La 30e édition du Congrès de la Société Algérienne de Néphrologie, Dialyse et Transplantation s’est déroulée sur deux jours, à Alger, avec la participation de plus de 500 néphrologues, dont plusieurs experts étrangers.
Cette rencontre, qui s’étalera sur deux jours, offre l’occasion de dresser un bilan précis des efforts engagés en Algérie pour la prise en charge de la maladie rénale chronique et d’aborder les avancées majeures dans le domaine. À cet effet, le président de la SANDT a tenu à rappeler, à El Moudjahid, la réalité des chiffres, parfois difficiles à entendre, mais indispensables à comprendre. «Aujourd’hui, 35.000 patients sont soumis à l’hémodialyse en Algérie, auxquels s’ajoutent 1.100 malades en dialyse péritonéale. Pourtant, le pays ne réalise qu’environ 200 greffes rénales par an.
Depuis le lancement du programme national en 1986, seulement 4.500 transplantations ont été pratiquées, dont à peine huit à partir de donneurs décédés. La liste d’attente s’allonge inexorablement et compte désormais près de 20.000 patients, tous suspendus à l’espoir d’un rein compatible», a-t-il relevé. Pour le Pr Tahar Rayane, cette situation s’explique, en grande partie, par l’absence de prélèvements effectués sur les personnes décédées, un sujet encore sensible qui nécessite, selon lui, une véritable mobilisation institutionnelle et sociale.
Il rappelle aussi qu’entre 8% et 10% des Algériens souffrent d’une maladie rénale chronique, bien souvent sans le savoir. L’hypertension artérielle, le diabète mal contrôlés, les maladies génétiques, les infections répétées, une alimentation déséquilibrée, la déshydratation ou encore la prise excessive de certains médicaments figurent parmi les causes les plus fréquentes.
Face à ces constats, le spécialiste insiste sur l’importance d’un mode de vie sain et d’une prévention active, et recommande une alimentation riche en légumes et fruits, une consommation raisonnable de viande, une hydratation régulière, la pratique d’une activité physique et des bilans médicaux au moins annuels, notamment chez les personnes diabétiques ou hypertendues. «Beaucoup de maladies rénales, a-t-il poursuivi, pourraient être évitées, avec quelques gestes simples et une surveillance régulière.» Le Pr Rayane a également mis en avant les avancées thérapeutiques disponibles aujourd’hui en Algérie, notamment les inhibiteurs de la SGLT2, considérés comme des traitements innovants. Initialement prescrits aux diabétiques, ces médicaments sont désormais utilisés chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ou de maladie rénale chronique, avec un double effet protecteur sur le cœur et le rein.
Autre progrès majeur évoqué, l’utilisation de membranes hautement perméables en hémodialyse, désormais implantées dans plusieurs structures du pays. Elles permettent en effet d’éliminer plus efficacement les toxines que les reins ne peuvent plus filtrer, améliorant ainsi la qualité de vie des patients dialysés. Le président de la SANDT met toutefois en garde contre la néphrotoxicité de nombreux médicaments, tels les antibiotiques, les anti-inflammatoires ou les produits de contraste utilisés en radiologie, qui peuvent aggraver une fonction rénale fragile, lorsqu’ils sont mal administrés. La transplantation rénale demeure un enjeu central du congrès. Les experts présents ont dressé un état des lieux précis de la greffe en Algérie.
R. B.