
En Libye, la situation se complique. Mais faut-il s’en étonner ? L’incapacité de l’ONU et d’autres acteurs internationaux à imposer leur processus de «sortie de crise», d’une part, et les ingérences multiformes, d’autre part, ne pouvaient à terme qu’aboutir à la complexification du conflit et à l’aggravation des divisions entre les deux camps rivaux. «L’extrême inquiétude», exprimée par l’Algérie suite à la reprise depuis vendredi soir des affrontements armés entre les partisans des gouvernements rivaux, renseigne sur la gravité des derniers développements enregistrés sur la scène libyenne. Et Alger n’est pas la seule capitale à dire sa préoccupation. La crainte que ce nouveau cycle de violences débouche sur une autre guerre civile est partagée par nombre de pays. Emadeddin Badi, chargé de mission à l'Atlantic Council, a averti que la situation risquait de dégénérer rapidement. «La guerre en milieu urbain a sa propre logique, elle est nuisible à la fois aux infrastructures civiles et aux personnes, donc même s'il n'est pas long, ce conflit sera très destructeur», a-t-il analysé pour une agence de presse. Le mois dernier, faut-il le rappeler, des affrontements entre groupes rivaux à Tripoli ont fait 16 morts, dont un enfant. Ces violences ont été les plus meurtrières depuis la tentative manquée de Haftar de s'emparer de Tripoli en 2019 et 2020. L’Algérie, soucieuse d’éviter à la Libye de sombrer dans le chaos, n’a eu de cesse de multiplier les appels en direction des toutes les parties libyennes, pour «œuvrer incessamment à faire cesser les hostilités et à recourir au dialogue en toute responsabilité». Pour autant, il n’est aussi un secret pour personne que le règlement durable de ce conflit ne saurait intervenir si la communauté internationale n’assume pas ses pleines responsabilités. La première est d’œuvrer à mettre fin aux ingérences qui alimentent les différends. Les Nations unies ne peuvent se suffire d’exhorter les parties à s'engager dans un véritable dialogue pour sortir de l'impasse politique actuelle et à ne pas recourir à la force pour résoudre leurs différends. Elles se doivent d’agir concrètement et efficacement pour trouver une issue, et préserver l’unité et la souveraineté de la Libye.
N. K.