Pr Noureddine Kouadria (Université Badji-Mokhtar d’Annaba) : «Un outil de prospective et d’aide à la décision»

Propos recueillis par B. Guetmi

Nous nous sommes rapprochés du professeur Noureddine Kouadria, enseignant à l’Université Badji-Mokhtar de Annaba (UBMA), pour nous livrer son point de vue sur cette opération nationale en tant qu’expert en économie de développement, membre de laboratoires de recherche et professeur associé à l’Ecole supérieure de Gestion. Interrogé sur l’objectif du RGPH qui mobilise d’importants moyens matériels et financiers, l’intervenant souligne que c’est désormais une institution en Algérie, dès lors qu’il constitue la référence de base de toutes les projections sectorielles, qu’il s’agisse de politiques publiques ou d’actions économiques privées. Soixante années d’indépendance correspondant aux six principaux recensements s’inscrivent dans les standards en usage dans les pays les plus avancés, a-t-il expliqué. Il estime que son utilité reste incontestable puisqu’il est attendu par l’ensemble des acteurs des territoires pour faire l’inventaire de tous leurs efforts sur dix années durant et leur permettre ainsi d’élaborer les ajustements nécessaires.
Les besoins en logements, en établissements scolaires et universitaires, de santé, sont définis en rapport direct avec la structure démographique de la population, et la pyramide des âges en est un important déterminant.
Mais le recensement en lui-même est un décompte brut de chiffres concernant la population et l’habitat et ne dégage que les tendances lourdes dans ses premières lectures. Ce sont les différents traitements élaborés en aval de ces résultats qui permettent de produire des informations plus significatives aux différents utilisateurs. Donc, il faudrait attendre jusqu’à une année pour pouvoir disposer des résultats définitifs de ce RGPH et avoir la possibilité de l’exploiter dans toutes ses dimensions, argumente-t-il. Dans un autre volet et au titre des politiques publiques, le RGPH constitue, souligne le Pr Kouadria Noureddine, une matrice incontournable dans l’estimation des besoins présents et futurs de la population, selon les tranches d’âge et la nature des attentes et ce, autant pour l’ensemble des départements ministériels que pour les collectivités territoriales (wilaya et commune).
Cela représente en soi, selon lui, un élément très important dans la maîtrise et l’élaboration des programmes publics, et surtout dans le ciblage des priorités territoriales tant décriées par le Schéma national d’aménagement du territoire et du développement durable (SNAT-DD). L’équilibre régional, les Hauts plateaux, le Sud et l’extrême Sud sont des problématiques majeures qui trouvent leur explication au travers des résultats de ce RGPH. La vision stratégique du développement territorial, qui s’inscrit dans le très long terme, les intègre systématiquement dans sa logique de redéploiement de la population et de l’habitat qui accompagne généralement les grandes lignes de la politique économique nationale (loi sur l’investissement, avantages liés aux zones, etc.), mentionne-t-il. Il ndique, par ailleurs, qu’au titre de l’activité économique, ce recensement général permet de mieux connaître et surtout de conforter les études thématiques dédiées au nombre de ménages, à leur taille et à leurs modes de consommation. Les revenus de ces ménages constituent aussi une donnée essentielle pour la connaissance du marché et de sa capacité d’absorption de l’offre de biens et services, et surtout de bien cibler leurs attentes dans les domaines sociaux tels que le logement, l’éducation, la formation, la santé et le transport.
Enfin, c’est grâce aux résultats du RGPH que l’ensemble des acteurs économiques et sociaux, publics et privés, s’accordent à travailler sur une même base de données, ce qui facilite la coordination intersectorielle et collabore à un discours partagé, gage d’une bonne gouvernance.

B. G.

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