
La solidarité politique entre l’Algérie et l’Inde remonte au soutien par l’Inde au mouvement de libération de l’Algérie. Depuis le soutien à la lutte armée jusqu’au partenariat actif au sein du mouvement des non-alignés, l'Algérie et l'Inde ont joué un rôle considérable pour cimenter le bloc des pays en voie de développement dans le Grand Sud.
Cependant, les profonds problèmes politiques et socio-économiques de la région nord-africaine et «l'histoire sombre» de la coopération dans la région du Maghreb, reflétée dans l'état comateux de l'Union du Maghreb arabe, n'ont guère incité l'Inde à justifier des relations bilatérales ou sous-régionales plus intenses avec les pays de la région.
Motivée par ses préoccupations quant aux besoins futurs en ressources, l'Inde a tenté de maintenir une forte présence en Algérie, comme le prouvent les échanges réguliers de visites politiques de haut niveau au cours des deux dernières décennies.
Le début officiel des relations diplomatiques entre l'Inde et l'Algérie remonte à l'année 1962. En raison du passé colonial commun et des efforts des premiers dirigeants des pays respectifs, l'Inde a tiré parti d'excellentes relations avec l'Algérie.
Passé colonial commun
Les deux pays, membres du mouvement des non-alignés, se sont soutenus mutuellement sur des questions vitales aux niveaux bilatéral et multilatéral dans des objectifs mutuels et ont contribué efficacement aux dialogues Nord-Sud et Sud-Sud.
L'année 2008 marque le début d'une étape importante avec la création du groupe d’amitié parlementaire Inde-Algérie. La nécessité pour l'Inde de chercher à diversifier ses importations d'hydrocarbures, afin de réduire les effets de la volatilité des prix et de renforcer sa sécurité énergétique, a fait que les priorités complémentaires des deux pays dans le secteur des hydrocarbures appellent à une plus grande collaboration avec des mécanismes solides.
De par sa situation géographique stratégique, l'Algérie, avec sa riche démographie et son potentiel de point de transit, offre d'immenses perspectives aux acteurs économiques indiens à la recherche d'une présence accrue sur le marché européen. Cependant, pour que les acteurs privés prospèrent, il est nécessaire de coopérer sur les programmes de renforcement des infrastructures et de développement des capacités afin d'exploiter le potentiel de la jeunesse algérienne et, du côté indien, avec sa vaste expérience et son expertise.
Entre les deux pays plusieurs partenariats ont été réalisés, notamment l'accord visant à éviter la double imposition tarifaire ; la coopération dans le service aérien sur le protocole d’assainissement vétérinaire ; la coopération médiatique entre «Press Trust of India» et l’agence officielle Algérie Presse Service (APS) et plusieurs autres accords de coopération dans les petites et moyennes entreprises, ainsi que des programmes d'échange culturel.
Dans un contexte caractérisé par la démarche d'ouverture des marchés et de réformes économiques en Algérie, les investisseurs indiens ont exprimé une attitude positive à l’égard du potentiel algérien. En 2001, le chiffre d’affaires total des investissements indiens s’élevait à 55 millions de dollars. En 2011, le commerce bilatéral indo-algérien s'est élevé à 3,33 milliards de dollars. Mais en 2016, les échanges commerciaux entre les deux pays ont connu un recul et sont tombés à 1,37 milliard de dollars américains. La cause profonde de cette situation est attribuée à la baisse des prix du pétrole sur le marché international. Les exportations de l’Inde vers l’Algérie en 2016 s’élevaient à 920 millions de dollars, et ses importations d’Algérie s’élevaient à 510 millions de dollars.
Échanges commerciaux : Les deux pays doivent faire mieux
Les hydrocarbures ne constituent pas la seule entité commerciale entre les deux pays. Outre le pétrole, les deux pays échangent de nombreux produits dans le cadre du commerce. L'Inde importe du pétrole, du gaz, des lubrifiants et du phosphate d'Algérie et exporte de la viande congelée, du lait en poudre, du riz, des épices, des pièces détachées automobiles, des machines et équipements agricoles et industriels, des produits pharmaceutiques, des accessoires électroniques.
Diverses entreprises indiennes des secteurs public et privé faisaient activement des affaires avec l’Algérie. Ainsi, «Engineers India Ltd» et «IRCON International Ltd» exécutent des projets dans leurs domaines respectifs, «Oil PSU EIL» a signé un accord avec la compagnie Sonatrach pour l'étude et l'assistance à la relance de l'unité pétrochimique de Skikda. Pour le secteur privé, «L&T, KEC International» et «Kalpataru» sont actifs dans le secteur du transport d'électricité.
D’autres sociétés comme «VijayElectricals», une société indienne fabriquant des transformateurs de puissance, «Dodsal Engineering and Construction FZE», la société de construction «ShapoorjiPallonji» et des sociétés pharmaceutiques indiennes comme «ZydusCadila, Dabur», «Sun Pharma», «Cipla» et «HetroDrugs» sont présentes en Algérie. D’autres comme «PharmAccess» exécutent des projets EPC pour les entreprises algériennes.
La croissance impressionnante des échanges commerciaux entre l'Inde et l'Algérie dépend de plusieurs facteurs tels que le stock croissant d'IDE, l'approfondissement des liens économiques et politiques à travers des programmes tels que «Focus Africa» lancé par le gouvernement indien en 2002 et le Sommet du Forum Inde-Afrique en 2008 pour stimuler le commerce avec les pays africains. En outre, le gouvernement indien a également mis en place un système de préférences tarifaires en franchise de droits pour des pays comme l'Algérie afin de promouvoir le financement du commerce et le renforcement des capacités.
Tahar Kaidi
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Des échanges commerciaux en croissance constante
Les échanges commerciaux entre l'Inde et l'Algérie ont connu une croissance constante après l’année 2000, caractérisée par la montée en puissance des deux économies. Malgré la croissance impressionnante du commerce et des investissements depuis 2000 qui a permis à l’Inde et à l’Algérie d’augmenter leur volume commercial, les échanges entre ces deux pays restent tirés par un nombre limité de produits. Les matières premières et les ressources naturelles représentent environ 75% des exportations totales de l’Afrique vers l’Inde. En revanche, les exportations indiennes vers l’Algérie sont dominées par les produits finis et pharmaceutiques. Selon les observateurs, les relations économiques entre l'Inde et l'Algérie sont en deçà du potentiel des deux économies. Les deux pays sont appelés à développer des mécanismes permettant de tracer la zone de nouveaux échanges et investissements.
Les engagements fréquents entre les acteurs privés des deux pays doivent être encouragés afin d'explorer et d'approfondir les relations dans le domaine potentiel de coopération. Le déficit de connaissances mutuelles entre les peuples des deux pays, dû en grande partie au manque d’engagement entre les organisations médiatiques, doit être comblé en renforçant la coopération au niveau du personnel et des institutions des médias.
Les engagements fréquents entre les acteurs privés des deux pays doivent être encouragés afin d'explorer et d'approfondir les relations dans le domaine potentiel de coopération. Le déficit de connaissances mutuelles entre les peuples des deux pays, dû en grande partie au manque d’engagement entre les organisations médiatiques, doit être comblé en renforçant la coopération au niveau du personnel et des institutions des médias.
T. K.