
À l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, coïncidant avec le 21 février de chaque année, le Haut Conseil de la langue arabe (HCLA) a organisé, hier à Alger, un colloque intitulé «L’empreinte linguistique des utilisateurs de la langue arabe dans le monde numérique», durant lequel il a été question de la présence de contenus numériques en langue arabe, de la mise en évidence du potentiel et des capacités dont dispose cette langue, et des défis auxquels est confrontée cette langue.
Articulée autour de trois séances et d’un atelier, la séance inaugurale a été marquée par la présence du président de l’Observatoire national de la société civile, Noureddine Benbraham, de la déléguée nationale à la protection de l’enfance, Meriem Cherfi, du président du Haut Conseil islamique, Bouabdellah Ghlamallah, du président de l’Association des Oulémas musulmans algériens, Abdelmadjid Birem, et du SG du ministère de la Numérisation et des Statistiques.
Dans son allocution, le président du HCLA, Salah Belaïd, a indiqué que son institution est en train de vivre actuellement «une transformation digitale», et qu’elle œuvre à une collaboration avec le Haut-Commissariat à la numérisation et des statistiques. Il a évoqué, en outre, le travail en cours du HCLA pour la numérisation des manuscrits. Une tâche ardue, selon l’intervenant, compte tenu des différentes graphies. Cependant, le HCLA élabore des modèles et des prototypes. Pour Belaïd, ce colloque est une occasion de bénéficier de l’expertise de chercheurs et spécialistes dans le domaine pour réussir la transformation digitale. De son côté, le Secrétaire général du ministère de la Numérisation et des Statistiques, Abderrezak Ghelis, a relevé un paradoxe relatif à l’exceptionnelle richesse de la langue arabe et sa pauvreté en termes de contenus numériques. La richesse se situe également dans le nombre de locuteurs en langue arabe avoisinant les 550 millions : pour 300 millions d’entres eux, l’arabe est la langue maternelle, alors qu’elle est une deuxième langue pour 250 millions de locuteurs. Il a également relevé que les usagers de cette langue écrivent pour la plupart en graphie latine, ce qui pourrait expliquer l’usage de cette langue, quelque peu minoritaire, sur les plateformes numériques.
L’intervenant a, en outre, mis l’accent sur les projets qui seront mis en place entre le Haut-Commissariat à la numérisation et le Haut Conseil de la langue arabe, dont «l’élaboration d’un dictionnaire des termes numériques en langue arabe, et la création de blogs éducatifs, tout en encourageant la présence effective des intellectuels, chercheurs et penseurs algériens sur les plateformes numériques interactives, et ce pour la consolidation du contenu numérique en langue arabe», a-t-il indiqué.
Il affirme également que «la construction de la société numérique et la consolidation de la citoyenneté numérique sont au centre des préoccupations du Haut-Commissariat à la numérisation, qui a consacré un chapitre central dans le projet de la stratégie nationale de la transformation digitale, réalisé en coordination avec tous les secteurs concernés et le secteur économique, la société civile et les acteurs du numérique».
Par la suite, les travaux du colloque ont vu la participation de professeurs et chercheurs de plusieurs universités algériennes, qui ont dressé un état des lieux, afin de comprendre la place de la langue arabe dans le monde numérique, et le fossé entre une langue pleine de ressources et de modernité et une présence numérique timide.
Sara Kharfi