Justice : poursuivre la lutte contre la corruption

L’ancien conseiller à la Présidence, Saïd Bouteflika, a comparu de nouveau lundi devant le juge d’instruction près le pôle national pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’Hamed. L’ancien conseiller, placé en détention provisoire en décembre dernier, a été entendu dans une affaire liée au financement occulte de la campagne électorale des présidentielles de 2019. Selon des sources judiciaires, il a été auditionné sur de présumées «instructions et directives données par téléphone» pour aider l’homme d’affaires Ali Haddad, patron du groupe ETRHB, à «régler ses problèmes avec l’administration».
Saïd Bouteflika a comparu devant un tribunal civil lors du premier procès du montage automobile au pôle judiciaire spécialisé de Sidi M’hamed, en tant que «témoin», suite aux déclarations d’Ali Haddad à la barre. Ce dernier avait déclaré qu’il avait transféré les fonds de campagne de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika à son bureau de Dar El-Beida pour des raisons de sécurité, à la demande du frère du président, Saïd Bouteflika. Il a ajouté qu’à la demande de Saïd Bouteflika, il avait également choisi son beau-frère et une autre personne pour gérer les affaires financières de la campagne électorale parce que ce sont des personnes en qui il avait confiance, et ce, après l’approbation de Saïd Bouteflika lui-même. Ce dernier a été également entendu comme témoin dans l’affaire de Chafik Hamel, le fils de l’ancien DGSN. Il est cité dans plusieurs affaires, notamment celles des frères Kouninef, propriétaires du groupe KouGC (en détention), de l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, et de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, en détention provisoire. Saïd Bouteflika a été déjà entendu par les enquêteurs de la section de recherche du groupement territorial de la GN d’Alger dans cette affaire, notamment sur sa relation avec Réda Kouninef et l’octroi d’avantages, ainsi que le trafic d’influence. Interrogé lors de son procès, sur ses relations avec Saïd Bouteflika, Réda Kouninef a déclaré au tribunal : «C’est un ami de longue date. Je n’ai jamais profité de cette amitié.» Les frères Kouninef ont versé un montant de 400 millions DA en 2014 à la direction de campagne électorale du Président candidat Abdelaziz Bouteflika.
Réda Kouninef a expliqué au tribunal que «le FNI nous a viré le montant de certaines prestations dans le compte du groupement, lequel a transféré la somme aux sociétés. J’ai demandé un prêt de 200 millions de DA, mon frère a fait la même chose pour le même montant, et nous avons établi un chèque de 400 millions de dinars au nom de la direction de la campagne électorale».
L’affaire Kouninef est scindée en deux procès : celui des frères Kouninef et des anciens cadres, et celui toujours en instruction impliquant notamment l’ancienne ministre Houda Feraoun. Saïd Bouteflika a également été inculpé dans l’affaire de l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, suite à des SMS récupérés sur les téléphones portables de ce dernier. L’audition a porté essentiellement sur le mandat d’arrêt international lancé en 2013 contre l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil. Saïd Bouteflika «aurait rejeté toutes les accusations», indique une source proche du dossier.
Tayeb Louh aurait déclaré qu’il a agi «sur instruction du conseiller à la Présidence» cité lors de son audition par le magistrat instructeur près la Cour suprême dans le dossier de Chakib Khelil. Saïd Bouteflika est poursuivi pour trafic d’influence, abus de fonction et instrumentalisation de la justice.
Pour rappel, il a été condamné à 15 ans de prison ferme par la cour militaire d’appel de Blida qui l’a acquitté suite au pourvoi en cassation par la Cour suprême pour les chefs d’inculpation de «complot ayant pour but de porter atteinte à l’autorité du commandant d’une formation militaire» et «complot dans le but de changer le régime».
Neila Benrahal

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