
L’extradition de l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmoumene Ould Kaddour, s’est effectuée en un temps record, révélant l’efficacité de la diplomatie algérienne, soutient Me Khadidja Meslem, avocate à la Cour suprême et membre de la Commission nationale de lutte contre la corruption.
Cette extradition s’inscrit dans le cadre de la convention judiciaire bilatérale entre l’Algérie et les Emirats. «Les conventions judiciaires sont dédiées à la coopération en matière judiciaire car chaque pays est souverain dans la lutte contre la corruption avec son propre dispositif judiciaire. La lutte contre ce fléau revêt une dimension internationale, dans le respect de la souveraineté de chaque Etat-partie et des règles de compétence telles que régies par les dispositions de la Convention».
La remise de l’ancien P-DG quatre mois après son arrestation à l’aéroport de Dubaï et le lancement des procédures par les autorités algériennes se sont faits en un temps record, estime l’avocate, qui a rappelé l’extradition de l’ancien P-DG du groupe Khalifa, après plus de 12 ans de négociations. Ces questions sont du ressort des instances judiciaires. «Cependant, la diplomatie peut participer à faciliter la coopération, l’entraide, la coordination et les consultations sur la lutte contre la corruption. Dans cette affaire, il s’agit d’une part de l’efficacité de la diplomatie algérienne, et l’on constate la touche de M. Lamamra, notamment avec la dernière tournée qui confirme le rôle remarquable et la place de l’Algérie en Afrique et dans le monde arabe ». Me Meslem indique également que cette extradition vient appuyer les efforts de l’Algérie dans la lutte contre la corruption : «C’est un message rassurant sur la poursuite de la lutte contre la corruption, notamment l’extradition des responsables en fuite à l’étranger, même s’ils jouissent d’une nationalité étrangère et ont réussi à quitter le territoire national. Leur poursuite en dehors des frontières concrétise l’engagement des hautes autorités du pays qu’aucun responsable mis en cause n’est à l’abri». L’avocate précise que les enquêtes sur la corruption relèvent des prérogatives des autorités judiciaires, expliquant les lenteurs par notamment la complexité des procédures ainsi que de la difficulté à réunir des preuves suffisantes. «La volonté politique reste la condition majeure pour l’aboutissement des enquêtes et procédures judiciaires engagées dans les affaires de corruption. Le prévenu a été présenté dans les délais impartis devant le parquet près le pôle pénal économique et financier de Sidi M’Hamed qui a émis le mandat d’arrêt international, dans un délai de 24h, en attendant qu’il soit présenté de nouveau pour audition».
Cette extradition constitue un grand pas dans la lutte contre la corruption, «une réussite judiciaire», mais aussi diplomatique, d’autant que la mise en œuvre des conventions d’extradition a toujours suivi des «procédures compliquées», selon le procureur de la République près le pôle pénal économique et financier de Sidi M’Hamed.
Neila B.