20e réunion ministérielle des pays africains - Pays nordiques : Solidarité, coopération et cohésion face aux divisions, aux chocs et aux conflits

Ph. Nesrine T.
Ph. Nesrine T.

Les travaux de la 20e session de la réunion ministérielle des pays africains-pays nordiques ont débuté, hier à Alger, en présence du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, Ahmed Attaf.

Cette réunion, qui se tient pour la première fois en Algérie depuis son lancement en 2001 à l'initiative de feue Anna Lindh, ancienne ministre suédoise des Affaires étrangères, porte le thème «Afrique-pays nordiques : renforcement du dialogue sur la base des valeurs communes». Une trentaine de pays participent à cette session qui se déroule sur deux jours, dont les cinq pays nordiques (Suède, Danemark, Norvège, Finlande et Islande) et un grand nombre de pays africains représentant les différentes régions du continent.Au programme de cette session, de nombreuses activités, dont trois conférences. La première abordera le thème de la paix, de la sécurité et de la promotion du dialogue pour résoudre les conflits, alors que la deuxième sera consacrée au partenariat économique entre l'Afrique et les pays du nord de l'Europe. La troisième portera sur le renforcement de la coopération multilatérale entre les deux groupes au sein des organisations internationales, en tête desquelles les Nations unies. Cette conférence se tient dans un contexte international et régional délicat, imprégné par une vague de crises et de tensions qui secouent les pays et les affaiblissent, notamment en Afrique, et précisément dans le voisinage proche de l'Algérie, au Sahel, entraînant la propagation de la pauvreté, de la famine et de la précarité, ainsi que le fléau du terrorisme et les groupes criminels organisés.
 
Développement, paix et sécurité 
 
Il va sans dire que cette réunion intervient dans un contexte géopolitique marqué par des tensions extrêmes, des conflits et des crises multidimensionnelles, comme l’a souligné le chef de la diplomatie algérienne dans son allocution d’ouverture. « Les mécanismes de coopération et l’esprit du dialogue qui a toujours animé nos rencontres trouvent, encore une fois, leur importance dans cette conjoncture instable.» Pour M. Attaf, ces valeurs constituent l’essence même de la diplomatie algérienne qui œuvre sous les directives du Président Abdelmadjid Tebboune à les ériger en «instruments incontournables» dans le traitement des crises et dans la coopération entre les ensembles afin de les consacrer comme modèle à suivre pour faire face aux défis qui menacent les équilibres internationaux. Dans ce contexte, le diplomate algérien a rappelé le soutien indéfectible et historique des pays du Nord envers les causes justes et leur position immuable envers le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, la question sahraouie et la Palestine qui, en ce moment, subit une agression sans pareille de l’occupant sioniste qui procède, dans la bande de Ghaza, à une épuration ethnique en bonne et due forme. M. Attaf n’a pas omis, dans ce sens, de rappeler à l’ensemble de la communauté internationale trois faits concrets: une terre colonisée, un peuple qui lutte pour sa souveraineté et ses droits légitimes, et ses appels à l’application des différentes résolutions onusienne consacrées par le droit international. Des résolutions et un droit occultés également par la connivence de certaines puissances étrangères dans le dossier du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique. 
 
Une aide stable malgré l’alternance 
 
L’autre sujet qui figure à l’ordre du jour du premier atelier de cette session ce sont les turbulences qui traversent la région du Sahel. Une région marquée par le sous- développement, l’insécurité grandissante imposée par les hordes terroristes et autres groupes relevant de la criminalité transnationale et qui s’adonnent à différents commerces illicites comme celui de la drogue et des armes. Pour rappel, l’ancien commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, M. Ismail Chergui, avait fait état de plus de 10 millions d’armes à feu hors contrôle et en circulation sur le continent. Cette situation a conduit inéluctablement à alimenter et à encourager les tentatives de changements anticonstitutionnelles comme observées dernièrement dans bon nombre de pays de la région. Une menace de plus pour les équilibres et la sécurité dans la région entière et au-delà. Consciente des enjeux et des visées nourries par certaines parties, l’Algérie, selon M. Attaf, n’a pas hésité à proposer tout son savoir-faire, reconnu d’ailleurs par ses pairs, pour un retour à la normale et à l’ordre constitutionnel dans le cadre d’un dialogue inclusif sans aucune interférence étrangère. Seulement pour aboutir à cette paix et cette stabilité si recherchées, le développement et le partenariat y constituent la pierre angulaire. Ainsi le passage du schéma de «donateurs-récipiendaires d’aides», vers un partenariat juste et équitable basé sur l’investissement, la formation et le transfert des technologies, demeure plus que nécessaire. D’autant que le continent renferme des ressources tant naturelles qu’humaines, capables de relever les défis et d’opérer les changements adéquats pour peu qu’il y est un accompagnement efficace et étudié tenant compte des spécificités de chaque pays et de ses besoins. A ce sujet l’engagement des pays nordiques n’est plus à démontrer. Celui-ci, qui dure depuis plusieurs décennies, s'est articulé autour des intérêts des Africains, des partenariats sur le long terme ainsi que du renforcement des capacités en Afrique. Il est par ailleurs important de souligner que l’apport des pays nordiques au développement en Afrique et ailleurs, a de tout temps résisté à l’alternance au pouvoir. Il est ainsi aisé de constater qu’entre sa naissance au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et la fin de la guerre froide en 1989, l’aide des quatre pays nordiques étudiés a témoigné d’une grande stabilité dans ses principales dimensions : générosité de l’aide – y compris en temps de crise économique –, concentration de l’aide bilatérale, poids des agences des Nations unies dans la répartition de l’aide multilatérale, liens entre eux. Les similarités observées et la convergence de leurs politiques s’expliquent par des déterminants internes et externes souvent communs aux influences croisées complexes et difficiles à mesurer: consensus inter-partisan en faveur de l’aide, soutien de l’opinion publique, évolutions politiques et économiques internationales ou encore interactions avec des institutions internationales et groupes de donateurs. 
 
