Le Projet de loi sur le règlement budgétaire 2018 à l’APN : Un déficit de plus de 2.081 milliards de dinars

Ph. Louiza M.
Ph. Louiza M.

Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane a présenté lundi, le projet de loi de règlement budgétaire de l'exercice 2018, en séance plénière présidée par Slimane Chenine.

Le ministre a précisé que le taux de croissance en 2018 s’est établi à 1.4% contre 1.3% en 2017 alors que la LF a prévu un taux de 1.7%, soit un écart de 0.3%.
Le PIB était de 20 259,1 milliards de DA contre 16 733,8 milliards de DA prévu par la LF et 16 439,8 milliard DA dans la LFC.
Pour ce qui est de la croissance du secteur des hydrocarbures, le ministre a précisé que celle-ci est estimée en 2018 à 4 574,8 milliards de dinars, soit une hausse de 848,1 milliards de DA par rapport à 2017 où elle était à 3 699,7 milliards de DA. Le prix du pétrole était de 71.3 dollars contre 53,9 dollars en 2017 tandis que la LF 2018 s’est basée sur un prix de 60 dollars.
Le taux de change était, par ailleurs, précise le ministre, de 5,691 DA/dollar tandis que l’inflation a enregistré un taux de 4,3% contre 5.6% en 2017 et 5,5% prévu dans la LF 2018. Pour ce qui est des exportations, elles étaient estimées en 2018 à 41,1 milliards de dollars contre 35,5 milliards de dollars prévus dans la LFC, soit une hausse de 5,6 milliards de dollars et une croissance de 6.5 milliards de dollars par rapport à 2017 où les exportations avaient atteint le seuil de 34,6 milliards de dollars.
Sur ce volume, 39 milliards de dollars sont des exportations hydrocarbures et 2,4 milliards des exportations hors hydrocarbures. Dans le volet importations, les équipements ont atteint en 2018 46,33 milliards de dollars, soit une hausse de 2,77 milliards de dollars par rapport à la LF 2018 qui avait prévu un seuil de 43,56 milliards de dollars.
En raison de la croissance des importations et des exportations par rapport à 2017, le déficit de la balance commerciale a été réduit en 2018 de 6,7 milliards de dollars, baissant jusqu’à 5.23 milliards de DA alors qu’en 2017, le déficit était de 11,50 milliards de dollars.
Les réserves de change étaient, par contre, établies à 79,9 milliards de dollars contre 84,6 milliards de dollars prévus dans la LF 2018. La valeur des créances sur la dette publique a atteint les 7.679,1 milliards de DA tandis que la fiscalité pétrolière était estimée à fin 2018 à 2.835,19 milliards de DA, soit une augmentation de 30,70% par rapport à 2017, ce qui a permis le financement du fonds de régulation des recettes d’un montant de 437,41 milliards de dinars.
Selon les chiffres présentés par le ministre, le montant global des recettes réalisées en 2018 a atteint 6.405,24 milliards de DA contre des prévisions établies à 6.714,27 milliards de DA dans la loi de finances du même exercice.
Ces recettes effectives sont réparties entre 4.055,55 milliards de DA de recettes ordinaires et 2.127 milliards de DA de recettes issues de la fiscalité pétrolière (35,03 %).
Les dépenses budgétaires au cours de l’exercice 2018 se sont, quant à elles, élevées à 8487,19 milliards de DA contre des prévisions établies à 8627,78 milliards de DA.
Des dépenses effectives réparties entre 4.488,31 milliards de DA de dépenses de fonctionnement et 3953,28 milliards de DA de dépenses d'équipement.
Les dépenses fiscales pour l’année 2018 sont estimées à 704,3 milliards de dinars représentées par les exonérations fiscales accordées à l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ), l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM) ainsi que la Caisse nationale d’assurance Chômage (CNAC).
Concernant la liquidité, la situation finale de l'exécution de la loi de finances 2018 a donné lieu à un déficit global du Trésor de l'ordre de 2.081,94 milliards de DA.
A l’issue de la présentation du projet de loi des députés ont axé leurs interventions sur l’impératif de réduire la durée d’examen du projet de loi du Règlement budgétaire à une seule année au lieu de trois afin de pouvoir pallier rapidement les lacunes dans le cadre de la consécration des principes de transparence dans le contrôle du denier public et de la bonne gouvernance.
A ce propos, le député Lakhdar Brahimi (MSP) a évoqué les gigantesques montants dépensés dans des projets dont les délais de réalisation ne sont pas respectés, outre la distribution inégalée de la richesse, notamment le retard accusé en matière de développement en raison du pillage programmé et de l’absence d’équité entre régions de la même patrie.
La députée Louiza Malek, de la même formation politique, a estimé que cette loi ne fournit pas assez de détails concernant la nature des dépenses fiscales, le bilan du financement non-conventionnel et son impact sur l’économie du pays, tout en s’interrogeant sur le sort des projets à l’arrêt bien que des sommes faramineuses ont été déboursées pour leur réalisation.
Elle a déploré, dans ce sens, l’absence d’une vision prospective et la non-exploitation de la conjoncture de l’aisance financière qu’avait connue le pays pour rationaliser les dépenses et diversifier l’économie.
Pour sa part, le député Chikh Mnouar du MSP s’est interrogé sur l’intérêt de débattre du projet de loi de Règlement budgétaire de l’année 2017 qui avait connu la succession de trois gouvernements, dont certains membres font l’objet de poursuites judiciaires pour corruption.
De son côté, le député Salah Eddine Dkhili du RND a mis l'accent sur le montant des transferts sociaux alors que les problèmes financiers et sociaux des citoyens, notamment de logement et de soins, existent toujours. Il a estimé que les prévisions du gouvernement sont fausses et loin de la réalité économique du pays. Il a également déploré l’augmentation d’une année à l’autre du déficit budgétaire tout en appelant à renforcer le rôle constitutionnel du parlement afin qu’il puisse accomplir sa mission de contrôle du gouvernement.
Lyes Saadi du FLN, a quant lui à estimé que la cour des comptes n’était pas claire dans ses réserves, relevant un déséquilibre dans le règlement d’un budget élaboré par un gouvernement dont la majorité des membres est en prison.
Salima Ettouahria

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