
Entretien réalisé par Soraya Guemmouri
El Moudjahid : Dans son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé que l'Algérie est en passe de retrouver son lustre diplomatique. Quelles sont vos impressions à ce sujet ?
M. Nourredine Djoudi : Personne ne peut être plus heureux que moi d’entendre les déclarations du président de la République sur le redéploiement de notre diplomatie. Après plus de cinquante ans au service de mon pays et de l’Afrique en tant que Secrétaire général de l’OUA, il était malheureux de voir que durant la dernière décennie, notre diplomatie était entrée dans une espèce de léthargie qui fait que certains frères africains pensaient que l’Algérie leur avait tourné le dos. En fait, le Président Tebboune a remis les choses en ordre, en affirmant que sa diplomatie est un instrument absolument fondamental, et je dois dire que je suis très heureux qu’il entende redonner à notre diplomatie le lustre et l’autorité qu’elle avait par le passé. On voit très bien sa réaffirmation sur le plan international et nous ne pouvons que nous réjouir du fait que l’Algérie est de nouveau redevenue un élément de choix et de poids sur le concert des nations.
L’Algérie reprend aussi sur le plan diplomatique la place qui lui sied en Afrique. Votre avis à ce propos en qualité d’ancien SG de l’OUA ?
Effectivement, il faut dire que le Président Tebboune a aussi lancé des initiatives très importantes dans le cadre de l’Union africaine. Il convient de rappeler dans ce cadre que lors de sa participation au sommet de l’Union africaine qui s’est tenu quelques mois seulement après son élection, le Président Tebboune avait déclaré que l’Afrique était une de ses priorités. On le voit sur le terrain, l’Afrique est effectivement une priorité absolue, parce qu’en tant que pays africain, nous ne pouvons qu’être militants pour renforcer ce qu’on appelle la profondeur stratégique de l’Algérie au sein de son continent. Tout un chacun peut constater que le Président a annoncé des décisions qu’il a mises en application, pour essayer de revenir à la période où nous étions une diplomatie glorieuse à l’époque du Président Houari Boumediène. Le fait, par exemple, qu’il ait relancé la construction de la route de l’unité africaine qui est aujourd’hui pratiquement presque totalement achevée, une preuve édifiante de son engagement sur ce plan. Je suis convaincu que l’Afrique a aujourd’hui repris espoir. Je prends pour preuve que récemment à la deuxième conférence sur le financement des infrastructures à Dakar, toutes les délégations africaines ont salué le rôle de l’Algérie. Cela est tout à l’honneur de notre pays et de l’Afrique également.
Un mot sur les relations avec l'Italie qui se renforcent de plus en plus ?
Il convient de remonter un peu dans l’histoire et ne pas oublier de dire que finalement, le point de départ de l’amitié entre l’Algérie et l’Italie remonte déjà à l’époque de la guerre de Libération nationale, lorsque le regretté si Tayeb Boulahrouf a joué un rôle extrêmement important dans la prise de position de certaines grandes figures italiennes de soutien à la cause algérienne. Si Tayeb Boulahrouf avait été, à partir de Rome, la cheville ouvrière pour user de ses contacts et mettre au point les conditions pour le début des négociations d’Évian. À partir de ce moment-là, l’Italie a toujours été un ami de l’Algérie. Parmi les autres éléments à retenir absolument, c’est que lors de la décennie noire, lorsque non seulement tout le monde nous tournait le dos, mais que certains s’attendaient à ce que l’Algérie s’effondre sous les forces du mal ; à cette période-là, l’Italie s’est montrée de notre côté. Aujourd’hui, les relations avec l’Italie sont extrêmement solides et tout indique qu’elles le seront encore de plus en plus.
En termes de perspectives, comment voyez-vous la diplomatie algérienne ?
Je pense que le Président Tebboune a su choisir les hommes qu’il faut pour bien réussir la mission de redéploiement de notre diplomatie qui s’avère actuellement extrêmement solide et tout aussi percutante. Aux yeux de l’opinion internationale et par son efficacité, la diplomatie algérienne force le respect. D’ailleurs, les plus grandes puissances saluent aujourd’hui cette diplomatie nouvelle, une diplomatie qui recherche constamment la paix et la sécurité.
Aujourd’hui, la diplomatie de l’Algérie n’est pas simplement une diplomatie de salon, mais c’est une diplomatie qui pose les véritables problèmes aussi bien économiques que politiques et sécuritaires. Elle est écoutée. Elle agit avec beaucoup d’efficacité. C’est une diplomatie de pointe qui est basée sur le retour de la paix dans le monde.
S. G.