Écoles de mathématiques et d’intelligence artificielle : Le défi du Big Data

Une École supérieure des mathématiques et une structure d'enseignement supérieur pour l'intelligence artificielle. Décidément, l'Algérie ne se contente plus de suivre le mouvement, mais actionne la stratégie et se lance dans la bataille du numérique.

C'est la stratégie adoptée par le département d'Abdelbaki Benziane pour redonner à la filière mathématiques et aux savoirs informatiques la place qui leur revient au sein de l’université. Lors du dernier Conseil des ministres, deux projets de décrets présidentiels portant sur la création d’une Ecole nationale supérieure des mathématiques et la création d’une Ecole nationale supérieure en Intelligence Artificielle ont été examinés.
Ces deux écoles nationales supérieures, d’une capacité de 1.000 places pédagogiques chacune, seront créées au niveau du cyberparc de Sidi Abdallah (Alger). Noureddrine Cheikh, chercheur à l'USTHB et membre du laboratoire de recherche opérationnelle, de combinatoire, d'informatique théorique et de méthodes scolastiques, explique que la promotion de l'enseignement et de la recherche en mathématiques «ne doit pas être considérée comme un luxe», mais bien de reconnaître l'importance de cette branche d'études et des sciences connexes dans l'organisation de la vie sociale et économique du pays».
Pour illustrer ses dires, le chercheur souligne que «plusieurs secteurs d'activité sont liés et dépendants des formations de base en mathématiques». Ainsi la promotion de la recherche scientifique dans cette branche d'étude et la création d'un pôle universitaire sont des facteurs déterminants dans l'avenir car «la recherche-développement impliquerait des spécialistes qui travaillent dorénavant sur des masses de données, chiffres, et statistiques relevant de tous les domaines de la vie». Le mathématicien dira qu'une information n'est pas qu'une donnée brute, mais la matière première de l'élaboration d'un savoir, et le savoir est la condition première pour une prise de décision.
Selon lui, la bataille est rude, «la quantité de données numériques créées et consommées sur internet et par les gadgets connectés a augmenté de façon exponentielle» d'où l’impératif d'améliorer l’apprentissage des mathématiques pour répondre notamment aux besoins actuels de l’ère du Big data.
En avril dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur avait évoqué la réflexion sur «la révision des modalités d’orientation des bacheliers de la branche mathématiques à partir de 2021-2022» dans l’objectif de promouvoir les branches des mathématiques.
Noureddine Cheikh explique que «différents acteurs des pays développés à l'image des gouvernements, des grandes corporations, font appel au Big Data dans leurs prises de décision». Cependant, «la gestion et le traitement des données massives nécessitent des connaissances importantes, notamment en mathématiques» a-t-il ajouté.
Pour le chercheur «il est indéniable que, à l’ère du Big Data, internet change notre manière d’enseigner et d’apprendre. Cela dit, en Algérie ce changement s’opère à l’insu des enseignants et des étudiants, or nous avons tout intérêt à intégrer activement l’usage d’internet et des nouvelles technologies dans la pratique pédagogique des mathématiques, pour la formation de futurs chercheurs ayant la compétences de la collecte, l’exploration et l’analyse de grandes masses de données.
Il convient de rappeler que le nombre de chercheurs en mathématiques dans les établissements universitaires est estimé à 4.343 répartis sur 65 laboratoires de recherche en mathématiques, dont 50% sont des doctorants.
Tahar Kaidi

Sur le même thème

Multimedia