67e anniversaire de l’assassinat de Larbi Ben M’hidi : L’homme qui affronta la mort avec le sourire

  • «Donnez-nous vos avions et nous vous donnerons nos bombes»

Né au douar Kouahi (commune d’Aïn M’lila, wilaya d’Oum El-Bouaghi), Ben M’hidi adhéra au mouvement des Scouts musulmans algériens, véritable école et vivier du nationalisme, en 1939, avant de militer, à 20 ans à peine, dans les rangs d’un parti résolument et radicalement indépendantiste, le PPA-MTLD. Il prit part aux manifestations de mai 1945 et fut arrêté pendant plus de 20 jours.

C’est tout naturellement qu’il rejoint l’Organisation spéciale (OS) à sa création, en 1947, pour préparer le déclenchement de la Révolution. Il a été la cible de la police française suite à ce que le pouvoir de l’époque appela le «complot de 1950». Recherché, Ben M’hidi a été condamné par contumace à dix ans de prison, dix ans d’exil et à la privation de ses droits civiques. 
Et c’est tout aussi naturellement qu’il figura parmi la poignée de jeunes militants nationalistes qui avaient créé le Comité révolutionnaire d’unité et d’action (CRUA) à l’été 1954, pour faire partie ensuite des 9 historiques ayant déclenché la Révolution sous la bannière du Front de libération nationale.
En janvier 1957, Robert Lacoste, gouverneur général, lance la bataille d'Alger, et attribue aux parachutistes du général Massu les pleins pouvoirs de police dans la Zone Alger-Sahel. Ben M’hidi paya le prix fort pour avoir nargué l'ordre colonial établi, par son calme, sa sérénité, son silence et surtout sa façon de tourner en dérision ses bourreaux avec un sourire au coin des lèvres. 
 
Les aveux d’Aussaresses
 
Ben M’hidi a été l’un des principaux initiateurs de la grève générale des huit jours en janvier 1957. Il est colonel de l’ALN lorsqu’il est arrêté le 23 février 1957 par les parachutistes. Transféré dans une villa à El Biar, il subit les affres de la torture mais refuse de parler. Il sera pendu extrajudiciairement par le sinistre Paul Aussaresses, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, selon les derniers aveux de ce tortionnaire. 
Dans un aveu tardif, il reconnaîtra l’avoir tué ainsi que l’avocat Ali Boumendjel. René Capitant, professeur d’Ali Boumendjel, en fut profondément indigné. 
Il faut rappeler que les 11 et 12 juin 1957, Maurice Audin et Henri Alleg, militants communistes, sont arrêtés puis torturés. Maurice Audin, déclaré évadé par l'armée, décède en réalité des suites des tortures subies. Au total, plusieurs milliers de «disparitions» sont recensées au cours de cette bataille d'Alger.
Témoignage du lieutenant Jacques Allaire sur  Larbi Ben M'hidi lors de son arrestation : «Si je reviens à l’impression qu’il m’a faite, à l’époque où je l’ai capturé, et toutes les nuits où nous avons parlé ensemble, j’aurais aimé avoir un patron comme ça de mon côté, j’aurais aimé avoir beaucoup d’hommes de cette valeur, de cette dimension, de notre côté. Ben M’hidi était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction. Lorsque je discutais avec lui et que je lui disais, vous êtes le chef de la rébellion, vous voilà maintenant entre nos mains, la bataille d’Alger est perdue, et j’extrapolais un peu : la guerre d’Algérie, vous l’avez perdue maintenant ! Il dit ne croyez pas ça !»
Ben M’hidi est mort courageusement à la fleur de l’âge à 34 ans ! Son exécuteur, Paul Aussaresses, alias le commandant O, a terminé sa carrière en général de brigade. La grande faucheuse l’emportera à 95 ans. Il n’avait ni remords ni regrets. 
 
M. B. 

 

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