Le consultant et expert en géo-économie, Abderrahmane Hadef, à El Moudjahid : «L’Algérie confirme sa position de leader»

Propos recueillis par Kafia Ait Allouache

El Moudjahid : L'Algérie prend part au 2e sommet sur le financement des infrastructures en Afrique dont le but est de mobiliser des financements public, privé et mixte en faveur des projets infrastructurels prioritaires identifiés. Selon vous, comment peut-on tirer profit de ce sommet, et que peut-il apporter pour notre pays qui travaille sur ce sujet depuis quelques années ?

Abderrahmane Hadef : L’Algérie est parfaitement lancée dans un projet de redéploiement à l’international, plus particulièrement dans son espace naturel qu’est le continent africain. Aujourd’hui, l’un des axes stratégiques sur lesquels travaille l’Algérie est celui de son positionnement au niveau de ce continent à travers une présence permanente par des partenariats, mais surtout via des projets structurants. Nous assistons d’ailleurs au lancement de plusieurs projets d’envergure pour essayer de prendre sa place de leader dans cet espace continental ; à titre d’exemple, le fameux projet de la route entre Tindouf et Zouirette qui sera financé et réalisé par notre pays sur le territoire mauritanien, notamment toutes les autres infrastructures dont la route transsaharienne, celler de la dorsale de fibre optique… et bien sûr le projet de gazoduc Nigeria-Niger-Algérie. Ce sont des projets qui ont un caractère structurant pour le continent africain, mais pour l’Algérie ils revêtent une orientation stratégique qui serait de se positionner comme leader du continent en termes d’infrastructures, et qui va permettre d’améliorer l’intégration économique au niveau du continent, comme le démontre le projet lancé par le président de la République et qui est de relier l’Afrique du Sud à l’Algérie par la voie ferrée. C’est un projet qui démontre la vision de l’Algérie sur cette question d’infrastructure au niveau du continent africain.

Le président de la République a évoqué, dans son allocution lue par M. Benabderrahmane, la nécessité «d'accélérer l'intégration régionale de notre continent, comme seul moyen permettant de faire face aux défis de développement et de mettre fin à la marginalisation de l'Afrique dans le processus de la mondialisation» ; comment peut-on aboutir à cela ?

Cela démontre l’intérêt de l’Algérie pour le continent africain, son développement avec la vision du cap 63 de l’Union africaine, l’Algérie œuvre pour une intégration dans tous les secteurs, et plus particulièrement celui de l’économie. Un retard est enregistré dans le continent africain en matière d’infrastructures, de développement humain, de couverture énergétique, numérique… ; donc il est temps pour que ces pays travaillent en synergie pour améliorer et remédier à cette situation, et travailler sur les projets régionaux pour créer la notion des chaînes de valeur qui permettraient à un certain nombre de pays de créer un produit ou un service ou même travailler dans des projets intégrés…. Notre président attire l’attention des leaders africains pour qu’il y ait cette nouvelle vision de travail en commun pour aller ensemble dans le sens de relever les défis. Parce que pour lui, l’ordre mondial est en pleine mutation et l’Afrique, elle, est au centre des intérêts de grandes puissances. Il ne faut pas oublier que l’Afrique est la source de cette croissance. Avec l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange, la ZLECAf devient la plus grande zone franche au monde, et avec toutes les richesses et le potentiel du continent africain cela est devenu un challenge pour les leaders africains de travailler ensemble et d’aller vers un nouveau positionnement de l’Afrique sur l’échiquier mondial. L’enchaînement des rencontres dernièrement montre bien cette vision intégrée du secteur industriel africain pour pouvoir transformer et valoriser les matières premières et les richesses en local sur le continent africain. Cette rencontre démontre donc cet élan sur plusieurs plans, à savoir, stratégique, politique, opérationnel…

L’Algérie confirme son plein engagement à œuvrer au renforcement des efforts visant à réaliser l'intégration continentale ; d'ailleurs, plusieurs projets le prouvent : la transsaharienne…, la dorsale de la fibre optique, le gazoduc Lagos-Alger, en s'attelant avec le Niger et le Nigeria. Quelle lecture en faites-vous ?

L’Algérie confirme encore une fois son engagement total pour l’intégration continentale. Elle va au-delà des intentions. Elle a un engagement réel sur le terrain. C’est une réalité palpable via une intégration plus forte et des échanges, et de la mobilité pour les personnes, les produits et la marchandise. C’est une intégration qui démontre sa vision à être au rendez-vous des changements que connaît le monde aujourd’hui, en essayant de donner un élan avec les pays africains (Afrique du Sud, Nigeria, Égypte, ...) qui sont la locomotive de l’Afrique.

K. A. A.

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