Double anniversaire du 24 février - Ahmed Tartar, expert en énergie, enseignant à l’université de Tébessa : «Les hydrocarbures, levier constant du développement»

Entretien réalisé par Kamelia Hadjib

El Moudjahid : L’Algérie célèbre le 52e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures. Quel bilan faites-vous de la contribution de ce secteur à l’économie nationale ?
 
M. Ahmed Tartar : Le secteur des hydrocarbures est un secteur très important, puisqu'il représente 97% du budget général de l'État. Il est le principal pourvoyeur des ressources financières en Algérie et sur lequel reposent tous les plans de développement, et ce depuis le premier plan datant de 1967 jusqu'à nos jours, que ce soit dans le volet économique ou dans le volet social. Il faut dire que la décision courageuse et historique de nationalisation des hydrocarbures, annoncée le 24 février 1971 par le défunt Président Houari Boumediène, a permis le recouvrement de la souveraineté de l'Algérie sur l'ensemble des richesses de son sous-sol. En effet, après la décision de la nationalisation des mines en mai 1968, il y a eu la nationalisation des hydrocarbures, qui a permis la récupération de toutes nos ressources pétrochimiques, et, à travers cette décision souveraine, l’Algérie s’est lancée dans l’exploitation de ses ressources énergétiques par la production, l'extraction, le développement de la recherche. 
L'Algérie avait un grand besoin des ressources financières pour réaliser le décollage économique souhaité à cette époque qui a été marquée par les trois révolutions tracées par le défunt Président Houari Boumediène, à savoir la révolution agraire, la révolution industrielle et la révolution culturelle. Il faut dire que la nationalisation des hydrocarbures constitue un événement décisif dans l’histoire de l’Algérie indépendante et l’achèvement de l'indépendance politique obtenue le 5 juillet 1962 par cette indépendance économique. Depuis, le secteur des hydrocarbures a occupé une position fondamentale, permettant à la société Sonatrach, qui a été créée en 1967, de s’affirmer et de s’imposer parmi les sociétés leaders du domaine des hydrocarbures. Ces dernières années, caractérisées par la mise en place de programmes prometteurs et le décollage économique opéré au sein de la nouvelle Algérie, s’appuyèrent sur ce secteur comme moteur de développement économique et financier. 
Après l’adoption du concept de la nouvelle Algérie et les grandes transformations qu’a connues le pays après le Hirak, des efforts ont été orientés vers le développement du secteur des hydrocarbures en tant que secteur prometteur, notamment devant les conditions mondiales marquées par les répercussions de la pandémie de la Covid-19 et de la crise ukraino-russe, avec son impact économique, politiques et géopolitique. Des efforts qui ont permis la découverte en 2022 de 8 gisements pétrole et de gaz et la mise en exploitation de deux gisements entre octobre et novembre de la même année, ce qui permettra une augmentation des réserves de pétrole et des réserves de gaz. Ajoutez à cela, les partenariats prometteurs et crédibles avec Sonatrach, et des sociétés italiennes, françaises et américaines. 
Des accords de partenariats sont, également, en cours avec des entreprises chinoises. Toute cette dynamique que connaît actuellement le secteur va permettre à l'Algérie à se doter de nouvelles ressources au profit du développement. Grâce aux ressources pétrolières et gazières qui ont été exploitées au service du développement, on assiste actuellement à l’accélération du rythme de la relance économique et la relance de nouveaux pôles, à l’instar du secteur minier à Gara Djebilet et la relance des projets qui ont été suspendus et qui s’inscrivent dans le plan 2014-2019, et le lancement dans la réalisation de nombre de projets, tels que le port de Cherchell, l'expansion du port de Jijel et l’expansion ferroviaire à de nombreuses régions du pays et restauration de la route de l'Unité africaine. 
 
Eu égard au contexte international objet de profondes mutations y compris d’ordre énergétiques, quelles sont les perspectives de développement qui s’offrent à la Sonatrach ?
 
La situation politique actuelle dans le monde, avec les répercussions de la crise russo-ukrainienne, a fait que Sonatrach se trouve dans une position positive en termes d'augmentation de ses capacités de production et le développement de l'expertise de ses compétences.
 Tout cela a permis à Sonatrach d'occuper la 11e place parmi les grandes entreprises à l’échelle internationale. D'autre part, Sonatrach a acquis un savoir-faire et une technologie de ses partenaires avec lesquels elle a développé un programme prometteur permettant le développement de l’entreprise à plus de 40 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Sonatrach doit prendre en considération toutes les évolutions que connaît le monde actuellement pour tenter de se placer en Europe du fait que la Russie a coupé ses approvisionnements en énergie pour l’Europe. La compagnie nationale des hydrocarbures pourrait gagner ce marché prometteur, compte tenu de son emplacement stratégique et de la fiabilité et la crédibilité de ses relations avec les pays la Méditerranée, notamment les pays européens. 
 
Du 24 février à nos jours, quel bilan faites-vous sur les réalisations du secteur des hydrocarbures ?
 
Les réalisations accomplies par le secteur des hydrocarbures sont grandes et très importantes depuis le recouvrement de l'indépendance économique par la décision du 24 février 1971 et la récupération de nos ressources pétrolières et gazières. Selon un récent rapport, l’Algérie compte pas moins de 620 gisements de pétrole et de gaz, et la production a triplé depuis la nationalisation des hydrocarbures. Les besoins de la population sont couverts à plus de 90% en électricité et à plus de 65% de couverture en gaz. L’ambitieux programme du président de la République, axé sur la lutte contre la pauvreté dans les zones d’ombre, va permettre de compléter les 10% des besoins de la population en électricité et les 35% en gaz. Des objectifs qui peuvent être réalisés, à la lumière des capacités que recèle l’Algérie et de la nouvelle orientation politique. L’Algérie prévoit d’atteindre les 100.000.000 mètres cubes de gaz en 2023, et certains rapports avancent le chiffre de 110.000.000 mètres cubes de gaz. 
 
K. H. 

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