Marché pétrolier : Vers la reconduction de la réduction de production

«Si les intérêts de l'OPEP sont bien défendus, l'Algérie et les autres pays, dont la balance commerciale dépend essentiellement de recettes d'exportation du pétrole», en tireront profit, indique Kamel Kheffache, consultant en bonne gouvernance.

Il met en exergue «le dynamisme de l'action de l'Algérie à travers son mandat à la tête de l'OPEP afin d'asseoir, d'une manière pérenne, un meilleur équilibre des prix du marché pétrolier».
Sous la présidence du ministère de l'Energie, Abdelmadjid Attar, l'organisation tiendra demain par visioconférence sa 180e réunion ministérielle qui sera suivie mardi prochain par la tenue de la 12e réunion ministérielle OPEP-non OPEP, mentionne le ministère dans un communiqué. Selon l’expert des questions énergétiques, Saïd Beghoul, l'enjeu principal de ces deux réunions est de statuer définitivement sur la possibilité de reporter le réajustement de la baisse de production de l'Opep qui passera de 7,7 millions à 5,8 millions barils/jour prévu initialement à partir du 1er janvier 2021.
Selon lui, l’OPEP «aurait déjà donné le signal fort quant au maintien de la coupe de réduction de 7,7 millions barils/jour jusqu'au mois de mars prochain».
Le fait de ne pas ramener la coupe de production à 5, 8 millions de barils/jour permettra, dit-il «d'empêcher d'inonder le marché de 2 millions de barils supplémentaires par jour». Un tel scénario obéit à l’idée de maintenir un niveau appréciable des prix du marché pétrolier «gouverné essentiellement par la crise mondiale du coronavirus» estime-t-il.
La possibilité de disposer d’un vaccin anti-Covid-19 au 1er trimestre 2021 et le planning de baisse de production engagé, depuis avril dernier, par les pays producteurs de l’Opep et Opep+ constituent les deux principales composantes qui ont fait que le prix a pu atteindre 48 dollars le baril.
Les deux réunions seront consacrées à l’examen du marché pétrolier international dans un contexte difficile caractérisé par les effets de la Covid- 19 sur l’économie mondiale. Il sera également question des perspectives du marché pétrolier à court et à moyen termes.
Les 13 pays de l’Opep et les 10 pays non-membres procéderont également à l’évaluation de la mise en œuvre et du niveau du respect des engagements de baisse de la production des pays signataires de la Déclaration de coopération paraphée le 12 avril dernier.
A l’issue de ces deux réunions, des décisions seront prises afin de préserver les équilibres du marché et assurer sa stabilité dans l’intérêt des pays producteurs et consommateurs. L’espoir de voir le prix du baril grimper à partir du 1er janvier prochain est légitime et ne manque pas de réalisme, souligne l’expert Said Beghoul. Lors de ces réunions, il est attendu de confirmer la reconduction de la baisse de production de 7,7 millions de baril/jour jusqu'à mars 2021, voire jusqu'au mois de juin de la même année. «Très certainement, cela conduira à une augmentation des prix», a-t-il soutenu. La reconduction en question se heurte à quelques réticences. «Tout le monde est d’accord au sujet de la reconduction sauf l’Irak. La Libye demande à être exemptée et les Emirats arabes unis sont également réticents et le Venezuela demande à vendre son pétrole en Chine», explique-t-il. Outre la stabilisation du marché pétrolier, l’Opep est aussi confronté, selon lui, à la motorisation électrique des véhicules qui a pris un saut extraordinaire ce qui est susceptible de réduire la demande consommation en carburants.
Karim Aoudia

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Différentes options en examen

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés ont poursuivi, en fin de semaine, leurs consultations techniques, afin de fournir aux réunions ministérielles de l'Opep+, prévues lundi et mardi, une base de données «cruciale» pour la prise de décision, dans un marché pétrolier qui reste affecté par la Covid-19, a indiqué l’Organisation.
«La 8e réunion technique de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP de la Déclaration de coopération (DoC) a été organisée vendredi par vidéoconférence, en préparation de la 180e réunion de la Conférence de l'OPEP programmée pour lundi prochain et la 12e réunion ministérielle de l'OPEP et des non-OPEP, prévue le 1er décembre», a précisé l’Opep dans un communiqué publié sur son site web.
Etablie dans le cadre de la DoC, cette réunion technique fournit aux signataires de la DoC une plate-forme pour se connecter sur des questions techniques et partager des informations sur les données, approfondissant ainsi les liens entre eux et la compréhension mutuelle des problèmes auxquels le marché mondial du pétrole est confronté, explique l’Opep.
Cité par le communiqué, le SG de l’Opep, Mohamed Barkindo, a reconnu lors de cette réunion «le rôle clé joué par les réunions techniques de la DoC en fournissant aux réunions ministérielles de l'OPEP et des non-OPEP des analyses fiables et précises, qui constituent une base cruciale pour la prise de décision».
Il a souligné la nécessité d'une coopération et d'un dialogue continus pendant la pandémie COVID-19. «Nous sommes confrontés à une résurgence de la pandémie, qui verrouille à nouveau les pays et les régions. Et encore une fois, nous devons continuer à avancer», a-t-il noté. Il a, dans ce contexte, salué les efforts entrepris par les participants à la DoC pour soutenir la stabilité du marché pétrolier, déclarant que «les succès à ce jour ont exigé une grande patience, de l'endurance et une réticence à abandonner, valeurs fortement affichées par nos pays de la DoC sur ces derniers mois. Je vous félicite pour les fruits de votre travail jusqu'à présent».
A propos du récent développement du vaccin COVID-19, M. Barkindo a déclaré que «la perspective de l'arrivée des vaccins sur le marché a incité à un sentiment positif. Pourtant, nous devons continuer à tenir notre position jusqu'à ce qu'ils soient en mesure de faire baisser les taux d'infection. Nous sommes toujours au cœur de cette catastrophe».
Il a également évoqué les effets dévastateurs de la pandémie sur l’économie mondiale et le marché mondial du pétrole, notant que les investissements dans le secteur pétrolier ont considérablement diminué.
«Les investissements ont chuté de 30% pour cette année, encore plus que lors de la récession de 2014-2016, dont l'industrie pétrolière se remettait encore lorsque le COVID-19 a frappé», a déclaré le même responsable.
Selon lui, l'industrie pétrolière avait besoin «de 12,6 billions de dollars en investissement pour réduire la volatilité et éviter une éventuelle crise énergétique future».

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