Les enfants dans la lutte de libération nationale au forum de la mémoire d’El Moudjahid : L’innocence face aux mitraillettes

Ph.:T-Rouabah
Ph.:T-Rouabah

Durant notre combat contre l’oppression coloniale, les enfants n’étaient pas seulement les témoins et les victimes de la violence qui s’abattait avec frénésie sur les adultes, côtoyant la mort, les sévices et les arrestations au quotidien, ils ont aussi participé à la lutte, de différentes manières, allant jusqu’à porter les armes et à rejoindre les maquis. À l’image de leurs aînés, ils ont écrit avec leur sang l’une des pages les plus glorieuses de notre histoire contemporaine.

Ces enfants ont décidé d’apporter leur contribution à l’effort de guerre, avec courage et conviction, alors qu’ils n’avaient que 10, 12, 14 ou 15 ans. Le thème de l’enfance algérienne durant la Révolution de novembre 1954 a mis en relief, hier, dans le cadre de notre Forum de la mémoire, organisé avec la collaboration de l’association Machaâl Echahid, d’héroïques figures enfantines, donnant la preuve que le patriotisme n’a pas d’âge. C’est une vérité rappelée, par Amar Belkhodja, ancien journaliste et chercheur en histoire. Ces petits cœurs vaillants ont choisi de se sacrifier, aux côtés des moudjahidine, n’hésitant pas à tomber en martyrs, subissant les foudres d’une armée française et d’une police qui ne reculaient devant aucun scrupule, pour réprimer sans pitié et sans distinction. Pour illustrer ce sujet, notre invité a cité quelques exemples emblématiques d’enfants qui, avec un courage à la fois étonnant, mais surtout édifiant, ont dignement rempli leurs missions, en servant de transmetteurs de messages, de guides et d’éclaireurs, en surveillant les déplacements et les mouvements des soldats français, et en portant des armes. Il a évoqué, non sans fierté, la mémoire de l’enfant-martyr, que fut le petit Omar, qui a quitté les bancs de l’école pour rejoindre les rangs de la révolution et tomber au champ d'honneur. Il cite le cas d’enfants qui ont manifesté à Tlemcen, un certain 19 janvier 1956, en guise de condamnation de l’assassinat du Dr Benzerdjeb. Il a évoqué la petite Saliha Ouatiki qui n’avait que 12 ans, abattue sans rémission par les perfides balles de la police française, lors des manifestations grandioses du 11 décembre 1960. Ce jour-là, elle se joint au cortège et se laisse emporter derrière le drapeau algérien tenu par un jeune homme. Saliha se plaça en tête du cortège et criait comme les adultes «Tahia El-Djazaïr». Le petit Farid Maghraoui, âgé à peine de 10 ans, mourait lui aussi au Clos Salembier (actuellement El-Madania). Fatima Beddar est l’une des victimes des odieux massacres du 17 Octobre 1961, à Paris. Elle disparut au cours d’une nuit particulièrement sanglante, au même moment où d'autres Algériens et Algériennes passaient de vie à trépas sous l’effet d’une expédition punitive absolument meurtrière, perpétrée par la police de Maurice Papon, qui, de toute évidence, ne pouvait pas sévir sans avoir reçu des ordres en haut lieu. La soif de liberté, l'éducation reçue dans un contexte de résistance contre les dénis de toutes sortes, les brimades subies journellement sont autant de facteurs qui ont poussé ces gamins à prendre leur destin en main. Pour ceux qui sont encore en vie, le poids du passé a marqué toute leur vie. Ces enfants-moudjahidine ont sacrifié leur enfance pour la liberté, offrant un modèle de courage et de dévouement qui restera à jamais gravé dans notre mémoire collective.

M. B.

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Ils ont dit :

Saliha Djeffal, Moudjahida : «Il n’avait que 14 ans… »

Saliha Djeffal, moudjahida, a évoqué le rôle crucial de l'enfant durant la guerre de Libération et relevé leur contribution et leur rôle actifs. «Ils ont joué un rôle essentiel dans la lutte pour l'indépendance, souvent en soutien aux moudjahidine, en transportant des messages, en traquant les forces françaises ou même en combattant», a-t-elle affirmé, estimant que leur mentalité émane de leurs familles révolutionnaires, puisqu’ils ont vécu des événements traumatisants, en étant témoins de violences et de souffrances. Dans ce sens, elle a donné l'exemple de Khelifa Ferache, un jeune enfant de Médéa, décédé à l'âge de 14 ans, soit deux ans à peine après avoir rejoint les maquis. «Il avait participé, à l’âge de 12 ans, à une embuscade tendue par des moudjahidine et il avait fait ses preuves.» Toutefois, a-t-elle révélé, il n’a pas succombé dans une autre bataille où il a été victime de déflagration d’une bombe. Et d’ajouter : «Nombreux sont les enfants algériens qui ont fait l'expérience de la mort d'un ou de plusieurs membres de leur famille.» Dans ce sillage, la moudjahida a insisté sur le fait de la préservation de la mémoire nationale qui consiste à préserver et à transmettre le patrimoine culturel, historique et social d'une nation à travers le temps, tout en mettant en œuvre les programmes d'éducation et de sensibilisation qui sont mis en place, pour encourager les citoyens à se familiariser avec leur histoire et leur patrimoine, et à les préserver. «Ceci en impliquant la conservation de documents, de témoignages, de sites historiques, ainsi que la transmission de connaissances et de savoir-faire aux générations futures.»

Aïssa Kacimi, Moudjahid : «Un rôle crucial durant la guerre de Libération»

Aïssa Kacimi a souligné l’importance des parents algériens qui ont enseigné les vraies valeurs du nationalisme et rappelé que les héros de la Révolution ont tous donné pour l'Algérie. Saluant le rôle des Scouts musulmans algériens et leur rôle crucial durant la guerre de Libération, il a affirmé que les SMA ont été un creuset pour la formation de jeunes Algériens, en leur enseignant des valeurs telles que le patriotisme, la solidarité, l'abnégation et la discipline. «Aujourd'hui, les SMA continuent d'être une organisation de jeunesse importante en Algérie, contribuant à la formation des jeunes et à la promotion des valeurs de patriotisme et de solidarité», a-t-il expliqué, appelant les jeunes générations à rejoindre les rangs des SMA pour une Algérie forte et digne.

Tina Alliane, collégienne à l’école la Chandelle : «Suivre les traces des moudjahidine»

Tina Alliane, jeune fille de l'École la Chandelle de Draria (Alger), a mis en évidence que la révolution algérienne est une étape importante dans l'histoire de notre pays. «Cette occasion est une opportunité pour côtoyer les moudjahidine et les moudjahidate qui ont consacré toutes leur vie pour que l'Algérie soit libre et indépendante», a-t-elle indiqué. Elle a souligné qu'il est bien d'écouter des témoignages vivantes qui nous ont appris le rôle majeur des enfants, en inculquant les vrais valeurs du nationalisme.

Propos recueillis par Zine Eddine Gharbi  

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