
Nous sommes en 1983, à la maison de la Culture de Tlemcen, à l’Ouest du pays, plus précisément. Le jeune inspecteur chargé, à l’époque, de la communication à la direction générale de la Sûreté nationale, Aïssa Kacemi, animait une conférence d’information. Tout se passait impeccablement dans la salle archicomble, jusqu’à ce qu’un enseignant universitaire ait levé son doigt pour lui poser une question : «Quand-est ce que la police algérienne trouvera le policier exemplaire pour le mettre au service du peuple ?», a demandé l’enseignant de philosophie.
La réponse, pour le représentant du corps, secoué et bouleversé, était très difficile à formuler, avoue l'historien, M. Kacemi. «Je lui disais que lorsque l’Algérie arrivera à trouver le citoyen exemplaire, nous le recruterons et nous le mettrons au service de la société. Or, au moment où nous deviendrons tous exemplaires, la police prendra sa retraite», a déclaré Kacemi tout ému. L’intervenant a évoqué cette histoire parce qu’il a mis l’accent sur les étapes difficiles par lesquelles cette institution est passée. Il a souligné, dans ce sens, que grâce aux sacrifices de ses éléments, ce corps sécuritaire s’est forgé à partir de rien. «Composée de seulement de 13.000 éléments, à l’aube de l’indépendance, dont la majorité était des moudjahidine, la police algérienne, en tant qu’institution, a relevé des défis énormes, notamment sur le plan psychologique. Oui ! Avec les pratiques oppressives qu’a subies le peuple algérien tout au long de la nuit coloniale de la part du colonialisme français, il était très difficile de le convaincre que la police algérienne est constituée essentiellement de ses frères, qui sont, en premier lieu, à son service», s’est-t-il désolé. Et d’ajouter : «Le choc était immense. Cependant, la patience des éléments, engagés à l’époque, a porté ses fruits ; ils ont pu, par conséquent, mettre le train sur les rails». Selon lui, ils ont réellement fait face à des situations très complexes. «Mais, faire de la police algérienne une institution respectueuse, forte et professionnelle était leur préoccupation majeure.
Des jeunes venaient des quatre coins du pays, pour s’engager dans les rangs de la police. Ils dormaient dans des célibatoriums et supportaient des situations pénibles, juste pour que cette institution réussisse et soit à la hauteur des ambitions du pays. Cela, pour vous dire que le haut niveau atteint par la Sûreté nationale aujourd’hui est le résultat d’un long processus de sacrifice et de dévouement de tous ses cadres et de tous ses éléments», a-t-il mentionné. Par ailleurs, et dans son hommage vibrant rendu à l’ancien directeur général de la Sûreté nationale, Ahmed Draïa, le moudjahid Kacemi a précisé qu’il s’agit d’un homme de principe, de parole et d’autorité. «M. Ahmed a dirigé la Sûreté nationale pendant 12 ans. Il a vraiment laissé sa touche, et ce, grâce à son approche prospective et sa vision clairvoyante.
De son côté, Hamma Chouchène a indiqué que Ahmed Draïa est l’un des hommes qui ont servi l’Algérie corps et âme. «Durant la Révolution, il était très actif, connu par son implication et ses déplacements dans toutes les wilayas pour aider les frères moudjahidine», a-t-il noté.
Z. D.