Les barbouzeries de Retailleau torpillent le rapprochement entre les deux pays, Alger - Paris : La rechute

Entre l’Algérie et la France, le rideau ne se lèvera pas tant que les barbouzeries de Bruno Retailleau ne seront pas annihilées. L’Algérie n’a jamais fermé la porte du dialogue et les hautes autorités du pays ont toujours su garder la voie de la mesure, de l’équilibre et de la sagesse. Mais l’Algérie refuse tout traitement qui n’est pas respectueux ou d’égal à égal.

Nouvelle brouille entre Alger et Paris. Fragilisées par huit mois de crise, les relations entre l’Algérie et la France entrent dans une nouvelle phase de perturbation. Passagère ? En tout cas, l’heure n’est pas à la réconciliation. L’agenda chargé, dont les contours ont été révélés dans les déclarations faites par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, au terme de sa visite effectuée la semaine dernière à Alger, risque de ne pas être exécuté. Hier, le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) a annoncé l'annulation de la visite qu'il devait effectuer en France, ainsi que la rencontre prévue avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF). Une décision justifiée par «une mesure prise par les autorités françaises, déconseillant fortement à un dirigeant d'une entreprise française de transport maritime de se rendre en Algérie, pour concrétiser un projet d'investissement». Le CREA s’est interrogé sur le paradoxe français, «les mêmes autorités françaises, qui expriment des préoccupations quant à la participation limitée des entreprises françaises aux appels d'offres internationaux en Algérie, prennent des mesures qui entravent les initiatives d'investissement privé». En réalité, le paradoxe français est beaucoup plus profond. Explications : Alger et Paris ont repris langue après des mois de crise, à la faveur de l’appel téléphonique du Président français à son homologue Abdelmadjid Tebboune et la venue prompte de son ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Ce réchauffement a fait long feu. L’enthousiasme a vite été douché par un incident jugé gravissime par Alger. L’arrestation ostentatoire d’un agent consulaire algérien en exercice en France. Si Paris voulait réellement reconstruire «un partenariat d'égal à égal, serein et apaisé» avec l'Algérie, comme l’a déclaré Barrot, et souhaitait «tourner la page des tensions actuelles», pourquoi alors n’a-t-il pas respecté «les usages et pratiques diplomatiques», allant jusqu’à transgresser «des conventions et traités pertinents en la matière», lors de l’arrestation d’un agent consulaire algérien ? Pour quelle raison a-t-il opté pour une «arrestation spectaculaire et ostentatoire, sur la voie publique» ? Une arrestation bien évidemment effectuée par les services sous tutelle du ministère français de l’Intérieur, sous les ordres de Bruno Retailleau. Est-ce en optant pour un procédé indigne visant à rabaisser l’Algérie et en ne donnant aucune considération au statut consulaire de l’agent arrêté, que la France compte rehausser ses relations institutionnelles avec l’Algérie ? Barrot avait annoncé une «réactivation de l'ensemble des mécanismes de coopération» avec l'Algérie, «avec sérieux, discrétion et efficacité». Quel sérieux, quelle discrétion et quelle efficacité, y a-t-il dans l’arrestation d’un agent consulaire algérien en exercice ? La France a tout faux et sur la forme et sur le fond. Car, sur la forme tout d’abord, l’arrestation de l’agent consulaire a été effectuée en pleine voie publique et son placement en garde à vue l’a été sans notification par le canal diplomatique, en flagrante contravention aux immunités et privilèges rattachés à ses fonctions, ainsi qu’à la pratique prévalant en la matière entre l’Algérie et la France. Sur le fond, ensuite, l’Algérie a retenu «la fragilité et l’inconsistance de l’argumentaire vermoulu et farfelu invoqué par les services de sécurité du ministère de l’Intérieur français», comme l’a précisé un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. Si, dans un passé récent, on disait que Retailleau, ragaillardi par les médias de Bolloré, faisait du show de bas étage, que dire aujourd’hui après une telle mise en scène de l’arrestation filmée d’un agent consulaire algérien ? Dominique de Villepin avait bien dit que «ce n'est pas en jouant le bras de fer» que la France parviendra à faire plier l'Algérie, et «la scène publique et le 20 heures de TF1 ne sont pas les lieux idoines pour tenter de le faire». La France officielle ne semble pas l’avoir compris ou reste otage de sa droite extrémiste, qui a réussi, une nouvelle fois, à aggraver la fracture avec Alger. Car, lorsque Jean-Noël Barrot affirme aujourd’hui que Bruno Retailleau n'a rien à voir avec l’arrestation de l’agent consulaire et que «la justice est indépendante», il omet de dire que malgré l’indépendance de la justice algérienne, la droite française n’a cessé de faire pression sur l’Algérie dans l’affaire Sansal. Entre l’Algérie et la France, le rideau ne se lèvera pas tant que les barbouzeries de Bruno Retailleau ne seront pas annihilées. L’Algérie n’a jamais fermé la porte du dialogue et les hautes autorités du pays ont toujours dépassé les agitations de ce ministre, gardant la voie de la mesure, de l’équilibre et de la sagesse. L’Algérie l’a déclaré clairement : elle ne prête attention qu’à la voix officielle de la France, représentée par son Président et celle de son ministre des Affaires étrangères. Toutes les autres jacasseries ne sont que l’écume d’une extrême droite qui veut refaire la guerre d’Algérie, pour exécuter un agenda électoral. Mais l’Algérie refuse tout traitement qui n’est pas respectueux ou d’égal à égal.

Ce n'est pas en jouant le bras de fer que la France parviendra à faire plier l'Algérie. La France officielle ne semble pas l’avoir compris ou reste otage de sa droite extrémiste, qui a réussi, une nouvelle fois, à aggraver la fracture avec Alger.

H. Y.

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Le CREA annonce l'annulation de sa visite en France et de sa réunion avec le MEDEF

Le Conseil du Renouveau économique algérien (CREA) a annoncé, hier dans un communiqué, l'annulation de la visite qu'il devait effectuer en France, ainsi que la rencontre prévue avec le Mouvement des entreprises de France (MEDEF). Cette décision, a précisé la même source, «intervient à la suite d'une mesure prise par les autorités françaises, déconseillant fortement à un dirigeant d'une entreprise française de transport maritime de se rendre en Algérie pour concrétiser un projet d'investissement». «Cette annulation provoquée et justifiée par les autorités françaises au motif de la «crise entre les deux pays», contredit les déclarations officielles appelant à l'apaisement et à la normalisation des relations algéro-françaises, note le communiqué. «Il est paradoxal que les mêmes autorités françaises, qui expriment des préoccupations quant à la participation limitée des entreprises françaises aux appels d'offres internationaux en Algérie, prennent des mesures qui entravent les initiatives d'investissement privé», déplore le CREA. «Face à cette situation incohérente et aux signaux négatifs adressés aux acteurs économiques algériens», le CREA estime qu'il «n'est pas opportun de maintenir sa visite en France ni sa rencontre avec le MEDEF». L'Organisation patronale algérienne «réaffirme son engagement en faveur de partenariats internationaux fondés sur la réciprocité, la transparence et le respect mutuel et demeure mobilisée pour défendre les intérêts de l'économie algérienne et de ses acteurs».

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