Sous le thème «Le capital humain et la formation, leviers du développement et garants de la souveraineté économique et sécuritaire», l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG) a organisé, hier, à son siège à Alger, un colloque d’envergure qui a réuni des universitaires, des chercheurs, des experts et des représentants du monde économique. Une rencontre dense et riche en échanges. Dans son intervention introductive, le professeur Kechad Rabeh a retracé l’évolution historique de la pensée économique et sociale sur le facteur humain. Selon lui, l’idée d’«homme-ressource» est dépassée. «Il faut parler de richesse humaine, non de ressource», a-t-il insisté, rendant hommage à l’économiste Omar Akdouf, l’un des premiers à refuser cette terminologie qu’il jugeait réductrice.
Pour Kechad, le capital humain représente, avant tout, un bien immatériel stratégique, un moteur de progrès et d’innovation qui dépasse la seule logique économique. «Le facteur humain ne doit pas être perçu comme un coût, mais comme un capital à valoriser», a-t-il affirmé, tout en soulignant la nécessité d’un changement de regard dans les entreprises et les institutions. Le professeur Djelti Djamel, de l’Institut d’administration publique (IAP), a exposé les fondements théoriques et conceptuels du capital humain dans ses dimensions économique, juridique et managériale. «L’investissement dans le capital humain est devenu un levier essentiel du développement économique et social des nations», a-t-il affirmé. Djelti a également souligné que le capital humain demeure la propriété de l’individu, et non de l’entreprise.
Le chercheur a insisté sur la qualité du management, facteur décisif dans la valorisation de ce capital. Mme Haddad Nacéra, représentante de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), a livré la vision du monde de l’entreprise. «Nous ne venons pas du champ universitaire, mais du terrain, de la réalité économique, où la décision et la réactivité conditionnent la survie», a-t-elle souligné, plaidant pour une meilleure adéquation entre les formations dispensées et les besoins réels des entrepreneurs. Elle a insisté sur le fait que les entreprises ont besoin de jeunes opérationnels, dotés de compétences immédiatement mobilisables. Selon elle, les attentes des investisseurs et des chefs d’entreprise sont très claires : il faut des profils capables de répondre aux défis techniques et technologiques, notamment dans les domaines stratégiques.
Les débats qui ont suivi ont permis de faire émerger une conviction commune : le développement durable et la souveraineté économique d’un pays reposent avant tout sur la qualité de son capital humain. En conclusion, les participants ont salué l’initiative de l’INESG qui, à travers ce colloque, a offert un espace d’échanges et de propositions, pour repenser le modèle de développement du pays. Tous s’accordent à dire que le capital humain est une richesse à cultiver, une ressource stratégique qu’il faut protéger et faire fructifier. Dans un monde en pleine mutation, marqué par la compétition technologique et la transformation des économies, l’Algérie, forte de son potentiel humain, dispose d’un atout majeur.
K. A. A.