Pr Khiati, président de la Forem : «Vérifier la séquence génétique du virus avant l’acquisition du vaccin»

Le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et du développement de la recherche en Algérie juge nécessaire la vérification de la séquence génétique actuelle du Coronavirus avant de procéder à la commande du vaccin, qui pourrait, selon lui, s'avérer totalement inefficace en cas de mutation du virus. «Il est difficile de présager dans les circonstances actuelles la nationalité du vaccin que l'Algérie va acquérir, étant donné que tous les laboratoires qui ont développé un vaccin anti-Covid-19 n'ont pas encore achevé la phase d'essais cliniques», explique à El Moudjahid le professeur Mostefa Khiati qui souligne que les fabricants doivent obtenir le feu vert de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ou des laboratoires de contrôle internationaux, pour entamer la commercialisation à travers le monde, ce qui ne s'est pas encore produit jusqu'à présent.
Le pédiatre affirme que de nombreux points d'interrogation liés aux vaccins développés nécessitent des «réponses rassurantes», telle la période de validité du vaccin dans le corps ou encore s’il confère la même immunité pour différentes tranches d'âge. Il fait part également des contraintes logistiques qui empêchent l'obtention de certains types de ces vaccins, et cite, à ce propos, certains vaccins qui nécessitent une température de refroidissement inférieure à 80 degrés et d'autres dont on ignore encore les résultats des essais cliniques. Le président de la FOREM salue, par ailleurs, l’initiative de l'Algérie, à travers l'Institut Pasteur, d'étudier le séquençage génétique actuel du virus Covid-19, pour voir s'il a subi des mutations, car ce type d'étude déterminera le vaccin à acquérir, le sondage mené récemment en Europe et aux États-Unis d’Amérique ayant montré qu'entre 30% et 50% des personnes interrogées refusent de prendre le vaccin. «Les dernières études ont montré aussi que le nombre de décès dus au coronavirus ne dépasse pas 4% du total des cas infectés, ce qui est bien inférieur à la situation qui a prévalu au début de la pandémie. Cela veut dire que le virus est moins virulent par rapport au passé, ce qui indique un changement dans sa composition génétique qui constitue la référence de base pour le développement de tout vaccin», nuance-t-il encore.
Pour ces raisons, il est difficile, poursuit-il, d’anticiper le choix du vaccin qui sera acquis par l’Algérie et qui ne sera pas prêt avant le premier trimestre de l’année prochaine. «Le défi n’est pas d’acquérir le vaccin à tout prix, mais de s’assurer de son efficacité. Finalement, les mesures préventives demeurent le maitre mot de la situation et le meilleur moyen pour éviter la propagation de l'épidémie à un point difficile à contrôler», assure le Pr Khiati, rappelant que l’Algérie multiplie les contacts avec les laboratoires en course pour le vaccin et leurs représentations diplomatiques afin d’être parmi les premiers pays à l’acquérir.
Outre son adhésion à la plateforme Covax de l’OMS, qui compte 170 pays, dont l’objectif est d’accélérer la mise au point et la fabrication du vaccin et d’en assurer un accès juste et équitable à l’échelle mondiale, l’Algérie poursuit ses consultations avec les laboratoires, mais, pour le moment, aucune décision définitive n’a été communiquée. «L’Institut Pasteur d’Algérie est lui aussi en négociation avec des laboratoires russes, chinois, américains et britanniques, pour sécuriser la demande.»
Dans une publication sur sa page facebook, le docteur Elias Bey Akhamouk, membre de Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie de coronavirus en Algérie, indique que le comité scientifique étudie les meilleures offres pour l’acquisition du vaccin le plus efficace et le plus sûr, quel que soit son coût, le premier lot étant prévu pour le premier trimestre 2021.
Salima Ettouahria

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