Homme politiques, élus, hommes d’affaires, journalistes et historiens expriment leur soutien : L’Algérie n’a pas que des ennemis en France

Au cœur des tumultes qui ont animé les rapports Algéro-Français pendant des décennies, des voix dissonantes ont toujours émergé pour montrer une autre direction que celle de la haine, du racisme et de la violence.

Faut-il rappeler que pendant la guerre de Libération nationale, des centaines, sinon des milliers d’intellectuels, d’écrivains et d’hommes politiques, voire des militaires de l’armée d’occupation française ont dit non à la guerre, aux massacres des innocents. Au péril de leur vie, ces amis de l’Algérie ont porté avec conviction le combat des Algériens qui se battaient pour la justice et la liberté. Ces combattants de la liberté sont nombreux en France, l’on cite quelques noms, dont Henri Maillot, Chaulet, Gisèle Halimi, Jean-Paul Sartre, Fanon ou encore Audin... Durant la guerre de Libération, comme aujourd’hui, l’Algérie n’a pas que des ennemis en France, puisque les voix de la sagesse s'élèvent pour critiquer la campagne de désinformation menée par l'extrême droite et fustiger l'acharnement de certaines parties contre les Algériens. On peut citer Ségolène Royal, l’ex-ministre française, qui a évoqué, lors d'une intervention sur le plateau d'une chaîne de télévision, la «dette morale qu'a la France envers l'Algérie, une dette en lien avec les crimes commis durant la colonisation. Il ne faut pas oublier les dégâts que nous avons commis sur ce territoire que nous avons colonisé parce qu'il y avait des ressources. La France s'est enrichie, les entreprises françaises se sont enrichies (aux dépens) de l'Algérie», a-t-elle rappelé, notant que la colonisation a été «atroce». Lors d’une interview accordée à Alg24 News, l’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin, avait affirmé qu’il y avait beaucoup d’attente et un grand espoir dans les cercles français de parvenir à des solutions à la crise avec l’Algérie. L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac considère que «la bonne volonté doit être le moteur qui nous guide. C’est pourquoi, je souhaite sincèrement que nous puissions bientôt progresser. Je vois déjà des mouvements dans ce sens, et c’est pourquoi je veux croire que bientôt nous pourrons avancer ensemble». À l’adresse de ceux qui alimentent la discordance, comme le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, De Villepin qualifie les propos de ce fauteur de troubles «d'amateurisme». Mettant en avant ses 40 ans d'expérience diplomatique, Dominique de Villepin affirme que «ce n'est pas en jouant le bras de fer» que la France parviendra à faire plier l'Algérie et «la scène publique et le «20 heures de TF1» ne sont pas les lieux idoines pour tenter de le faire». On peut citer aussi le leader du parti La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, qui a vertement dénoncé Retailleau, lui rappelant qu’il marchait sur les plates bandes du ministre des Affaires étrangères. «Dans quel monde vivez-vous ? Vous n'êtes pas au courant qu'un Français sur quatre a un grand-parent étranger ? Quand j'étais gamin, c'était un sur dix. Vous parlez de nos familles, M. Retailleau (…) Vous voyez toute personne du Maghreb comme un ennemi, comme quelqu'un qui pose problème. On ne vous laissera pas faire ça (…) On ne va pas régler les problèmes comme ça. Il faut vivre avec son temps. Le temps de la colonie est terminé. On ne donne pas d'ordres aux autres», a-t-il soutenu. Deux jours plus tôt, la présidente du groupe parlementaire LFI, Mathilde Panot, avait, elle aussi, critiqué Bruno Retailleau suite à ses déclarations haineuses à l'encontre de l'Algérie. Elle l'avait qualifié de «fauteur de troubles», lui reprochant de s'«attribuer des prérogatives qui ne lui reviennent pas. Retailleau n'est ni ministre des Affaires étrangères ni président de la République». Et c’est parce que l’Algérie ne le sait que trop bien que les hautes autorités du pays ont toujours dépassé les agitations de ce ministre gardant la voie de la mesure, de l’équilibre et de la sagesse. Dans ce capharnaüm de l’extrême droite, où l’on ne fait pas l’économie de la diffamation, l’intox et le mensonge jusqu’à créer une ambiance «Goebbelsienne», l’Algérie ne prête attention qu’à la voix officielle de la France, représentée par son Président et celle de son ministre des Affaires étrangères. Toutes les autres jacasseries ne sont que l’écume d’une extrême droite qui veut refaire la guerre d’Algérie, affichant une détermination totale à mettre en péril des relations historiques et un rapport humain très dense pour exécuter un agenda électoral. Mais l’Algérie se refuse et se refusera de servir de strapontin menant à l’Élysée. L’Algérie n’a jamais fui le dialogue, mais répugne le mensonge et les propos de bas étage.

H. Y.

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Il y a 66 ans, 118 villageois furent tués par arme chimique à Batna : Combien de Ghar Ouchetouh commis par la France coloniale ?

