Plusieurs accords signés, parfaite entente politique, réception au Vatican et accueil très chaleureux du Président Tebboune en Italie : Retour sur une visite exceptionnelle

La visite que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, vient d’effectuer en Italie est loin d’être banale. Il s’agit d’un déplacement dont le contenu épouse ce que préconise la politique étrangère de l’Algérie nouvelle avec l’ensemble de ses partenaires : respect mutuel, vision pragmatique, coopération économique, accords commerciaux, dialogue fructueux. Preuve qu’on peut avoir des relations apaisées et mutuellement bénéfiques même avec des pays avec lesquels il peut y avoir des divergences idéologiques.

L’Algérie et l’Italie sont presque des pays voisins, puisque leurs frontières sont séparées uniquement par une mer, soit par des eaux internationales. Les relations actuelles entre les deux pays sont l’archétype de ce que devraient être les relations entre pays voisins, même différents sur le plan civilisationnel, politique ou idéologique. La preuve en avait été donnée en 2021, avec la visite qu’avait effectuée en Algérie le président de la République italienne, Sergio Mattarella, avec plusieurs accords à la clef, et en 2022 à l’occasion de la première visite que le président de la République avait effectuée en Italie, et encore plus en janvier 2023 lorsque la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, avait choisi l’Algérie pour sa première visite à l’étranger depuis sa nomination à ce poste en octobre 2022. Soit des échanges denses et fructueux qui, de surcroît, ont dépassé le cadre purement protocolaire puisqu’ils ont tout le temps été accompagnés d’accords et de projets communs concrets. Le plan Mattei (du nom d’Enrico Mattei, fondateur du géant pétrolier italien ENI, grand ami de la révolution algérienne) a souvent été évoqué dans les déclarations des deux parties, surtout de la partie italienne. Il s’agit du plan que le gouvernement actuel en Italie compte appliquer à l’adresse de l’Afrique, reposant sur la nécessité d’aider les pays africains, par l’investissement, à assurer leur stabilité économique interne afin d’éviter des migrations massives vers l’Europe dont l’un des portails emblématiques est l’Italie.
Giorgia Meloni a compris que c’est par des investissements dans les pays d’Afrique et par la création d’emplois qu’on peut prévenir un déferlement migratoire et non pas à coups d’OQTF ou d’injonctions paternalistes. Il se trouve que le pays sur lequel le plan Mattei peut s’appliquer avec les plus grandes chances de succès est l’Algérie. Déjà, pour une raison de compatibilité des objectifs : l’Algérie veut développer une économie hors-hydrocarbures forte et des énergies propres, ce que recherche l’Italie. Ensuite, en raison de précédents à succès, dont le gazoduc Transmed, qui ont installé un partenariat solide et, surtout, des relations de confiance.
Enfin, parce que, loin de se contenter de vœux pieux et de discours creux, l’Italie a lancé des projets d’investissement d’envergure dont certains, à l’image de l’usine de construction de voitures du groupe Stellantis, sont déjà concrétisés.
On peut citer, entre autres, le projet intégré du groupe Bonifiche Ferraresi, sous le label BF El Djazaïr, pour la production de céréales, de légumineuses et de pâtes alimentaires dans la wilaya de Timimoun sur une superficie de 36.000 hectares, lequel projet a été élargi pour inclure la production de viande rouge. Il s’agit-là d’investissements directs et concrets qui ne peuvent être que mutuellement fructueux, suivant la formule gagnant-gagnant : l’Algérie produira localement des céréales, des légumineuses, des pâtes alimentaires et des viandes rouges, nécessaires à sa sécurité alimentaire, et emploiera, par là-même, une main-d’œuvre locale, assurant ainsi des milliers de postes d’emploi directs et indirects, et l’Italie gagnera sa part des dividendes en plus d’être prioritaire pour l’importation de ces produits, surtout que les pâtes alimentaires sont un aliment-phare en Italie. C’est cette approche pragmatique de la coopération économique qui a amené les deux parties à conclure la visite récente de M. Abdelmadjid Tebboune à Rome par une nouvelle salve d’accords bilatéraux ayant touché différents domaines dont celui, inédit, de la coproduction cinématographique.
Là aussi, il s’agit d’accords sur des projets concrets et non pas de simples promesses protocolaires.
La coopération dans le domaine des énergies, déjà forte entre les deux pays avec, notamment, la fourniture de gaz naturel, à travers Transmed, et de pétrole, va être renforcée par la fourniture d’énergies propres tels l’hydrogène vert et l’électricité, consolidant ainsi la place de l’Algérie sur le marché énergétique mondial en général et européen en particulier. Plus même : cet accord devrait consolider le statut de l’Algérie comme hub énergétique en Afrique et l’Italie comme hub énergétique en Europe. Les relations économico-commerciales entre l’Algérie et l’Italie sont un modèle d’échanges mutuellement satisfaisants.
Le type d’échanges que l’Algérie veut avoir avec tous les pays européens, dont ceux de l’Union européenne, pour qu’aucune partie ne soit lésée. Des ponts (en sus de gazoducs) peuvent et doivent être jetés entre les deux rives de la Méditerranée, pour peu qu’il y ait respect mutuel. Alger tient toujours à des partenariats solides avec l’autre rive. C’est juste qu’elle a changé d’accent. On dit que tous les chemins mènent à Rome. En l’occurrence, ceux de la coopération plus que d’autres.

F. A.

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