
Le décret exécutif portant amendement du décret exécutif fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de concessionnaires de véhicules neufs a été examiné récemment lors d’un conseil des ministres. Ont été fixées les conditions d’importation des véhicules, notamment la nécessité d’affecter un quota de 15% aux véhicules électriques, avec une réduction pour ceux roulant au diesel et la nécessité que la cylindrée des engins importés par les concessionnaires ne dépasse pas 1.6 litre, alors que les particuliers ont la latitude de dépasser cette cylindrée. L’expert en économie Saïd Beghoul indique que ces conditions sont imposées à la fois pour rationaliser voire réduire la consommation en carburant et concrétiser les objectifs de la transition énergétique, ce qui paraît difficile à réaliser. S’agissant des véhicules électriques, il estime «un peu difficile» d’appliquer cette mesure, notre pays n’étant pas préparé en matière d’installations de recharge. «Le ministre de la Transition énergétique est certes très engagé et motivé, mais il ne faut pas oublier l’environnement impliqué dans le processus. Cependant, nous sommes contraints d’aller sans tarder vers les énergies renouvelables malgré un certain lobbyisme pétrolier en Algérie et ailleurs».
Selon l’intervenant, les décisions prises par les pouvoirs publics sont «entachées d’incertitudes» quant à leur aboutissement total bien qu’elles soient dictées par les ambitions à la fois économiques et environnementales. L’Algérie «n’est pas assez préparée» à ces nouvelles donnes, peut-être que le prochain gouvernement aura une autre vision. On l’a déjà vu avec le nouveau ministre de l’Industrie qui a révisé le cahier des charges élaboré par son prédécesseur, les concessionnaires peuvent avoir des problèmes avec un choix limité pour le client».
Mourad Goumiri affirme pour sa part que l’option du véhicule électrique est stratégique et mérite que l’on institue un quota qui permettra l’installation, dans toutes les stations-service, d’une alimentation électrique en attendant la fabrication du véhicule électrique dans notre pays, après avoir choisi un partenaire crédible pour nous accompagner dans cette industrie mais couplée à l’énergie solaire obligatoirement.
S’agissant de la motorisation 1.6 litre, l’économiste souligne que cette mesure vise le marché du «lowcost» et non le haut de gamme. «Pour ce dernier segment du marché, des mesures fiscales et douanières telle l’augmentation de la TVA et de la vignette auto sont plus appropriées et éviteront les trafics qui pourraient naître de cette mesure restrictive».
Pour ce qui de la lutte contre la fraude et la limitation d’acquisition d’un véhicule, il considère que cette mesure administrative peut entraîner tous les trafics possibles comme l’incessibilité des licences d’importation de moudjahidines. «Il serait judicieux de trouver des mesures économiques telles que des taxes fiscales et douanières élevées pour une seconde voiture, de manière à atténuer les importations et faire entrer des deniers au Trésor public».
Mohamed Mendaci