Longtemps reléguée au second plan, l’Afrique est redevenue le terrain d’une compétition féroce entre puissances. De Pékin à Washington, d’Ankara à Moscou, en passant par Bruxelles et Tokyo, tous convergent désormais vers le Continent noir.
Représentant le président Abdelmadjid Tebboune, le ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, est arrivé hier à Luanda pour participer au 7ᵉ Sommet UA-UE. Cette rencontre est placée sur le thème «Promouvoir la paix et la prospérité grâce à un multilatéralisme effectif », dans un contexte mondial où l’Afrique, longtemps reléguée au second plan, est redevenue le terrain d’une compétition féroce entre puissances. De Pékin à Washington, d’Ankara à Moscou, en passant par Bruxelles et Tokyo, tous accourent désormais vers le continent. Tous ces pays et d’autres ne manquent d’organiser des sommets avec l’Afrique. Infrastructures chinoises, dispositifs sécuritaires russes, partenariats économiques turcs, programmes de soutien américains ou européens, l’Afrique est courtisée par tout le monde ou plutôt… convoitée par tous.
La raison ? Ses hydrocarbures, son eau, ses terres rares indispensables à la transition énergétique mondiale mais aussi sa jeunesse et son marché de 1,4 milliard de consommateurs. L’Afrique se positionne aujourd’hui comme un continent d’opportunités, soutenu par une croissance économique dynamique estimée à 3,8 % en 2025 et 4,2 % en 2026, des performances supérieures à la moyenne mondiale selon le FMI. La diversification s’accélère dans des secteurs porteurs comme l’agriculture, les énergies renouvelables, le numérique ou le tourisme, tandis que son positionnement géostratégique, au carrefour de trois continents, lui confère un accès privilégié aux marchés mondiaux. C’est ce qui explique la ruée vers l’Afrique, surtout dans un contexte mondial de tensions géopolitiques et d’incertitudes énergétiques.
Faut-il rappeler que l’Europe, aujourd’hui, a plus que jamais besoin de l’Afrique, notamment pour faire face à la crise du gaz provoquée par la rupture avec la Russie ? Cependant, le Vieux continent avance vers l’Afrique avec un handicap majeur, son passé colonial freine fortement ses chances. Malgré cette réalité, les pays européens espèrent revenir dans la course vers l’eldorado africain. Ils tentent de réinstaller une relation de confiance par une nouvelle approche de partenariat « d’égal à égal ». Ils vont d’ailleurs aborder, lors du Sommet qui s’ouvre aujourd’hui, des questions liées à la paix, à la sécurité, au développement, à la migration et à la gouvernance. Il s’agira aussi et surtout d’évaluer le partenariat entre l’Afrique et l’Europe dans différents domaines.
Comment évoquer la paix tout en sachant que les problèmes de l’Afrique sont le fruit d’une rivalité étrangère ? Certains cherchent à sécuriser leurs concessions minières, d’autres s’incrustent dans les pays du Sahel, et il y a ceux qui cherchent le moyen de conserver leurs zones d’influence économiques. Ces rivalités géopolitiques et affrontements entre grandes puissances, fragilisent encore plus l’Afrique, déjà vulnérable sur le plan structurel et sécuritaire. En réalité, l’Afrique fait face à un nouveau colonialisme. Un colonialisme qui change de visage, mais pas de logique. Son objectif est de contrôler et de capter ses ressources stratégiques. Cependant, l’Afrique a tiré les leçons du colonialisme. L’Algérie qui martèle un principe : « l’Afrique aux Africains », en donne l’illustration claire, traduite, dans les faits, par le président Abdelmadjid Tebboune à travers, entre autres, l’effacement de dettes, le soutien à la ZLECAf, la création de l’Agence algérienne de coopération internationale, le financement d’infrastructures structurantes, l’organisation de l’IATF… À maintes reprises, le chef de l’Etat a rappelé que la renaissance économique africaine ne pourra émerger qu’à travers des réseaux intégrés de routes, de ports, de gazoducs, de chemins de fer et de fibre optique. Cette vision s’inscrit dans une stratégie plus large.
L’Algérie mène une cinquantaine de chantiers majeurs : la route transsaharienne, le gazoduc Nigeria-Algérie, le raccordement ferroviaire du Sud, la dorsale optique transsaharienne. Autant d’infrastructures capables d’unifier les marchés africains et de renforcer la souveraineté continentale. Ce week-end, au G20, Alger a également plaidé l’urgence d’accompagner l’Afrique pour une transition énergétique juste, fondée sur le transfert technologique, le financement international et le développement des énergies propres. L’Algérie rappelle que l’avenir appartient aux Africains eux-mêmes. Les terres, l’eau, les minerais, la transition énergétique, la sécurité alimentaire : tout est enjeu de souveraineté.
