
Faire l’état des lieux, procéder aux indemnisations des victimes, repeupler les domaines forestiers sinistrés, anticiper les scénarios d’incendies à venir... Cette année encore, les feux de forêt ont causé des dégâts incommensurables, d’où l’examen de la question en Conseil des ministres.
Le protection et la sauvegarde du patrimoine national forestier, par ses richesses, vaut bien de sonner la mobilisation des services de l’État et de la population. Plus d’une fois, le président de la République a réaffirmé la position de l’État et la mobilisation de l’ensemble des moyens humains et matériels nécessaires pour éteindre les incendies et prendre en charge les sinistrés. L’examen du problème des feux de forêts en Conseil des ministres «reflète l’intérêt qu’accorde le chef de l’Etat à la question des incendies ayant un impact économique et social et démontre que c’est une préoccupation nationale», affirme le Pr Mourad Kouachi, enseignant à l'université de Oum El Bouaghi et expert économique. Selon lui, l’inscription de cette question démontre la pleine détermination de l’Etat à lutter contre les feux de forêts, devenus de plus en plus meurtriers.
«L’expérience a démontré qu’il ne s’agit pas seulement de moyens. Plusieurs pays développés ont été ravagés par les incendies ces dernières années avec des pertes humaines et matérielles importantes, mais le gouvernement algérien œuvre à réduire les dégâts et notamment à préserver les vies humaines». Outre les pertes humaines, les incendies de récoltes occasionnent des pertes économiques se chiffrant en milliards de dinars relève l’expert tout en mettant en avant l’important soutien accordé par l’Etat aux producteurs et éleveurs et agriculteurs. Le président de la République a insisté, à cet égard, sur la nécessité de prendre en charge les dégâts enregistrés pour lesquels l'Etat a mobilisé l'ensemble des moyens nécessaires.
Il a également donné des instructions fermes pour une prise en charge optimale et le respect des délais et des normes de tous les dossiers. «Les pertes financières occasionnées par les feux de forêts font pour la première fois l’objet d’une réelle évaluation», poursuit le spécialiste. Parallèlement à cela, des efforts de prévention sont prônés pour réduire en amont la vulnérabilité des espaces forestiers.
«Face à cette situation l’Etat a opté pour l’anticipation et le renforcement de la prévention et l’aménagement des forêts sur la base d’une stratégie efficace à travers la mise en place d’un système d’alerte, la formation d’équipes spécialisées et le renforcement du contrôle de l’espace forestier lors des périodes de canicule par les forestiers et les éléments de la Gendarmerie nationale et l’exploitation efficiente des BMS», souligne-t-il. M. Kouachi a, par ailleurs, mis en exergue l’apport des moyens aériens.
«Cela permet en premier lieu de préserver les vies humaines des habitants résidant dans les massifs ainsi que la maîtrise rapide et efficace des incendies dans les régions où l’accès des engins anti-incendie est difficile voire impossible». La décision d’acquérir des moyens aériens répond à un souci majeur. «L’Algérie compte un patrimoine forestier important mais le système d’alerte, le coût des indemnisations ainsi que la couverture des grandes pertes financières peuvent être orientés dans l’achat d’hélicoptères anti-incendie», indique-t-il. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud a rappelé que le président de la République avait donné instruction l'année dernière d’acquérir quatre bombardiers d’eau Beriev BE 200.
La commande a été passée et un premier appareil devrait arriver en Algérie vers la fin du mois de décembre prochain, quant aux trois autres, ils seront livrés au cours du premier trimestre de l'année prochaine». Pour rappel, le Président Tebboune a ordonné d'engager l'élaboration d'un projet de loi réprimant les crimes d'incendies de forêts, avec des peines allant jusqu'à 30 ans de prison ferme.
Outre ces nouvelles mesures, la direction générale des Forêts a évoqué la révision en cours de la loi-cadre portant régime général des forêts qui va intégrer les aspects liés au développement durable, au changement climatique ainsi que la mise valeur économique des forêts.
Neila Benrahal