Réforme des institutions
 
La générosité de leur aide, outre qu’elle répond à un réel souci d’égalité à l’échelle internationale, est également perçue pour ces petits pays comme un outil d’influence renforcée dans les débats internationaux. Elle permet également de contribuer à deux objectifs primordiaux de politique étrangère de ces pays : garantir la paix et la stabilité. Le renforcement de la coopération multilatérale entre les deux groupes au sein des organisations internationales, en tête desquelles les Nations unies, n’est pas en reste. Cette conférence, qui demeure un forum de débat, n’a pas pour but de dégager des résolutions mais d’établir une sorte de radioscopie de l’état des relations entre les deux blocs et les perspectives de les promouvoir en interaction avec l’environnement international.  «La rencontre d’Alger a également pour objectif de promouvoir la coopération entre les pays africains et les partenaires du nord de l’Europe au niveau des instances internationales, notamment à l'ONU, en vue de contribuer à la consolidation du multilatéralisme et de trouver les moyens qui permettent de relever les défis que posent le changement climatique, l'accroissement du phénomène migratoire et le terrorisme transfrontalier», a précisé M. Attaf. 
Sur ce point, l’Algérie, avec son élection au poste de membre non-permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, œuvre inlassablement à examiner avec ses pairs les voies et les moyens de faire bouger les lignes ankylosées par le temps et la nature des défis et menaces d’un autre genre qui se dressent aux contours incertains, et permettre ainsi à l’autre monde majoritaire pourtant à prendre la parole et à décider de son sort à travers une participation représentative et plus équilibrée. 
 
M. T.
 
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Développement durable : Le MAE danois plaide pour la coopération

Le ministre des Affaires étrangères du Danemark, porte-parole des pays nordiques, Lars Lokke Rasmussen, a plaidé en faveur de la coopération entre les pays africains et les pays nordiques, pour réaliser le développement durable et trouver les voies permettant d'instaurer la sécurité et la stabilité dans un monde en mutation en proie aux crises et aux conflits. Se félicitant de l'organisation de la 20e session de la Réunion ministérielle des pays africains-pays nordiques, qu'abrite l'Algérie, M. Lars Lokke Rasmussen a souligné que «dans ce monde en mutation, l'Afrique est une force qui a son poids et son importance, et qui jouit d'une grande diversité, d'où notre présence ici pour explorer les opportunités à même de renforcer nos relations bilatérales».
Le porte-parole des pays nordiques a appelé à des échanges «francs», lors de cette réunion, au sujet des mutations en cours à l'échelle mondiale, jugeant nécessaire de déterminer le rôle incombant à chaque pays pour relever les défis actuels, notamment face aux menaces à la sécurité et à la paix. Parmi ces défis mondiaux, M. Lars Lokke Rasmussen a notamment évoqué la crise en Ukraine et son impact sur la sécurité alimentaire mondiale, la situation au Moyen-Orient et les changements anticonstitutionnels en Afrique.
«Il est impératif que nous relevions ces défis en synergie en vue de réaliser un développement durable», a soutenu l'intervenant, précisant que «les pays nordiques se sont engagés à aider l'Union africaine (UA) à réaliser la sécurité et la paix en Afrique». Dans ce sillage, le ministre danois des Affaires étrangères a fait part de la disposition des pays nordiques à coopérer avec les pays africains dans le domaine commercial et le développement du secteur privé, en mettant à leur disposition tous les outils et moyens nécessaires, appelant à trouver des mécanismes de coopération qui permettent aux pays africains et aux pays nordiques d'aller de l'avant en la matière.

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