Il y a 66 ans, Ghar Ouchetouh, une grotte située dans la commune de Taxlent, au cœur de la wilaya de Batna, fut le théâtre d’un épisode tragique, dont la violence témoigne de l’horreur des crimes coloniaux. Fuyant les descentes punitives des forces coloniales, une centaine de villageois se refugièrent dans cette grotte, creusée par la force des éléments et logée à flanc de montagne. Cependant, un certain 22 mars 1959, une opération militaire ciblée, exécutée par des forces coloniales déterminées à éliminer toute résistance, transforma ce refuge naturel en un véritable piège mortel. Des hommes, femmes et enfants furent pris au piège dans cet espace confiné et tués par gaz chimique. Ce massacre, qui résonne toujours dans la mémoire collective, illustre bien la brutalité d’un système colonial prêt à tout pour maintenir son emprise sur le pays. Les Algériens furent souvent soumis à des traitements inhumains, à des spoliations et à une violence systématique inouïe durant la longue nuit coloniale. Si chaque année le massacre de Ghar Ouchetouh est commémoré en Algérie, ce n’est pas le cas en France, où ce crime fut passée sous silence, tant par les autorités que par une histoire officielle qui minimisait la gravité des crimes coloniaux. Aujourd’hui, grâce au travail de certains historiens, le massacre de Ghar Ouchetouh refait surface dans les débats sur l’histoire et la mémoire. C’est un crime qui s’inscrit dans un schéma plus vaste de répression coloniale visant à étouffer toute forme de résistance. Un documentaire réalisé par la journaliste d’investigation Claire Billet, sur la base des travaux de recherches menés par l’histoirien Christophe Lafaye, a révélé, pour la première fois, l’ampleur du recours aux armes chimiques par l’armée coloniale pendant la guerre de Libération nationale. Intitulé Algérie, Sections Armes Spéciales, ce documentaire, diffusé le 9 mars par la chaîne suisse RTS et censuré par France Télévision, jette la lumière sur un aspect de l’histoire coloniale enfoui dans les archives. L’historien Christophe Lafaye a affirmé avoir pu identifier 450 opérations militaires ayant eu recours aux armes chimiques en Algérie. Mais il y aurait eu beaucoup plus que ça, puisqu’il n’a pas pu accéder à tous les documents classés secret défense liés à cette période coloniale. «En 1956, la France est confrontée à une montée en puissance de l’Armée de libération nationale (ALN) et à un problème tactique : l’utilisation par les résistants de grottes et de souterrains, qui leur donnent l’avantage en cas d’assaut. Pour résoudre le problème, l’état-major des armes spéciales expérimente le recours aux armes chimiques», a affirmé l’hsitorien dans un entretien à l’Humanité. «Un certain nombre de documents sont accessibles, mais pas les comptes rendus d’opération, les journaux de marche et opérations, soit le journal de bord de l’unité», a-t-il relevé, tout en considérant que «ces documents permettraient de faire une cartographie exhaustive des sites où ces armes ont été utilisées et des lieux exposés aux retombées». «La guerre chimique a été orchestrée au plus haut sommet de l’État français», a encore attesté M. Lafaye dans une interview accordée au journal Libération. «C’est le ministre Maurice Bourgès-Maunoury qui a signé l’autorisation d’utilisation des armes chimiques. La 4e puis la 5e République ont totalement assumé, ordonné et organisé la conduite d'une guerre chimique en Algérie», a-t-il précisé.

M. A. O.

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Retailleau agace l’Élysée

Les attaques et provocations du ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, contre une Algérie inébranlable suscite des remous au sein de l'Élysée et du gouvernement français. Face à un Retailleau agitateur, qui manœuvre plutôt pour ses ambitions que pour les intérêts de la France, le Président français prend à nouveau ses distance en s’abstenant de soutenir, encore moins de souffler mot sur la menace de «riposte graduée» qu’avait proféré son ministre de l’Intérieur à l’encontre de l’Algérie, après son rejet de la liste de 60 ressortissants à expulser. En fait, s’exprimant sur l’Algérie à l’issue du Sommet européen à Bruxelles (Belgique), Emmanuel Macron a implicitement désavoué Retailleau, en affirmant sa confiance dans la «clairvoyance» du Président Tebboune, et faisant clairement comprendre, par la même, que les menaces de «réponse graduée» ne reflètent pas la position de l’Élysée. S’exprimant, jeudi soir, en marge d’un sommet européen, à Bruxelles (Belgique), le président français, Emmanuel Macron, a pris ses distances. Des médias hexagonaux, notamment RTL et Le Parisien révèlent que les prises de position répétées de Retailleau contre l’Algérie, ainsi que ses empiètements sur les prérogatives diplomatiques de l'Élysée provoquent un malaise croissant, tant dans l’entourage d’Emmanuel Macron qu’au sein du gouvernement. «On s'agace sur un point précis - et c'est un ami du chef de l'État qui le confie à RTL - Emmanuel Macron déteste qu'on empiète sur son domaine réservé. Le président de la République n'apprécie pas du tout que l'action d'un ministre déborde sur ses prérogatives : la diplomatie et en l'occurrence les relations diplomatiques avec l'Algérie», a indiqué la chaîne de radio, reprise par l’Agence APS. Selon la même source, un proche du chef de l’État a rappelé, à la station, que l’agenda des relations avec l’Algérie est fixé par le Président lui-même, et non par un ministre. L’Élysée aurait même adressé un «rappel un peu sec» à Retailleau, soulignant que les ambitions politiques individuelles ou les agendas partisans ne doivent pas influencer la diplomatie française. Cité par la même source, le journal Le Parisien fait lui aussi état de l'embarras du gouvernement français devant le comportement du ministre de l'Intérieur. «Dans les arcanes du pouvoir, le sujet, explosif, embarrasse», signale le journal qui pointe du doigt les motivations politiques derrière les attaques et prises du concerné. Retailleau chercherait à séduire l’aile droite de son parti en adoptant un discours ferme. «Il radicalise son discours pour coller à l’opinion, mais il n’obtient aucun gain», déplore un ministre anonyme cité par Le Parisien. «L’intérêt de la France et de millions de ses citoyens ne peut être confisqué pour servir le congrès de LR. Nous voulons paix, respect et amitié réciproque», soutient le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, également cité par le journal.

K. A.

 

 

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