niveau de chaque établissement universitaire avec l’élaboration d’une charte des droits du doctorant et ses obligations, ce qui permettra aux organismes d’évaluation d’assurer le suivi pédagogique de l’étudiant.
A une question sur l’ouverture d’un département pour les langues allemande et espagnole et un autre pour les sciences islamiques à l’Université de Tiaret, le ministre a précisé que cette mesure «exige de l’établissement universitaire de formuler une demande dans le cadre des conférences régionales».
Karim Aoudia

Sur le même thème

Multimedia