Messaoud Belambri, président du Snapo : «Exportation du CoronaVac en 2023»

Le ministre de l’Industrie pharmaceutique a annoncé, récemment, que l’Algérie projette l’exportation, à l’horizon 2023, du vaccin contre la Covid-19, le CoronaVac, dont la production a été lancée. Une échéance que le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) trouve tout à fait raisonnable.

Entretien réalisé par Kamélia Hadjib

El Moudjahid : Les pouvoirs publics prévoient le début des exportations du CoronaVac en 2023. Cet objectif est-il réalisable?
Dr Belambri : l’échéance avancée par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, 2023, pour aller vers l’exportation de ce vaccin est un délai tout à fait raisonnable. Car Saidal prévoit la production d’un million de doses de vaccins le mois d’octobre, puis 2 millions en novembre pour atteindre une quantité de 50 millions de doses/an, voire 200 millions de doses.
Il faut rappeler que cette cadence de production porte sur un volume horaire de huit heures par jour. Si on multiplie le travail par deux ou par trois équipes, il est sur que les capacités de production seront multipliés par deux ou trois, ce qui nous permet d’aller vers l’exportation dans le délai annoncé. D’autant plus que pratiquement 90 à 95 % des importations des vaccins anti-Covid en Algérie proviennent des chinois de Sinovac. Il faut savoir qu’il n’ y a pas beaucoup de pays au monde qui produisent le vaccin. Le coronavirus est une maladie virale qui va durer dans le temps. Le seul moyen de se prémunir contre ce virus, est de se faire vacciner. C’est exactement comme l’histoire de la grippe saisonnière ou chaque année, on doit se faire vacciner parce que le virus revient avec de nouveaux variants. Le virus est toujours présent et les gens doivent prendre conscience de l’importance de la vaccination. Il est indispensable et primordial de se protéger en se faisant vacciner.

Comment qualifiez-vous la production nationale en matière de médicaments ?
Le marché du médicament en Algérie a toujours été marqué par des perturbations et de ruptures. On retrouve beaucoup d’intervenants sur le marché. Nous avons, en effet, entre 65 et 70 sociétés d’importation et 95 producteurs, en plus de 600 à 700 grossistes. Il y a de quoi se perdre en milieu de tous ces chiffres, c’est pour ça que lemarché du médicament a besoin d’une refonte et d’une réorganisation totales. Seule la production nationale peut garantir la stabilité et la régularité de la disponibilité des produits. C’est dans cette vision que nous avons fait l’éloge de la production du vaccin par ce qu’on ne sera plus tributaire du transport ni de l’organisation des commandes par les laboratoires étrangers. C’est la même chose pour les médicaments. Tant qu’on reste importateur de la majorité des produits, il y aura une perturbation. L’Etat régule aussi cette facture d’importations et le volume de médicaments importés. Il ne va pas signer toutes les demandes et tous les volumes voulus, il faut être rationnel et assurer la disponibilité, en fonction des besoins réels. Quand on voit certaines pratiques comme le stockage ou les ventes concomitantes, il est très difficile d’assurer une vraie régulation du marché du médicament. Il y a trop de facteurs qui perturbent le marché du médicament.

Que faut-il faire pour arriver à réguler  le marché du médicament ?
Il faut savoir que toutes les décisions qui ont été prises à travers l’encouragement de la production locale, la rationalisation de l’importation, l’établissement de la liste des médicaments essentiels et toutes ces directions qui ont été créées avec le ministère de l’industrie pharmaceutique ont besoin de suivi et d’un contrôle sur le terrain, notamment sur les mouvements des stocks. Aussi, les réunions de l’observatoire pour faire un état des lieux sur la disponibilité réelle sur le terrain sont des mesures qui aident à stabiliser le marché.
D’ailleurs, c’est ce qui est en train d’être fait de manière graduelle. On ne peut pas tout arranger d’un seul coup. Les décisions qui sont en train d’être prises comme la mise en place d’une plate-forme numérique, l’instauration du code à barre pour chaque boîte de médicament, la transmission des stocks des producteurs et des grossistes de manière hebdomadaire vers les services compétents du ministère de l’Industrie pharmaceutique auront un impact positif sur la disponibilité des médicaments et sont susceptibles de stabiliser le marché.
Il faut disposer d’outils fort en matière de production de stock de sécurité pour diminuer la perturbation est diminuer l’intensité de la rupture.
Il faut signaler par ailleurs qu’il y a plus d’une centaine de projets qui sont en cours de réalisation. Les producteurs commencent à leur tour à élargir leur gamme de production et enregistrent de nouveaux produits. Il est vrai que tout ça ne va pas donner des résultats immédiats mais ça va aller vers l’amélioration de la situation de manière graduelle.
K. h.

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