Cherifa Bentaleb, Fatima-Zohra Tchikou, des exemples de réussite de startups : Un Tremplin pour l’émergence des talents

Et même si les statistiques confirment la faiblesse de l’entrepreneuriat féminin en Algérie, soit moins de 8% des entreprises détenues par des femmes, force est d’admettre que la femme algérienne s’oriente de plus en plus vers cette tendance à l’autonomisation économique qui lui donne l’opportunité de s’imposer dans la sphère des affaires et de s’investir dans le processus de développement du pays. Cherifa Bentaleb, lauréate du prix du premier «Global Start-up Week-end Women» en 2018, est un exemple de ces femmes qui ont prouvé leur potentiel innovant dans le cadre des dispositifs d’encouragement aux start-ups. Ingénieur d’Etat en télécommunications, soldé par un master dans la même spécialité, de l’INTTIC d’Oran, Cherifa Bentaleb affiche déjà de grandes ambitions et une vocation avérée pour le domaine de l’innovation technologique. En mars 2018, elle remporte avec mérite le prix du premier «Global Start-up Week-end Women» à Paris, une initiative internationale en matière d’entrepreneuriat féminin dans le domaine des TIC, pour son projet «Safe Sahara», un bracelet connecté à une application permettant de géolocaliser les personnes ou les animaux dans le désert. Approchée par El Moudjahid, elle avoue que son «projet n'a pas beaucoup progressé» du fait qu’elle a «rencontré des problèmes technologiques» en plus d’avoir été «occupée par ses études». Cherifa avoue, en effet, que ce «n’est pas facile de concilier les études avec le projet», d'autant plus que parfois, elle se voit dans l’obligation «de passer par Alger pour effectuer certaines transactions et rencontrer certaines personnes». Aussi, ce qui l’a motivée à réfléchir à un tel projet «est la réalité vécue», à savoir «les accidents constants entre les automobilistes et les chameaux dans le désert qui sont devenus un problème qui inquiète tout le monde».

Femme manager : prendre la place qui lui est due

Pour Cherifa Bentaleb, «il est très facile pour une femme de devenir un manager», d’autant plus que «les Algériennes ont fait leurs preuves dans ce domaine» et que «le domaine de l'innovation et du marché du travail dans le domaine des start-up ne fait pas la différence entre un homme et une femme». Aussi, nous dit-elle, «mon projet a été accueilli par les pouvoirs publics, et j'ai été convoquée plusieurs fois pour discuter de l’état de son avancement». A ce propos, elle affirme qu’elle a «juste besoin d’un accompagnement technologique». Et d’admettre que «les difficultés rencontrées dans le cadre de mon projet relèvent de problèmes purement techniques et technologiques car le travail pour ce projet se déroule dans le désert, et au niveau de cette région, il y a des endroits où il n’y a pas de réseau». Dirigeante d’une start-up spécialisée dans les TIC, Fatima-Zohra Tchikou est un autre exemple de réussite qui mérite d’être mis en exergue. Pour elle, «l’idée d’adhérer au monde de l’entrepreneuriat s’est forgée au fur et à mesure de ma participation en tant que membre au sein du club scientifique CSCC (Science community club), de l’université de Blida et co-fondatrice du club scientifique «El akouass» de Médéa, à l’organisation d’événements de start-up». En outre, nous dit F.Z. Tchikou, «étant une développeuse et Software Engineer et passionnée dans le domaine de l’intelligence artificielle et tout ce qui est recherche scientifique, ayant réalisé pas mal d’applications dans des domaines différents tels que le domaine de e-santé (Healthtec), le domaine de l’environnement et climatique ainsi que le domaine de l’enseignement (pour les enfants et les adultes), domaines très utiles à la société, je me suis dit pourquoi ne pas transformer ces idées sur le terrain sous forme de produits commerciaux afin de venir en aide et solutionner les problèmes cruciaux dont souffre notre population, surtout que dans le domaine de la santé. Aussi, j’ai suivi une formation accélérée sous la conduite de Magma pour lancer ma startup «Zolialatendev AI and Innovation» qui développe et commercialise le produit «Detect. Me» dans le domaine de Healthtec ou e-santé». Elle précise que «les difficultés rencontrées ne diffèrent pas de celles rencontrées par les hommes, car elles ont une relation avec l’application des nouvelles procédures réglementaires préconisées par l’Etat algérien pour faciliter la création de nouvelles start-up». En fait, «il faut noter qu’auparavant, l’ouverture d’une start-up était une opération difficile. Avec l’avènement des nouvelles procédures, l’Etat a facilité les choses pour les jeunes talents», affirme-t-elle. Parmi les obstacles rencontrés, «c’est comment traduire mon idée de recherche en un produit commercial et comment convaincre par la même occasion les organismes et les gens concernés de l’efficacité de mon produit, testé déjà». A une question sur la faiblesse de l’entrepreneuriat féminin en Algérie, elle répond que cela «s’explique par le fait que dans la société algérienne, il y a toujours cette peur qui caractérise les femmes quant à pénétrer dans le monde des affaires et des secteurs jusque-là menés par les hommes», et que «cependant avec les encouragements des pouvoirs publics, la femme algérienne gagne de plus en plus de terrain dans ce domaine». F. Z. Tchikou déplore, à ce titre, le fait que l’environnement entrepreneurial actuel ne favorise pas d’une façon efficace l’émergence de startups, car il existe un problème de communication entre les décideurs (les représentants de l’Etat) d’une part, et d’autre part, les gens intéressés par la création de start-ups, d’où la méconnaissance totale des nouveaux textes promulgués récemment encourageant ce genre d’initiative». Aussi, elle reste convaincue que la femme doit «toujours s’armer d’une volonté de fer pour concrétiser ses projets, et ne jamais se décourager devant les problèmes en cours de route».

D. Akila

Sur le même thème

Multimedia