Pour le Président Tebboune, les infrastructures sont le levier essentiel pour faire de l’intégration continentale une réalité. Seule cette intégration permettra de forger une Afrique capable de parler d’une seule voix et d’affronter, unie, les multiples défis et menaces sécuritaires. Alors que la ruée mondiale vers le continent s’accélère, le message de l’Algérie résonne à la fois comme une mise en garde et une vision d’avenir : bâtir une Afrique forte, unie et prospère, qui ne soit plus un terrain de prédation géopolitique, mais un acteur central du nouvel ordre mondial.
H. Y.
L'Algérie joue un rôle actif dans le développement africain : une prospérité partagée
La vision de l'Algérie en Afrique repose sur l'intégration économique par le commerce, les nouvelles technologies et les infrastructures (le programme PIDA), visant une prospérité partagée. Sur l'indépendance économique de l'Afrique et sa souveraineté sur ses richesses le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a réaffirmé à maintes occasions le soutien constant de l'Algérie au processus de développement global en Afrique, convaincu que la véritable renaissance économique ne saurait se réaliser qu'à travers la mise en place d'infrastructures intégrées et modernes, à même de répondre aux aspirations des peuples du continent et de s'adapter aux défis d'un monde en mutation. Aussi, l'Algérie continue de jouer un rôle actif dans le soutien au développement africain, à travers le lancement et la mise en œuvre de projets prometteurs incarnant son intime conviction que la coopération et l'intégration constituent la voie la plus efficace pour parvenir à une prospérité profitable à tous les pays. Les projets ayant un réel impact continental tiennent compte de l'ensemble des défis socioéconomiques et environnementaux. Il est question de la création d'un environnement propice facilitant la circulation des personnes, des marchandises et des services, à travers un réseau interconnecté de routes, de ports, de lignes ferroviaires, d'espaces numériques et de sources d'énergie, de manière à renforcer l'intégration régionale et à unifier les marchés africains. A cela s'ajoutent la création d'emplois, l'interconnexion des économies et le soutien de la sécurité alimentaire, énergétique et numérique en Afrique. Dans ce sens, l'Algérie avait initié des mégaprojets stratégiques à dimension continentale, s'engageant à mobiliser les ressources locales et à s'ouvrir à des partenariats innovants et multilatéraux, en coopération avec les institutions financières régionales et internationales d'appui, dont le FMI, la BM, la BAD, la BID... Pour se faire, l'Algérie défend l'idée de la création d'un mécanisme de coordination permanent entre les pays africains, l'UA et les institutions financières régionales et internationales, à même de garantir la bonne exécution des projets prioritaires et l'échange d'expertises techniques et financières. Parmi les mégaprojets, en cours de réalisation, on peut citer la route transsaharienne reliant l'Algérie à cinq pays africains, qui contribue au désenclavement des pays du Sahel, tout en transformant cet axe en carrefour économique et commercial névralgique. Les autres projets clés incluent aussi la création de zones franches avec la Mauritanie, le Niger, le Mali, la Tunisie et la Libye. Il s'agit, à terme, de dynamiser les échanges commerciaux, de soutenir les entreprises pour faciliter l'approvisionnement en matières premières. Il y a l'important projet de raccordement du Sud algérien au réseau ferroviaire avec connexion aux pays voisins. Vient ensuite en appui à l'intégration régionale et au développement commun, le projet de route reliant Tindouf à Zouérate (Mauritanie), financé par l'Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement (AACISD). Il s'agit d'établir la jonction entre l'Afrique du Nord et l'Afrique de l'Ouest, ainsi que le projet de dorsale transsaharienne à fibre optique, visant à renforcer l'infrastructure numérique et à soutenir l'économie numérique au Sahel pour accompagner les mutations technologiques mondiales... Parmi les avantages à tirer dans le cadre de la promotion accélérée de la Zlecaf, la réduction des importations. La Zlecaf constitue un véritable levier pour faciliter les échanges Sud-Sud. La stratégie de l'Algérie est également axée sur l'exploitation des matières premières pour renforcer l'autonomie industrielle, tout en soutenant les entreprises.
F. B.