Le projet de loi de finances pour 2021 devant l’APN : Diversifier les sources de financement de l’économie

Ph. Louiza M.
Ph. Louiza M.

Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a affirmé, mercredi à Alger, que le gouvernement œuvre à la diversification des sources
de financement de l'économie, à travers des ressources alternatives aux hydrocarbures et qui seront accompagnées de nouvelles mesures
afin de garantir l'efficacité des dépenses publiques.

Le ministre a fait savoir que «le gouvernement s'emploie à la mise en œuvre d'un plan d'action portant diversification des sources de financement dans le souci de sortir de la dépendance aux sources de financement actuelles et de recourir, de manière stratégique, au partenariat entre les secteurs public et privé devant avoir un retour sur investissement à moyen terme».

Éclairage sur le financement du déficit budgétaire

Le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, a apporté, au terme du débat en plénière, une réponse à l’épineuse problématique du déficit budgétaire prévu dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF-2021). Le solde budgétaire, précisons-le, est estimé à près de -2784,8 milliards de dinars, contre -2381,5 milliards de dinars à la clôture de l’exercice 2020. Quelle parade ? Le financement, explique le ministre, sera effectué à travers l’utilisation d’«une partie des réserves et affectations constituées par la Banque centrale». Une autre partie des fonds propres de la BA sera placée «en bons du Trésor». S’y ajoutent la dynamisation du marché des bons du Trésor, à travers le rachat d’importants crédits bancaires communs, et le refinancement des bons du Trésor émis en contrepartie du rachat de ces crédits bancaires communs. Dans sa réponse, le premier argentier du pays reconnaît la difficulté de la tâche, et explique que l’opération de refinancement exige «l’adaptation du règlement de la Banque d’Algérie au contexte économique et financier actuel». Une adaptation qui, selon le ministre, «garantira la liquidité nécessaire en faveur des banques pour financer l’économie, et permettra au Trésor de drainer une grande part de cette liquidité, dans le cadre de l’activité ordinaire du marché des valeurs du Trésor».

PPP : une nécessité absolue

D’autres solutions sont envisagées. M. Benabderrahmane relève le recours à d’autres mesures prévues au titre du programme du gouvernement, en particulier du partenariat entre les secteurs public et privé, et du développement des outils de financement bancaire. Le mécanisme de PPP permettra la réalisation et la gestion des structures publiques, à travers les financements du secteur privé en contrepartie des revenus d'exploitation, ce qui nécessite la promulgation d'une loi expliquant les modalités de cette opération. Le ministère s'attelle à la préparation d'un projet de loi régissant le mécanisme et explique ses modalités. Pour les investissements stratégiques et prioritaires, M. Benabderrahmane n’écarte pas le recours au financement étranger. L’objectif étant d'alléger la pression sur le secteur bancaire national, ainsi que l'élargissement du champ d'investissements privés nationaux et l'ouverture aux investissements directs étrangers, grâce à l'annulation de la règle 51/49. Toujours à propos des investissements, le ministre des Finances précise que la priorité est accordée à l'achèvement des projets selon les coûts prévisionnels. Et annonce la suspension des nouveaux programmes «en cas d'absolue nécessité», précisant que l'efficacité et l'efficience en seront les maîtres mots.

Bourse, finance et assurance islamiques : des atouts à développer

À propos des nouveaux projets, le ministre a assuré que les procédures liées à plusieurs grands projets sont en passe de finalisation, dont le port d'El-Hamdania, le complexe de zinc à Béjaïa et le complexe de phosphate dans l'est du pays, qui sont des projets à même de permettre la création de plus de 200.000 emplois au cours des cinq prochaines années. Ce n’est pas tout. La stratégie de financement du déficit budgétaire imposera, comme l’explique le ministre, d’innover dans le marché financier : la Bourse et la Finance islamique. Dans la même optique, des experts, à l’image de Saida Tayeb et Ahmed Kadri, de l’université de Relizane, proposent de créer une instance chargée d’émettre des sukuk, relevant que l’État doit se rendre compte de l’inefficience des méthodes traditionnelles dans le financement de la dépense publique. Les universitaires proposent également de faciliter le financement de projets économiques à travers cette solution de finance islamique. Et affirment que les sukuk représentent pour l’État une meilleure alternative à l’endettement. Dans son intervention, le ministre a également relevé que la démarche touchera au recouvrement fiscal.

Lancement du guichet unique d’investissement avant la fin de 2020

Par ailleurs, le ministre souligne que la diversification des ressources financières nécessitera des réformes visant le développement et l'amélioration des produits de la finance et des assurances islamiques, la redynamisation de la Bourse d'Alger, la promotion du rôle des banques dans l'accompagnement de l'investissement et des entreprises, et l'ouverture du capital des banques publiques, ainsi que l'ouverture de nouvelles banques privées. Au volet de l’amélioration du climat des affaires et des investissements, le ministre annonce le lancement du guichet unique d'investissement avant la fin de l'année en cours. Quant aux réformes des subventions, le ministre indique que le gouvernement avait mené une étude dans laquelle des outils d'identification et de ciblage des familles touchées ont été mis en place, ainsi que des outils pour mesurer et évaluer les effets de la levée progressive de ce soutien. Une agence relevant du ministère des Finances sera créée pour mettre en œuvre et gérer un programme de ciblage et d'indemnisation des familles affectées par le programme de réforme des subventions. En chiffres, les transferts sociaux représentent 23,7% du budget général de l'État et 9,4% du PIB pour l’exercice 2021. Dans son intervention, le ministre a bifurqué sur une équation complexe : le prix référentiel du baril de pétrole fixé à 40 dollars. Suffira-t-il pour rétablir les équilibres ? À ce sujet, M. Benabderrahmane explique que le cadre référentiel de la nouvelle loi des finances explique que le gouvernement a joué la prudence, bien que des études prévoient un prix de 46 dollars/baril dans les trois prochaines années. S’agissant des comptes d’affectation spéciale ayant été clôturés, le ministre a révélé que l’ensemble des 38 comptes qui feront objet de clôture en 2021 sont de l’ordre de 2.239,38 mds DA.
Fouad Irnatene

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Les transferts sociaux représentent  9,4% du PIB pour 2021

Les transferts sociaux représentent 23,7% du budget général de l'Etat et 9,4% du PIB pour l’exercice 2021.
Répondant à une question sur le prix référentiel du baril de pétrole fixé à 40 dollars, le ministre a affirmé que le cadre référentiel de la nouvelle loi des finances n’a pas calculé le prix de baril sur la base de la moyenne des prix des dix dernières années comme avant, vu l’instabilité que connais les cours de pétrole.
Malgré que des études prévoient un prix de 46 dollars/ baril dans les trois prochaines années, le Gouvernement a adopté, par prudence, 40 dollars comme prix référentiel. S’agissant des comptes d’affectation spéciale ayant été clôturés, le ministre a révélé que l’ensemble des 38 comptes qui feront objet de clôture en 2021 sont de l’ordre de 2.239,38 mds DA. Pour ce qui est du financement du déficit du budget, le premier argentier du pays a annoncé que le Gouvernement à la mise en œuvre de la politique monétaire stipulée dans la loi et ce en consultation avec la Banque d’Algérie.
Dans ce contexte, le ministre a souligné que l’opération de refinancement nécessite l’adaptation de la règlementation de la Banque d’Algérie avec le contexte économique et financier actuel, ce qui permettra d’assurer la liquidité nécessaire en faveur des banque pour financer l’économie. Cela permettra également au Trésor d’attirer une grande partie de cette liquidité dans le cadre de l’activité formelle du marché des valeurs du Trésor.

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