Découpage territorial et développement local : «Des potentialités à valoriser»

Le directeur de la réglementation et de l’aménagement du territoire, Madjid Saâda, nous affirme que cette nouvelle répartition vise aussi à «promouvoir» le développement dans le sud du pays par la dynamique économique escomptée, ce qui érigera, selon lui, ces régions en pôle régional par excellence. «Ces nouvelles circonscriptions seront dotées du maximum des services de l’Etat, permettant du coup d’avoir une meilleure proximité dans le suivi des projets, plus d’efficacité en matière de développement local et ce en les faisant bénéficier de services qui n’étaient pas représentés au niveau des wilayas délégués, notamment les services financiers et fiscaux», explique-t-il. Ce dernier précise, d'autre part, qu’au travers de la création de ces structures, ce sont les lignes directrices du schéma national d’aménagement durable du territoire, en phase de réflexion depuis 2009, qui vont commencer à prendre forme sur le terrain. Il faut dire que ces réformes s’inscrivent dans cette phase de changements profonds que connaît notre pays dans les différents secteurs et cette reconfiguration territoriale figure parmi ces actions qui ambitionnent de répondre aux aspirations de la population. L’autre gros enjeu de ce nouveau découpage reste stratégique et inhérent aux risques sécuritaires dans la région sahélienne. Fixer les populations dans les régions de l'extrême sud est une des priorités des plans d'aménagement du territoire depuis une dizaine d'années. Selon les chiffres du département de l’Intérieur, 63% des Algériens vivent dans le Nord qui représente à peine 4% du territoire national, 28% sur les Hauts plateaux, soit sur 9%, alors que dans le Sud, qui représente 87% du territoire national, ne vivent que 9% des Algériens. Pour ce qui est des aspects financiers, le représentant du ministère de l’Intérieur dira qu’il reste à mettre en place les budgets et les ressources humaines pour accompagner ce nouveau découpage. «Mais ceci ne va pas influer de manière significative sur nos capacités financières pour répondre à ce projet. Donc, l’incidence financière ne sera pas très importante», assure-t-il. M. Saâda indique que les études faites autour de cette réforme ont permis de détecter des potentialités et des niches qui peuvent être valorisées en matière de développement local. «Il faut un plan de valorisation de ces atouts pour développer des activités qui peuvent générer des ressources. Maintenant, il faut avoir l’intelligence pour valoriser les ressources de chaque circonscription car le financement public ne doit venir qu’en appoint pour accompagner le développement local. On ne doit plus rester dans la logique du financement public et de la manne pétrolière qui doit tout prendre en charge», estime-t-il avant d’évoquer l’aspect du recouvrement de la fiscalité. A ce sujet, il assure qu’on a la possibilité d’augmenter la base d’imposition de ces localités et admet qu’on «sous-exploite» actuellement la situation fiscale de beaucoup de localités. En ce qui concerne les risques sécuritaires dans la région sahélienne, les spécialistes considèrent que les données régionales confirment l’existence de menaces et enjeux «réels» contre lesquels le pays n'aurait jamais été protégé sans une stratégie adoptée en matière de traitement du territoire, en termes de développement et de prise en charge administrative et sécuritaire. Ces derniers mettent l'accent sur la nécessité de «renforcer» l'encadrement administratif et institutionnel des wilayas du Sud à travers la promotion des circonscriptions administratives concernées, ce qui permettra à l'Etat de «mieux maîtriser» l'encadrement, la sécurisation et l'immunisation de ces territoires contre les défis et risques auxquels ils sont exposés.

Farida Larbi

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