
Le mois de mars a vu le peuple algérien en armes perdre au combat, de prestigieux militants de la cause nationale dont Larbi Benmhidi, Si El Haoues, Mostefa Benboulaid, le colonel Amirouche... ; des hommes d’envergure qui ont marqué la lutte de Libération nationale. Les exigences de la conjoncture que nous vivons rendent indispensable la nécessité de transmettre aux Algériens leur legs susceptible de faire face à des tentatives de falsification de l’histoire, orchestrées par des forces nuisibles et hostiles. C’est cela qui permet de contrecarrer les gesticulations irrationnelles de groupes de nostalgiques, de lobbies épars qui s’ingénient à glorifier «les bienfaits» de la colonisation, à vouloir accréditer l’impensable avec la force d’une évidente cécité scientifique. L’accent doit se faire sans cesse sur la nécessité de renforcer la connaissance de ce passé. Les historiens ont un rôle essentiel à jouer, notamment à l’élucidation méthodique de chaque pan de notre histoire et de toutes les autres ancrées dans la mémoire de la nation, afin de rendre justice aux générations montantes. La nation n’a, à aucun moment, oublié ses dignes fils morts pour la patrie. La colonisation française s’est signalée par des exactions très douloureuses, dont les terrifiants massacres, les déportations, les tortures et autres expéditions punitives, qui ne doivent pas être ignorés des Algériens. L’Algérie indépendante sait rendre l’hommage qui sied à tous ceux qui ont pris les armes pour sonner le glas du diktat colonial. Stèles, plaques commémoratives et sanctuaires sont érigés à travers tout le territoire national, symbolisant la survivance de ces Algériens qui ont choisi la voie du martyre. Une reconnaissance qui participe de la fidélité à des idéaux de liberté et de l’esprit de loyauté et de courage. Les Algériens ont eu à vivre un évènement historique. Les restes des 24 chefs de la résistance populaire et leurs compagnons de toutes les contrées d’Algérie, privés depuis plus de 170 ans du droit naturel d’être inhumés, ont été dignement enterrés sur cette terre pour laquelle ils ont donné leur vie. Le peuple a vécu dans un bonheur ineffable un acte qui restera gravé à jamais dans la mémoire collective. Un fait particulièrement marquant dont on a de la peine à en restituer avec des mots l’ampleur, la portée et la symbolique. Les restes mortuaires des 24 valeureux chouhada des résistances populaires, gardés dans des boîtes, séquestrés au Musée d’histoire naturelle de Paris, cruellement privés de sépultures plus d’un siècle durant ont été inhumés au Carré des Martyrs d’El Alia. L’Etat est déterminé à poursuivre le rapatriement de l’ensemble des restes des résistants. Une des principales revendications du gouvernement, de l’ensemble des citoyens sur la question de l’appropriation de notre mémoire nationale venait d’être concrétisée. C’est une grande victoire qui devra permettre d’assainir de nombreux dossiers encore en suspens.
M. B.