
Le marché algérien de l’assurance automobile est confronté à des défis importants. Il est, notamment, question, affirment Walid Oucherif et Nassim Touche, enseignants à l’université de Béjaïa, de «la tarification des polices d’assurance, en raison du manque de prévisions fiables pour les pertes en assurance».
Dans une étude pour le compte de la revue les Cahiers du Cread, les universitaires précisent que «nos recherches ont fait état d’insuffisances critiques dans la fixation des taux sur le marché algérien de l’assurance automobile». L’absence d’estimations fiables des pertes et la dépendance excessive vis-à-vis de la valeur du véhicule comme principal déterminant des primes, soulignent-ils, «ne favorisent ni la stabilité du marché ni l’équité». Une situation qui «expose non seulement les assureurs à des risques inutiles et à une insolvabilité potentielle, mais elle perpétue également un système injuste pour les assurés, qui finissent souvent par payer des primes disproportionnées par rapport à leur profil de risque». Dans leur étude, les universitaires suggèrent qu’il existe de «nombreuses façons d’estimer efficacement la fréquence des réclamations des souscripteurs à l’aide d’une variété de variables explicatives». L’application de telles estimations «peut être bénéfique tant pour les assureurs que pour les assurés sur le marché algérien de l’assurance automobile, qui repose actuellement sur un modèle de calcul des primes moins dynamique et plus simplifié». Du point de vue d’un assureur, relève l’étude, «le marché actuel est marqué par l’instabilité qui découle d’un manque de prise en compte des facteurs de risques individuels, comme les antécédents de conduite lors de la fixation des primes, les assureurs se concentrant principalement sur la valeur du véhicule». Cette approche, affirment les universitaires, «laisse les assureurs vulnérables à un risque de solvabilité important et à la volatilité des marchés». Dans cette optique, l’étude révèle que «l’adoption de méthodes statistiques et d’apprentissage automatique peut conduire à des améliorations considérables dans l’évaluation et la quantification des risques». L’adoption de ces techniques «améliorera la solvabilité de l’assureur, le rendement du capital investi et la probabilité de ruine».
Pour les souscripteurs d’assurance, «les conséquences sont doubles». D’une part, souligne les universitaires, «le modèle de tarification actuel crée des écarts injustes dans les coûts des primes». Ils relèvent également que «les conducteurs à faible risque paient souvent plus que ce que leur profil de risque justifie, tandis que les conducteurs à haut risque sont, au contraire, sous-évalués en fonction de leur risque réel». Cette «injustice» pourrait amener la première catégorie «à se retirer de l’assurance ou à chercher d’autres fournisseurs». D’un autre côté, «un modèle de tarification plus axé sur le risque peut atténuer ce problème». Ainsi, «un modèle de tarification amélioré peut encourager un comportement de conduite globalement plus sûr, ce qui profitera à la société algérienne dans son ensemble».
Fouad Irnatene