
Première du genre, la tenue de la réunion de la Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire annoncée mercredi dernier dans un communiqué par le président de la République «est d’une importance stratégique dans l’examen des crimes coloniaux et actes génocidaires et mémoriels dont a été victime le peuple algérien sous l’occupation française depuis l’invasion en 1832 jusqu’à l’indépendance» affirme le Pr Mohamed Bounaâma, historien et docteur en archivistique. Dans une déclaration à El Moudjahid, il a soutenu que cette réunion «est un grand pas dans le référencement, y compris par voie d’archives, des évènements relatifs à la période coloniale sur la base d’un traitement à la fois historico-chronologiques et spatio-temporel des crimes coloniaux et crimes contre l’humanité qu’ont subis les Algériens sous le joug du colonialisme». «Tenue par visioconférence, cette réunion de la Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire procède d’un premier contact entre les membres qui la composent à la faveur duquel la partie algérienne a présenté sa vision du débat et proposé son approche procédurale quant au traitement de toute les questions liées à la colonisation», a ajouté notre interlocuteur. Selon le Pr Bounaâma, l’approche algérienne se scinde en trois catégorie : la première est celle relative à la résistance populaire nationale et notamment aux mouvements d’insurrection constituant une période charnière s’étalant de 1832 jusqu’à 1945, la seconde concerne la phase de la résistance politique à partir des massacres de mai 45 et ce jusqu’à 1948 et la troisième catégorie se rapporte à la période de la lutte armée de novembre 1954 jusqu’à l’indépendance en 1962.» «Il est essentiel d’analyser les archives en référence à ces trois périodes» a insisté notre interlocuteur. Il est aussi important de signaler, appuie par ailleurs le Pr Bounaâma, que la réunion de mercredi dernier de la Commission mixte algéro-française a été précédée de rencontres de concertation algéro-algériennes avec des spécialistes et notamment des archivistes qui ont permis, après plusieurs contacts, de dresser un vadémécum comprenant les éléments essentiels de la feuille de route de l’Algérie dans sa vision quant aux traitement des différents contentieux historiques algéro-français. C’est à cette feuille de route que devra répondre la partie française dans le cadre du travail de la Commission mixte citée, «un travail qui s’annonce de longue haleine», a-t-il estimé. L’action désormais effectivement engagée de la Commission mixte algéro-française Histoire et Mémoire s’inscrit en conformité avec «les principes fondamentaux énoncés dans la Déclaration d'Alger signée le 27 août 2022 entre le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune et son homologue français, M. Emmanuel Marcon, et dans la déclaration du Comité intergouvernemental de haut niveau, tenu à Alger les 9 et 10 octobre 2022» a précisé à ce titre le communiqué de la présidence de la République. Durant cette rencontre, «les deux parties sont convenues du traitement de toutes les questions relatives à la période coloniale, la résistance et la Glorieuse guerre de libération», ajoute la même source, précisant qu'elles sont convenues également de «poursuivre la concertation et les contacts pour la mise en place d'un programme d'action futur, et de fixer les prochaines réunions de la Commission mixte», a ajouté la même source.
Karim Aoudia