Parler de la paix en Afrique relève, à première vue, d’un abus de langage ou mieux d’une construction intellectuelle très éloignée de la réalité. Pour cause, bien souvent, lorsqu’on parle de l’Afrique, l’idée qui est souvent renvoyée est celle des guerres, des crises, des conflits politico-ethniques, des déplacements de populations, des camps de réfugiés, l’exil... Les derniers développements survenus sur le continent, avec leur lot d’instabilité institutionnelle engendrée, sont autant d’illustrations qui renforcent cette image. Dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne, crises et conflits se côtoient en permanence. Nombreux aussi sont ceux qui considèrent que l’Afrique est un terreau des conflits, un continent voué à la misère et à la dépendance. Le 10e Séminaire de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique qu’abrite la capitale de l’Ouest, Oran, aujourd’hui et demain, tend justement à casser ce stéréotype et faire de la diplomatie africaine «un élément accompli et influent, dans l'intérêt de la sécurité et de la stabilité dans le continent». L’Algérie, acteur incontournable dans la nouvelle architecture sécuritaire africaine, et initiatrice de ce rendez-vous annuel en décembre 2013, a toujours œuvré pour apporter aux problèmes africains des solutions africaines. La rencontre d’Oran constitue pour ainsi dire un espace intra-africain dédié au renforcement de la coordination et la coopération entre les A3 (les membres africains actuels, entrants et sortants du Conseil de sécurité des Nations unies) et les membres du CPS/UA, pour faire entendre la voix de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité, et défendre efficacement les positions communes africaines sur les questions de la paix et de la sécurité. Une rencontre qui tombe à point nommé avec le début du mandat de l’Algérie, janvier 2024, en tant que membre non permanent au Conseil de sécurité de l’Onu. Une date importante pour le continent, rassuré que notre pays assumera efficacement et jusqu’au bout sa mission de rendre la voix de l’Afrique plus audible. Dotés d’une feuille de route crédible et efficace, où les solutions diplomatiques sont le credo dans toutes les crises qui secouent certains pays dans la Sahel notamment les A3, avec l’Algérie comme fer de lance, et dont la diplomatie agissante a pu imposer le dialogue comme unique alternative à l’interventionnisme armé, et qui fait ses preuves en Libye au Mali et au Niger, ne manquera sûrement pas de faire changer l’image de l’Afrique qui se concerte et se montre capable d’apporter des solutions à ses maux. Tous ces défis et cet engagement ont fait que Oran soit devenue la plate-forme de la paix et de la sécurité. Un rendez-vous institutionnalisé.
M. T.
