Makhzen : Aveugle face aux évidences… Inconscient de sa cécité

Une diplomatie aux abois. Même en s'appuyant sur des alliés étrangers à la région, et en dépit de l'acceptation par le royaume chérifien, de transformer le Maroc en une succursale des puissances néocoloniales, Rabat ne semble pas pouvoir mesurer les méandres de sa politique étrangère. D'abord, les réactions fermes et indignées en Algérie et en Mauritanie à la suite des propos belliqueux tenus par le prédicateur Ahmed Raissouni, qui, incapable de se libérer des accointances et intérêts politiques de son pays, a fini par présenter sa démission, confirmant, ainsi, ce que Ibn Khaldoun avait écrit quelques siècles auparavant : «Les savants du palais préfèrent s'allier à ceux qui ont l'ordre de la baïonnette, au détriment du savoir et de la raison.» Ensuite, les déclarations de Josep Borrell Fontelle, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, qui a affirmé à la télévision espagnole qu’il est nécessaire de consulter le peuple sahraoui pour décider de son futur. Le coup de grâce est venu à la fin de la ministre allemande des Affaires étrangères, qui, elle, a rappelé, dans la capitale marocaine même, lors d'une visite officielle, la position de son pays sur la question du Sahara occidental, qui ne saurait, selon ses dires, déroger au droit international, emboîtant ainsi le pas à l’Espagnol Josep Borrell. Un terrible séisme pour la diplomatie marocaine qui voulait nuancer ses propos sur le référendum. Un désaveu de premier degré ! De quoi tétaniser le palais royal, qui, privilégiant, visiblement, les formules rhétoriques, au lieu de l'argumentation solide et construite, a préféré accuser l'Algérie de se dresser contre les résolutions de l’ONU. Pathétique et ridicule, Nasser Bourita, surnommé «le bouffon», reste aveugle face aux évidences et inconscient de sa cécité. La panique qui s’était emparée du régime du Makhzen a poussé Nasser Bourita à annuler une rencontre prévue en septembre à Rabat avec le haut représentant de la diplomatie européenne. Perdant le nord, Rabat a repris son arme habituelle : le chantage migratoire, et les menaces de suspension de la coopération dans le domaine sécuritaire. Ces derniers événements démontrent que le Makhzen a des problèmes avec tous ses voisins et même ses alliés : l’Algérie, la RASD, la Mauritanie, la Tunisie, la France, l’Espagne et l’Union européenne. Le Maroc se trouve également de plus en plus isolé au sein de l'Union africaine, qu’il a tenté d’ailleurs de lui introduire l'entité sioniste comme membre observateur. Peine perdue, face au rempart algérien au sein de cette organisation, le Maroc a perdu tout crédit. Tant que l'ONU et d'autres organisations internationales ne parviendront pas à défendre le droit fondamental du peuple sahraoui à l'autodétermination, les forces d'occupation marocaines poursuivront leurs multiples formes de répression systématique, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. L'histoire a prouvé que l'expansionnisme et la colonisation finiront par se désintégrer. En revanche, la volonté des peuples triomphera toujours au final. Notre voisin de l’Ouest occupe, depuis 1975 et illégalement, le Sahara occidental, avec la bénédiction tacite des Européens et des Américains. Il contrôle environ les trois quarts du territoire, y compris ses principales villes et ses ressources économiques. Les plus importantes d'entre elles sont la pêche et la roche phosphatée. Le Maroc a également encouragé la migration massive de ses propres citoyens, qui sont désormais probablement égaux au nombre de Sahraouis natifs sur le territoire. Rabat revendique un titre historique sur le Sahara occidental depuis les années 1950. Mais le droit du territoire à l'indépendance a été inscrit dans la loi de décolonisation de l'ONU. Pendant longtemps, le conflit du Sahara occidental a été considéré comme un conflit gelé. Mais il a repris vie fin 2020, lorsque le Front Polisario a repris sa lutte armée, en réponse aux agissements d'un régime belliqueux. Faut-il rappeler aux amnésiques qu'un avis historique de 1975 de la Cour internationale de justice a conclu que les juges n'étaient pas convaincus que le territoire appartenait à qui que ce soit d'autre qu'au peuple sahraoui d'origine. Les avis ultérieurs de l'ONU et les décisions de la Cour de justice de l'Union européenne ont confirmé le droit des Sahraouis à l'indépendance. Le Sahara occidental reste sur la liste des Nations unies des territoires non autonomes. Les observateurs avertissent depuis longtemps que la réticence de l'ONU à faire pression sur le Maroc pour résoudre le conflit conduira inévitablement à une série de crises encore plus compliquées et enchevêtrées. L'incapacité à résoudre le problème aura un effet négatif sur la sécurité et les relations économiques à travers la Méditerranée. L'élan de solidarité avec le peuple sahraoui s'élargit, et se renforce de plus en plus, mais Rabat croit pouvoir contourner ce mouvement, en s'alliant aux autres colonisateurs et barbares de l'entité sioniste. Le Roi vient ainsi de vendre son âme au diable En signant des traités politiques et économiques avec le Maroc, comme l'accord d'association UE-Maroc en 1996, l'UE a implicitement et officieusement manifesté son soutien au pays. Pourtant, il semble y avoir un manque de consensus entre les États membres de l'UE et les institutions, y compris le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil européen. À rappeler qu'en 2016, la Cour européenne de justice a statué que le Sahara occidental ne faisait pas partie du Maroc et que tout accord commercial incluant les ressources de la région était illégal et violait le droit international des droits de l'homme. En effet, sous Mohammed VI, la politique du Maroc s'est déplacée pour s'opposer avec véhémence à tout processus ou proposition qui pourrait conduire à un Sahara occidental indépendant.

Tahar Kaidi

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