Éclairage : Démarche répréhensible

Le tweet du président américain sortant, Donald Trump, annonçant la reconnaissance de la prétendue «marocanité» du Sahara occidental en contrepartie d’une normalisation entre le Maroc et Israël, n’en finit pas de soulever de nombreuses réactions à l’échelle des Etats, des organes et des personnalités internationales, y compris aux Etats-Unis d’Amérique, où plusieurs membres du Congrès l’ont qualifiée de violation de la légalité internationale.
Cette reconnaissance risque d’entraver les efforts de la communauté internationale visant à trouver une solution pacifique au conflit entre la République arabe sahraouie démocratique et le Royaume du Maroc.
Pourtant, depuis 1963, l’ONU a inscrit à son agenda le territoire du Sahara occidental comme territoire non autonome et n’a cessé de réaffirmer résolution après résolution, le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.
D’ailleurs, ce n’est pas sans raison que l’instance onusienne a dépêché la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental en vertu du plan de paix qu’elle a signé conjointement en 1991 avec le Front Polisario et le Royaume du Maroc.
Si le Maroc est certain de la marocanité de ce qu’il appelle «ses provinces du Sud», pourquoi refuse-t-il leur accès aux observateurs internationaux et le référendum d’autodétermination ?
La présence de la République sahraouie au sein de l’Union africaine, siégeant aux côtés du Maroc avec les mêmes droits et devoirs et entretenant des relations diplomatiques avec de nombreux pays, est une preuve irréfragable qui enterre définitivement les pseudos droits du Maroc.
Le Royaume, membre de l'Union africaine et donc engagé de fait à respecter son Acte constitutif et ses décisions, n'a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, position reconnue par de nombreuses résolutions de l'Union africaine, des Nations unies ainsi que par l'arrêt de 1975 de la Cour internationale de justice.
Cette démarche irréfléchie ne changera en rien les positions de la communauté internationale à l'égard du droit des Sahraouis à un référendum libre et juste sur l'autodétermination.
Il s’agit-là, d’un troc honteux en reconnaissance d'Israël par le Maroc, et d’un marchandage dicté par les intérêts étroits du Makhzen, au détriment des sentiments du peuple marocain.
La conseillère du Président sahraoui, Nanna Lebatt Rachid, a estimé que le régime du Makhzen a vendu la cause palestinienne pour un tweet. Seul le peuple sahraoui a le droit de choisir son destin, a-t-elle déclaré.
La communauté internationale est en droit de rejeter cette décision et de soutenir le peuple sahraoui afin d'alléger ses souffrances, exhortant les Nations unies à accélérer l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination.
L'Algérie réaffirme que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations unies et de l’Union africaine en la matière, c'est-à-dire l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux dispositions de la résolution 1514 (XV) portant octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux.
Elle est convaincue qu’un véritable processus politique consiste à amener les deux parties en conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, à s’engager, sans conditions, sur la voie du dialogue, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies, appuyée par l’Union africaine.
Mohamed B.

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