Martyrologe

Du premier martyr du groupe historique des 22, Benabdelmalek Ramdane, mort au combat le 4 novembre 1954 après que la première balle fût tirée, au dernier de ses membres, Othmane Belouizdad, décédé le 12 janvier 2022, le conférencier a rappelé le martyrologe de cette cellule militante qui planifia le déclenchement de la lutte armée et vit plusieurs d’entre eux tomber au champ d’honneur ; leur sacrifice scellant en quelque sorte le serment qu’ils avaient fait de vivre et de mourir pour la patrie.
En préambule, l’historien est revenu sur le parcours militant de Mohamed Belouizdad qui mit en place la fameuse Organisation spéciale, dont il présida aux destinées, fort d’une grande culture et d’un grand sens de l’analyse et de l’écoute, intervenant après avoir pris tous les avis des présents avec respect et loin de tout étalage, une qualité qu’il tenait certainement de l’éducation de sa famille du vieux quartier de Belcourt, où il étudia. Au sein de l’OS, et malgré une santé précaire, il mena une action inlassable autant qu’harassante pour structurer les chaînons de l’Organisation secrète, vivant dans la clandestinité pour échapper à la police française, se contentant parfois de quelques fruits comme repas ,dormant là où il pouvait, même sous un pont, dans le froid au point qu’il contracta une tuberculose qui finit par l’emporter en 1952. Son dernier souhait avant de rendre l’âme fut d’écouter la voix du muezzin psalmodiant le Coran car il était pieux mais sans ostentation.
Après sa mort, le souffle puissant de la Révolution qui couvait déjà dans tout le pays donna naissance à l’étincelle de Novembre qui alluma le feu du combat libérateur. Le frère de Mohamed, Othmane, vit un jour son père rentrer en sang à la maison après avoir été frappé par la police qui recherchait son fils. Il entra alors suite dans le mouvement militant et devint l’un des membres influents du groupe, avant d’être arrêté en 1954 après une action de sabotage. Il fut torturé et jeté en prison jusqu’à l’indépendance. Comme il le disait lui-même, non sans un sens d’humour qui lui était coutumier : «Ce que je vis est du bénéfice…»
Un autre de ses frères, Sahnoun, fut, faut-il le rappeler, arrêté par la police et ne revint jamais.

K. O.

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