Mourad Bergheul, chercheur en économie verte : «Relever les défis du présent pour une approche d’anticipation»

Parmi l'un des pays sévèrement affecté par la désertification, l'Algérie est, à l’instar des pays africains et d’autres pays de la rive sud de la Méditerranée, particulièrement vulnérable aux effets multiformes des changements climatiques qui menacent de compromettre son développement économique et social.
Mourad Bergheul, expert-consultant formateur à l’entrepreneuriat, et chercheur en économie verte, veut attirer l'attention, notamment sur les problématiques liées à la lutte contre la désertification et la déforestation en ce qu'elles s'articulent, notamment sur «la gestion rationnelle des ressources en eau et de l’énergie, la recherche de solutions pour faire face à l’épuisement à terme des ressources en hydrocarbures, la réduction des émissions dues à la combustion des énergies fossiles, l’adaptation des secteurs de l’eau et de l’agriculture-foresterie au changement climatique et la réduction des pollutions industrielles et urbaines constituent les principaux défis environnementaux du pays. Pour M. Bergheul «il y a urgence de réaliser un état des lieux et une évaluation des actions et plans nationaux ayant été menés à ce jour».
Fidèle à ses engagements contractuels, l’Algérie renouvelle, sa détermination à travailler, de concert avec l’ensemble des parties contractantes, en vue de la réalisation des objectifs de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). A cet effet, l'Algérie réaffirme, au plus haut niveau, sa volonté de ne ménager aucun effort pour faire face à l’urgence climatique, et réitère la nécessité de l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qu’il soit à la fois ambitieux et durable, inspiré par les dernières données scientifiques et articulé autour du principe de la responsabilité commune mais différentiée des Etats, tout en tenant en considération, les circonstances spécifiques et les capacités respectives des parties contractantes.

L'Algérie respectueuse de ses engagements 
 
C’est dans cet esprit, explique Mohamed Réda Ouguenoune, spécialiste en gestion environnementale des installations classées que «l'Algérie se veut un acteur majeur au niveau régional en matière de protection de l’environnement». Le spécialiste souligne que «notre pays a un rôle prépondérant et s’implique de manière marquée dans cette dynamique mondiale», et de noter également que «l’Algérie est un des rares pays à avoir ratifié ou signé la majorité de conventions et accords environnementaux internationaux en vigueur».
En tant que pays en développement, la responsabilité historique de l’Algérie en matière d’accumulation des gaz à effet de serre n’est nullement engagée. Émettant peu gaz à effet de serre, sa responsabilité actuelle est très limitée. En outre, les besoins de croissance du pays sont en constante augmentation afin de répondre aux attentes légitimes de développement économique et social de sa population, et en particulier de sa jeunesse.
Selon les données publiées par les différents organismes d'Etat et des laboratoires de recherche universitaire, l'Algérie est de plus en plus confrontée à la recrudescence d’évènements climatiques extrêmes qui accentuent sa vulnérabilité. En outre, la récurrence des cycles de sécheresse, devenus de plus en plus longs, a accéléré la désertification. Concernant l'atténuation des gaz à effet de serre, la contribution de l’Algérie porte sur les trois gaz les plus importants en termes d’émission, à savoir le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4) et l’oxyde nitreux (N20). 
Faut-il rappeler que l'Algérie s'est lancée en 2015 dans un programme ambitieux visant la réduction de 9% de la consommation globale d’énergie à l’horizon 2030 et ambitionne de procéder à l’isolation thermique d’un important programme de logements, ainsi qu’à la conversion au GPL d’un million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus. En matière de réduction de méthane, l’Algérie entend accorder la priorité à la gestion des déchets solides ménagers. Elle ambitionne de réaliser, à l’horizon 2030, une couverture complète de son territoire de la collecte des déchets, entrainant ainsi une réduction considérable des quantités d’émission en équivalent de CO2. 
La préoccupation environnementale existe depuis les premières années de l'indépendance. Parmi les avancées observables, les autorités publiques ont créé et installé le Haut Conseil de l'énergie (HEC). Outre «la transition énergétique vers un nouveau modèle national de production et de consommation d'énergie en fonction des ressources énergétiques et minières nationales, des engagements extérieurs et des objectifs stratégiques à long terme du pays», le HEC aura pour missions de statuer également sur «la régulation du marché énergétique national, l'impact de la situation énergétique nationale et internationale sur le pays, la valorisation des ressources énergétiques, la dimension énergétique liée à l'environnement et au changement climatique».
 
Tahar Kaidi

 

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